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RDC: la perpétuité requise à l'encontre du «colonel 106»
Le ministère public a requis la perpétuité pour le Colonel Bedi Mobuli Engangela. Depuis un mois et demi, celui que l'on surnomme le «colonel 106» est jugé pour crimes de guerre et crime contre l'humanité. Des crimes qu'il aurait commis pendant trois ans, entre 2005 et 2007 dans le Sud-Kivu alors que ce commandant de l'armée congolaise avait déserté. Son verdict est attendu dans huit jours dans un procès qui se veut exemplaire pour montrer la capacité de la justice congolaise à juger aussi des hauts gradés.
Perpétuité pour crime contre l'humanité par viol, meurtre et pillage, et 20 ans de prison pour les accusations d'esclavage sexuel. C'est un réquisitoire lourd que l'État congolais a prononcé contre l'un des ses colonels. Il faut dire qu'après un mois et demi de procès, les témoignages à charge ont été nombreux et accablants. Plus de 70 victimes ont témoigné à la barre.
Certaines ont pu fournir des détails précis sur les exactions commises par le colonel Engangela ou encore sur le camp qu'il avait établi avec son groupe armé. Comme cette jeune fille, esclave sexuelle pendant un mois.
Mais le témoignage crucial aura été celui d'un homme surnommé « le Marocain ». Membre du groupe rebelle que dirigeait alors le colonel déserteur, il a reconnu l'attaque et le pillage de certains villages.
En face, le colonel Bedi Mobuli Engangela, toujours droit dans ses bottes et dans son uniforme de colonel, a nié en bloc jusqu'au bout avant de demander tout de même à être condamné pour les seuls actes commis pendant sa désertion afin de pouvoir continuer à servir sous le drapeau congolais.
Ses avocats, eux, ont plaidé l'acquittement. Les témoignages étaient contradictoires selon eux. Surtout, ils ont relevé la détention irrégulière de leur client. Arrêté en 2007, il n'a été notifié des charges portées contre lui qu'en 2011.