Et cette Révolution, qui est venue de la bouche même du ministre des Sports et des Loisirs, le colonel Yacouba Ouédraogo, tient en quelques phrases. Jugez-en-vous-mêmes : «Dès le prochain championnat, les 20 joueurs retenus par chaque club de la D1 seront rémunérés par le département en charge des Sports.» Selon lui, c’est dans le souci de rendre le championnat professionnel, et cela passe par un salaire pour chaque joueur.»

A la bonne heure ! Car c’est un véritable cadeau offert par les pouvoirs publics aux sportifs concernés par la mesure, lesquels pourront désormais jouer sans le moindre souci et se consacrer pleinement à ce qui sera désormais leur gagne-pain pour ne pas tendre la sébile devant la porte de tel ou tel dirigeant. Sans savoir pour le moment combien chaque joueur touchera, on ne doute pas un seul instant que cela constitue une source de revenus.

Et là, plus d’excuse pour ne pas sortir le beau jeu comme on en a vu lors du mondial 2014 au Brésil. Naturellement, cela signifie dans le jargon du foot qu’il faut engranger les résultats que l’employeur attend pour que les pouvoirs publics n’aient pas après le sentiment d’avoir jeté l’argent par la fenêtre.

On a l’impression qu’on veut en finir avec le footballeur râlant après sa carrière pour n’avoir pas su garder une poire pour la soif. C’est aussi une bonne nouvelle pour la CNSS, qui va accueillir de nouveaux cotisés, bien sûr si on y pense.

La professionnalisation pour donner un sérieux coup de fouet à un championnat qui n’attire plus grand monde dans les différents terrains du pays, avouons que c’est un coup de pouce qui mérite d’être salué et même encouragé. Mais force est de reconnaître que ce qui est valable pour le sport-roi doit l’être aussi pour les sports dits mineurs. Et c’est là que le bât blesse. C’est vrai que l’initiative ministérielle est imparable, mais et les autres disciplines dans tout ça ? Faut-il penser que cela ne manquera pas de faire grincer bien des dents chez d’autres compétiteurs ? En effet, si la boule de cuir en a eu la primeur, qu’en sera-t-il des autres championnats ?

Pour le moment, on n’en pipe pas mot même si on sait que les disciplines sportives ne se limitent pas au seul foot. Tout au contraire, on en dénombre une multitude comme les partis politiques, et certaines font honneur aux couleurs nationales. On peut citer, entre autres, l’athlétisme, le cyclisme, le hand-ball, la boxe, le vovinam viet vo dao qui nous ont procuré récemment des lauriers. Mais allons-nous vite en besogne ? En attendant de voir ce que nous réserve encore le colonel Yacouba Ouédraogo, c’est vraiment une Révolution qui est en marche dans le domaine du sport et pourvu que les résultats soient à la hauteur des attentes.

 
H. Marie Ouédraogo