Arrestation de proches de Sanogo : Jusqu’où ira le malaise à Kati ?

| 22.08.2013
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Arrestation de proches de Sanogo : Jusqu’où ira le malaise à Kati ?
© DR / Autre Presse
Arrestation de proches de Sanogo : Jusqu’où ira le malaise à Kati ?
Que s'est-il passé à Kati, du nom de ce quartier de Bamako qui abrite la centurie ayant perpétré le coup d'Etat du 22 mars 2011 contre le président Amadou Toumani Touré ?

En moins de 24 heures, la tension est montée d'un cran au sein de l'ex-junte qui donnait jusque-là l'impression de parler d'une même voix. En effet, le colonel Youssouf Traoré, l'un des proches du capitaine Amadou Haya Sanogo devenu général, et bien d'autres militaires ont été arrêtés le 20 août dernier. Pour l'heure, on ignore encore les raisons officielles qui ont prévalu à ces arrestations, mais il se susurre que le colonel Traoré voulait prendre la place de Sanogo. De quelle place parle-t-on ? Le colonel Traoré voulait-il prendre le commandement des troupes de Kati ? Ou bien cherchait-il à déstabiliser Sanogo pour prendre la direction du Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité (CMSRFS) ? En tout cas, le moins que l'on puisse dire, c'est que l'entente n'est plus au beau fixe au sein des bérets verts qui, naguère seulement, se montraient soudés surtout pendant la guerre de positionnement qui les a opposés aux bérets rouges. Au fait, tout se passe comme si la récente promotion de Sanogo a fait des frustrés à Kati, c'est-à-dire dans ses propres rangs. Chose prévisible, d'autant qu'il est difficile de comprendre qu'un « simple » capitaine soit promu au grade de général avec en sus quatre étoiles, pendant que des colonels rasent les murs, s'ils ne sont pas royalement ignorés. A la vérité, les autorités maliennes, il faut le dire, ont commis une erreur d'appréciation en honorant autant un Sanogo qui, quoi que l'on puisse en dire, a été comptable de la situation difficile qu'a vécue le Mali. Jusqu'où ira donc ce malaise créé au sein des troupes, si l'on sait qu'au sein de l'armée, chaque haut gradé a ses hommes ? Comment réagiront les partisans du colonel Youssouf Traoré ? Resteront-ils fidèles à Sanogo ou vont-ils se braquer et exiger la libération de leur mentor ? Autant de questions auxquelles il est difficile d'apporter pour l'instant des éléments de réponse. Toujours est-il que le nouveau président Ibrahim Boubacar Kéita a du pain sur la planche. Car, en plus du dossier de la rébellion touarègue, il lui faudra travailler à réconcilier l'armée qui semble traversée, à tous les niveaux, par de graves dissensions. Cela y va de l'intérêt supérieur du Mali. Car, comment restaurer l'intégrité du pays et lutter contre les djihadistes s'il n'y pas d'harmonie au sein de l'armée ?

 

Peut-être faudra-t-il, comme c'est devenu maintenant la coutume en Afrique, que le président IBK s'octroie le portefeuille de la Défense, le temps de mieux appréhender les motifs du malaise qui fragilise l'armée malienne. Après quoi, il devra, sans trop tarder, voir quel pourrait être le meilleur sort à réserver à Sanogo et envisager une réforme globale de l'armée avec l'appui des forces onusiennes en présence. Faute de quoi, le président IBK se heurtera constamment aux excentricités d'un Sanogo qui, hier seulement, était un obscur soldat et qui, aujourd'hui, se croit tout permis. D'ailleurs, cette nouvelle vague d'arrestations est la preuve que l'homme est toujours présent sur la scène et qu'il faudra toujours compter avec lui.

Boundi OUOBA

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