Lassina Sawadogo, entraîneur de football et formateur à FOGEBU
« C'est l'équipe qui va gérer le mieux le premier quart d'heure de jeu qui va s'en sortir avec un résultat positif »
« Le match du 19 novembre 2013 qui va opposer l'Algérie au Burkina sera un match difficile pour les deux équipes. A mon avis, c'est l'équipe qui va gérer le mieux le premier quart d'heure de jeu qui va s'en sortir avec un résultat positif. Le Burkina peut décider de jouer défensif en première mi-temps ; c'est une option. Ce qui est sûr, les Algériens vont attaquer parce qu'ils ont un retard d'un but. Le Burkina peut également décider de jouer et d'exercer un pressing haut, de commencer à chercher le ballon dans la défense algérienne, de prendre le ballon plus haut et de défendre plus haut. Il n'y a pas beaucoup de scenarii qui vont se présenter. Les Algériens vont attaquer parce qu'ils ont un retard. Mais ce que le Burkina peut faire, c'est de défendre selon une planification. On peut défendre 10 minutes et attaquer 10 minutes, mais l'objectif algérien sera très clair : rattraper le retard. »
Drissa Malo Traoré dit Saboteur, entraîneur, ancien sélectionneur national
« Ils vont prendre beaucoup de risques, ce qui peut nous avantager »
« Les matches retour sont généralement faciles à jouer contrairement à ce que beaucoup de gens pensent. Et quand on joue chez soi, il y a la pression de l'environnement. L'environnement est tel que vous voulez bien faire pour la famille, pour les amis, les dirigeants, le public... Cela fait que, dès qu'il y a une petite situation de raté, vous êtes crispé. A domicile, vous êtes obligé d'attaquer à outrance, ce qui met à découvert les arrières-garde. Cela rend les matches à domicile plus difficiles à gérer que ceux joués à l'extérieur. Quand on joue à l'extérieur, on ne cherche pas la qualité du jeu ; on cherche l'efficacité et la force mentale. Si vous avez l'efficacité et la force mentale et si vous êtes bien en place tactiquement, vous pouvez gérer votre match et avoir un bon résultat. Nous allons à Blida et les Algériens vont attaquer. Ils vont même peut-être jouer avec quatre attaquants ou avec cinq milieux de terrain. Ils peuvent se retrouver à attaquer avec sept joueurs en phase offensive et trois joueurs seulement en défense. Ils vont prendre beaucoup de risques, ce qui peut nous avantager. Si nous savons poser le jeu, si nous avons notre bloc-équipe qui est bien au point, des contre-attaques, nous pouvons marquer des buts facilement. C'est un couteau à double tranchant. Autant ils vont attaquer, autant ils vont garnir leur milieu de terrain avec au moins cinq milieux de terrain. Ça, j'en suis sûr. Je connais les Algériens. Quand je jouais en équipe nationale, j'ai joué contre l'Algérie et, étant entraîneur de l'équipe nationale, j'ai joué contre l'Algérie en novembre 2006 à Marseille où nous les avions battus 2 buts à 1. Donc, je les connais bien ; ce sont des gens qui aiment le football en mouvement. Or, aujourd'hui, notre équipe est beaucoup expérimentée ; nous avons de grands milieux de terrain, des attaquants qui peuvent non seulement créer le danger au plan offensif, mais qui peuvent revenir au milieu de terrain pour créer la densité. Je veux parler, par exemple, de Razack, de Bertrand, de Pitroipa... Donc, nous avons des joueurs qui ont cette capacité de réagir. Au niveau de la défense, si Bakary Koné est rétabli à 100% et il prend l'axe central, je crois qu'il n'y aura même pas d'inquiétude. L'Algérie n'est pas plus forte que le Burkina. Vous avez vu l'équipe jouer ici ! C'est parce qu'il y a eu des situations où nous avons pris des buts qu'il ne fallait pas. Ce n'est pas parce qu'ils nous ont dominés. Sinon, ici, c'était un match de 3 à 0 ! Le corner qu'on prend, c'est un corner d'inattention. Et au moment où on prend l'autre but, nous avions un joueur dehors et ceux restés sur le terrain n'ont pas