Entre autres, se déplacer au pays pour se faire massivement enrôler sur le fichier électoral de leur localité, et pouvoir le moment venu choisir, du moins voter le candidat de son choix. Comme l'annonçait le journaliste écrivain Alexandre Lebel Ilboudo dans son livre «Processus Exclusif» paru en mi-février en Côte d'Ivoire sur les cent jours de la transition au Burkina Faso, à la page 98, « la consigne de vote de la diaspora pour être à la fois une consolation et un élément déterminant dans ce vote qui cristallise déjà les passions ». Vu que cette diaspora entretient de nombreuses familles restées au pays par sa contribution financière.
Ils sont alors nombreux à l'avoir compris qui ont décidé de rentrer au pays se faire enrôler. Discrètement et massivement, du côté du Ghana, du Mali et de la Côte d'Ivoire, on assiste à des déplacements dans ce sens. Ceux qui avaient voulu organiser des convois bruyants pour s'y rendre ont été dissuadés dans cette option par des stratèges. «Pour des gens qui ne souhaitent pas nous voir voter cette année, si nous nous rendons en groupe nous allons attirer leur attention. Dans ce cas on ne sait pas ce qu'ils pourraient encore trouver à redire à la dernière minute», nous a confié un membre de la jeunesse burkinabé vivant à Bamako. En Côte d'Ivoire, c'est aussi le cas en termes de déplacement vers le Burkina Faso. Mais selon certaines indiscrétions, beaucoup de ceux qui se sont déjà fait enrôlé n'ont pas utilisé la carte consulaire biométrique mais la carte nationale d'identité établie au Burkina Faso. On le voit le désir de prendre part à ce vote est vivace chez les Burkinabè de l'extérieur. Du côté des chapelles politiques représentées dans ces pays dont nous nous sommes intéressés, on s'active aussi à aider à l'enrôlement d'un grand nombre de militants. « Le moment venu nous enverrons même des militants battre campagne auprès de nos parents pour notre candidat. L'exclusion ne passera pas », prévient-on. Et dans la foulée, plusieurs opérateurs économiques soutiennent ces opérations qu'on pourrait qualifiées de «toile d'araignée». Mais au-delà, il faut en convenir avec l'auteur du livre «Processus Exclusif» que le report du vote des Burkinabè de l'étranger ne sera pas sans conséquence pour les autorités de la transition et la classe politique.
Faut-il le rappeler le Burkina Faso dispose d'un fichier électoral biométrique depuis 2012 avec un électorat estimé à 4.986.817. Sa révision, à titre exceptionnel, a été entamée depuis le 03 mars dernier et se poursuivra jusqu'au 18 mai 2015.
Jean François Fall