Le web français prend un nouveau virage. Hier soir, 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, le FrançaisQwant a lancé officiellement son moteur de recherche Made in France. Dans un paysage totalement dominé par les américains, et notamment par Google, Jean-Manuel Rozan (président) et Éric Léandri (directeur général) ont décidé de proposer une alternative au leader mondial de la recherche internet. Le projet, qui rassemble un effectif de 25 personnes, a bénéficié d'un financement de 2,8 millions d'euros et attend un financement public.
Pour les deux fondateurs, il ne s'agit pas de concurrencer le géant californien. Conscient de la puissance de Google, Éric Léandri a déclaré à l'AFP qu'il faudrait « être fou » pour vouloir le remplacer. « Faire du Google contre Google, ce n'est pas possible, alors autant faire différemment : nous proposons un service différent et une expérience plus ouverte, et qui n'est pas que de la recherche ». Quant au lien avec Bing, le moteur de Microsoft, Éric Léandri a précisé que Qwant disposait de ses propres algorithmes, classements et index. « Nous utilisons Bing pour les photos pour des raisons de coûts » .
Accessible depuis 6 mois en version bêta, le moteur aurait déjà fait quelques scores qui donnent de l'optimisme à ses fondateurs. Ils déclarent avoir accueilli 3,5 millions de visiteurs uniques qui ont généré 225 millions de requêtes, soit, près d'un million par jour. Mais ce qui donne le plus d'espoir à l'équipe de Qwant est le temps que les internautes passent sur le site.« Ils restent en moyenne 6 minutes 13 ce qui veut dire que les internautes restent sur le moteur et ne l'utilisent pas seulement comme une page d'entrée du web, comme Google. »
Sur Qwant, "les internautes peuvent rester anonymes"
Mais, pour le directeur général de l'entreprise, la différence proposée par Qwant va surtout reposer sur les données personnelles. En plein scandale PRISM qui a révélé une coopération discrète entre l'État Américain et les grandes entreprises du web, l'utilisation des données personnelles est un sujet sensible. « Le Net a promis d'offrir aux internautes le savoir et le pouvoir et désormais, on se rend compte que ce n'est que barrière et obscurité. Notre moteur de recherche n'épie pas, ne traque pas et permet aux internautes de rester anonymes. »
« Nous sommes cookies-free », lance Eric Landri avant d'expliquer cette notion : « Tout ce que l'on a sur vous, c'est ce que vous avez posté publiquement en-dehors de Qwant », assure le dirigeant. « Si vous vous connectez sur Facebook ou Twitter, les informations affichées sur ces réseaux pourront être utilisées pour rendre les réponses plus pertinentes ». Par ailleurs, les fondateurs du moteur proposent de donner à l'internaute la liberté d'effacer ses données et de ne conserver que celle qu'il veut rendre publique.
Enfin, les dirigeants veulent vraiment jouer la carte de la transparence et s'engagent à publier chaque trimestre les statistiques de requêtes ainsi que les remarques et suggestions proposées par les internautes.
Le moteur de recherche est la première étape d'un projet plus ambitieux. La prochaine sera de développer des applis sur l'ensemble des plateformes (iOS, Android et Windows). Actuellement, l'accès au moteur depuis les appareils mobiles se fait avec une WebApp. Mais, surtout, un service de musique devrait faire son apparition avant la fin de l'année. La société négocie actuellement des accords avec les ayants-droits pour Qwant Music. Les dirigeants envisageraient ensuite de développer plusieurs services comme un navigateur et un service mail.
