Danielle Bougaïré, DG de la RTB : «Si le président du CDP est nostalgique des privilèges dont il a bénéficié pendant 27 ans…»

| 21.08.2015
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Danielle Bougaïré, DG de la RTB : «Si le président du CDP est nostalgique des privilèges dont il a bénéficié pendant 27 ans…»
© DR / Autre Presse
Danielle Bougaïré, DG de la RTB : «Si le président du CDP est nostalgique des privilèges dont il a bénéficié pendant 27 ans…»
«Plus rien ne sera comme avant !» Cette maxime rendue célèbre par la Transition pourrait résumer la conférence de presse animée dans les studios de la télévision par la direction générale de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB) hier jeudi 20 août 2015. L’ordre du jour portant sur la couverture des activités des partis politiques a consisté en effet à apporter des éclaircissements sur sa conduite à l’opinion publique, car elle est l’objet de plaintes de la part de certains partis politiques et confrères.


Le moins que l’on puisse dire est que lors de sa conférence de presse le 13 août dernier, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) n’a pas été tendre envers la RTB à qui il reproche la non couverture de leurs activités et justement de ladite rencontre. «Je crois que la télévision nationale doit faire des efforts... Personnellement, je me suis présenté à la RTB pour rencontrer le directeur pour lui dire que ce qu’il fait n’est pas bien, ni républicain. Une télévision nationale doit couvrir l’ensemble des activités...Nous nous réservons le droit de poursuivre la télévision nationale si elle continue comme ça et si elle ne couvre pas nos activités...», a souligné le président de l’ex-parti au pouvoir, Eddie Komboïgo. Et le responsable à la communication du CDP, Michel Ouédraogo, d’en rajouter une couche : «Est-ce que vous voyez la RTB à cette conférence de presse ? Elle a été informée en même temps que les médias internationaux et nationaux. J’ai eu le directeur de la TNB au téléphone ; il m’a donné des raisons qui sont justifiables pour lui mais qui ne le sont pas pour moi. Je pense que la TNB n’a pas tiré leçon de ce qui lui est arrivé ! C’est trop facile ; comme on nous a accusés hier de bâillonner les médias publics et aujourd’hui ces mêmes médias publics se trouvent bâillonnés, fermés, décrédibilisés. Il faut que les journalistes soient professionnels et s’assument. Ceux qui ne le peuvent pas n’ont pas leur place dans les médias publics ou privés, car le journalisme est un sacerdoce...»

«Diffamation !»

«Tous les propos tenus ne sont que diffamation et intoxication ! Nous ne boycottons aucune activité d’aucun parti politique», s’est insurgée la directrice générale de la RTB, Danielle Bougaïré, qui a, à son tour, animé une conférence de presse, hier jeudi : «La RTB après l’insurrection fait des efforts pour répondre aux aspirations du public. Nous avons essayé avec nos modestes moyens de donner la parole autant que faire se peut au citoyen, au politique, au gouvernement ainsi qu’à la société civile. On peut nous reprocher de ne pas être parfait mais pas d’avoir l’intention de privilégier quelque parti que ce soit». Déformation professionnelle ou indignation face aux propos qui ont été tenus par les premiers responsables de l’ex-parti au pouvoir, la DG n’a pas manqué de faire un droit de réponse : «Si le président du CDP est nostalgique des privilèges dont il a bénéficié pendant 27 ans, qu’il comprenne que cela n’est plus possible et qu’il doit se conformer aux règles de la république. On n’est pas venus pour aider quelqu’un à gagner ni empêcher quelqu’un de gagner. Et nous rappelons que la RTB est un service public et que par conséquent c’est le contribuable qui paie les casses. Ceux qui appellent à l’incivisme étaient ceux-là mêmes qui ont muselé les journalistes de la RTB, qui sont allés jusqu’à créer des corporations comme «les journalistes CDP». Ils croient qu’il faut toujours claquer le doigt pour qu’on couvre. Non ! Il faut qu’on arrête ça ! Il y a des moments où la RTB reçoit 33 demandes de couverture. C’est les premières qu’on va couvrir.

Et Mme Bougaïré de rappeler avoir placé leur mandat sous le sceau du professionnalisme, et être restés dans cette ligne en optant de travailler « façon transparente avec les acteurs politiques » et dans le respect des règles du Conseil supérieur de la Communication. Pour ce faire, à l’en croire, au début de leur prise de fonction, une correspondance a été adressée aux différents partis politiques leur demandant de fournir leur programme mensuel pour une planification des reportages. Mais un retard de transmission de correspondance de deux mois a été observé au niveau du CDP car les membres du parti étaient injoignables, effets de l’insurrection obligent : «mais il n’y a eu aucune réaction de leur part, préférant passer par les sms et les appels téléphoniques pour annoncer leurs activités. Cependant, les activités de ce parti ont été couvertes même si la sollicitation a été faite à la dernière minute. Lorsque le CDP s’est décidé à se conformer à notre circulaire, la décision du CSC qui n’autorise plus à faire écho des activités des partis est tombée.»

«Tout ça c’est fini !»

C’est le tableau de monitoring complet de couverture des activités politiques par sa chaîne en main que le directeur de la RTB Télé, Ouezzin Louis Oulon, étayera ces propos. On apprendra même que le CDP a été reçu plus de fois que tout autre invité de l’émission «Controverse». Fustigeant une certaine «malhonnêteté intellectuelle» de la part des dirigeants de l’ex-parti majoritaire, il a également fait un étalage de faits liés à ses rapports avec un Eddie Komboïgo, «discourtois au téléphone», qu’il a invité dans son bureau pour un échange en vue d’une meilleure compréhension de leur démarche et de conversations téléphoniques avec Michel Ouédraogo ainsi qu’à son refus de prendre des images de meeting filmées par une caméra privée du CDP : «Tout ça c’est fini ! Qu’est-ce qui prouve que les images ne datent pas de 2012 ? Moi je ne peux pas prendre la responsabilité de demander à un reporter de poser sa voix sur des images d’un meeting où il n’était pas».

Cela valait-il donc la peine de répondre au CDP ? «Bien sûr que Oui !», affirme le directeur de la Radio nationale, Evariste Combary, pour qui il leur fallait communiquer pour éclairer l’opinion publique.

L’occasion faisant le larron, les premiers responsables de la RTB ont également apporté des éclaircissements au sujet des blessés de l’insurrection qui se sont plaints de la non diffusion des images qui ont été réalisées sur eux : «Ces images ont été l’objet d’un documentaire qui paraîtra à l’occasion du premier anniversaire de l’insurrection», ont-ils rassuré. Non sans ajouter : «Ce n’est pas parce que vous avez été filmé le matin que vous vous verrez à l’antenne le soir...»

Hyacinthe Sanou
& Geneviève Yarbanga (stagiaire)

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