eu le temps nécessaire pour garder le ballon et permettre à l'autre de revenir. Ils ont attaqué à outrance comme si on jouait à onze. Donc vous voyez, ce sont de petits détails qui ont fait que les Algériens ont marqué des buts ici, sinon ce n'est pas par rapport à leur domination. Au contraire, c'est nous qui dominions et c'est la même chose qui va se passer chez eux. Nous avons un bloc d'équipe ; nos joueurs ont déjà l'expérience de la CAN d'Afrique du Sud. Ils savent comment gérer les grandes compétitions. En plus, ils savent comment voyager. Nous sommes allés au Congo, en Centrafrique à un moment donné, au Gabon. Ils savent maintenant comment gérer les matches de grandes tensions. Souhaitons seulement que tous les joueurs soient en bonne santé. Si les joueurs sont en bonne santé et qu'il n'y a pas de blessés, je n'ai pas d'inquiétude. Notre mauvais match sera un match nul, sinon on doit gagner. »
Moussa Sanogo dit Falcao, entraîneur de l'USFA
« Peu importe ; l'issue de ce match ne doit pas freiner cette dynamique »
« Naturellement, c'est un match qui sera difficile. Vu les résultats du match aller, il faut s'attendre à un match difficile au retour. Mais l'essentiel a été fait. Il fallait tout faire pour ne pas perdre à Ouagadougou. Nous avons une avance d'un but et l'Algérie est obligée de gagner pour espérer se qualifier. Or, nous, nous pouvons nous contenter d'un match nul pour nous qualifier. C'est un match qui sera ouvert et je pense que des cinq matches, c'est le plus ouvert. C'est-à-dire que c'est là où c'est vraiment indécis. C'est à nous de saisir notre chance, de savoir jouer tactique, de savoir jouer intelligent et aussi de contenir surtout la pression parce que la pression va monter mardi. Je pense et je souhaite que nous allons faire un match nul avec des buts. Pour se qualifier, il faut que nous marquions des buts là-bas. Mais je m'attends plus à un match nul. Vu notre potentiel offensif, et au regard du nombre d'absents probablement en vue, côté algérien, je pense que nous pouvons marquer là-bas. C'est à nous de pouvoir contenir les assauts de l'adversaire et d'exploiter les chances qui vont se présenter à nous. On ne peut pas jouer sans occasion de but ; il faudrait que nous arrivions à exploiter cela. Je n'oublie pas également que nous sommes en foot, nous sommes actuellement sur une bonne dynamique et là, je parle du Burkina de façon générale. Peu importe l'issue de ce match, il ne doit pas freiner cette dynamique. C'est mon souhait le plus ardent, que nous continuons à travailler pour sortir notre football de cette léthargie qu'il a connue depuis fort longtemps. Le match est jouable en tant que Burkinabè et en tant que technicien. La victoire, pourquoi pas. Mais je mise plus sur un match nul vu la pression que les Etalons aussi auront parce que, jouant à l'extérieur, ils sont obligés de gagner. Mais si nous arrivons à concrétiser très tôt, je suis sûr que la pression va changer de camp. »
Ousmane Savadogo, directeur technique national de football
« La grosse faille, à notre avis, de cette équipe algérienne, c'est son bastion défensif »
« A la lumière du match aller, nous percevons ce match retour avec beaucoup d'optimisme et d'espoir. C'est vrai que nous aurions aimé avoir une marge beaucoup plus large à l'issue du match aller. Techniquement, quand nous analysons, à l'aller, l'Algérie était venue pour défendre afin de limiter les dégâts. C'est de bonne guerre. Mais lorsque vous vous rendez compte qu'à la fin, les Etalons ont marqué trois buts, cela dénote quand même d'une certaine fébrilité au niveau de la défense algérienne. Même avec les Etalons, nous avons vu des adversaires réduire les espaces si bien qu'il était très difficile de marquer un but. Avec cette équipe algérienne, nous avons vu qu'il y a une façon de se comporter surtout pour nos joueurs de la ligne d'attaque qui permettaient de créer le danger et d'avoir des occasions de but et de les concrétiser. Nous avons eu beaucoup d'occasions, mais nous n'en avons marqué que trois. Quand on a en objectif de défendre, d'empêcher de marquer et on encaisse trois buts, cela fait montre d'une certaine insuffisance. Nous nous sommes dit que si l'équipe algérienne doit attaquer pour espérer marquer, cela va ouvrir des brèches derrière. Il suffit, à nos joueurs, de croire en leur chance, de profiter de ces failles, d'aller surtout balle au pied, de provoquer la défense algérienne et ils pourront changer le cours du match. Voilà donc une raison technique, objective de croire et d'être optimiste quant à l'issue de ce match. Maintenant, il ne suffit pas de se présenter sur le terrain pour gagner ; il faut se battre tout en exploitant les failles de l'adversaire et la grosse faille, à notre avis, de cette équipe algérienne, c'est son bastion défensif. Vous avez vu que l'essentiel de leur jeu offensif était basé sur des balles arrêtées ! Nous avons des raisons objectives d'être optimiste. Le reste, ce sont les circonstances du match. Est-ce que les joueurs seront libérés pour exploiter les failles de l'adversaire et jouer selon nos qualités naturelles, notre engagement traditionnel... ? »
Moctar Ben Hamed Barro, entraîneur des U-17 du Burkina Faso
« Nous avons un entraîneur très rusé »
« Comme tous les Burkinabè, je ne m'attends pas à un match facile. A la lumière de ce qui s'est passé à l'aller, nous avons vu une équipe de l'Algérie très technique avec de jeunes joueurs qui jouent à un très haut niveau et avec une bonne disposition tactique et qui savent gérer ce genre de compétitions. Mais ils ont en face une équipe du Burkina qui est dans une bonne dynamique depuis un certain temps. Cela constitue une force pour nous et notre équipe peut surprendre à tous moments. Je vois cinquante/cinquante. Si nous arrivons à négocier un très bon regroupement défensif et à empêcher cette équipe de jouer, elle va s'énerver, car elle est sur son terrain. Il faut noter que cette équipe d'Algérie est prometteuse, mais elle a raté pas mal d'occasions, c'est-à-dire qu'elle n'a rien prouvé. Donc elle a cette pression et nous pouvons utiliser cela afin d'obtenir quelque chose. Moi, j'y crois et quand vous regardez la liste de l'entraîneur, vous constatez qu'il y a plus de joueurs défensifs et c'est une chose normale ; ce match, il faut le gérer tactiquement. Nous avons un entraîneur très rusé et qui a l'habitude des grandes compétitions au regard de son passé et de ce qu'il a fait à la CAN. Il a beaucoup d'astuces. Je crois que nous allons profiter de l'espace qu'ils vont laisser derrière. Ils ont un but à remonter et seront obligés d'attaquer. Nous avons des joueurs qui vont très vite et qui savent porter le ballon tel que Pitroipa ; des gens qui savent jouer en profondeur quand on défend tel que Charles, Alain Sibiri qui a une bonne précision dans le pied. Nous avons donc des atouts pour gagner mais ce ne sera pas un match facile. »
Ismaël Compaoré dit Lato, entraîneur de football
« C'est vrai qu'on joue à l'extérieur, et qu'on est défavorisé par rapport à cela »
« Je pense que c'est un match ouvert pour les deux équipes. On a toujours cinquante/cinquante. C'est vrai qu'on joue à l'extérieur et on est défavorisé par rapport à cela ; mais les Etalons se sont bien comportés ces derniers temps à l'extérieur. L'Algérie est une très bonne équipe, certes, mais ce n'est pas une foudre de guerre. Elle n'a pas une très forte efficacité devant. Donc, à nous de jouer et d'essayer de marquer beaucoup de buts là-bas. Nous serons acculés mais il faut résister aux assauts des
Algériens dans les 15-20 premières minutes et ensuite essayer de se projeter devant pour essayer de marquer un ou deux buts. Ça peut être aussi deux buts partout et les Etalons seront qualifiés. »
Propos recueillis par Boureima DEMBELE