Quel bilan tirez-vous du déroulement du championnat de cette année. Etes-vous satisfait ?
En tant que président de la Fédération, je suis satisfait du déroulement de nos différentes compétitions. Parce que vous n’ignorez pas que nous sommes dans un pays aux ressources assez limitées. Dans ces conditions, pouvoir conduire à terme un championnat relève déjà presque de la gageure. Nous avons organisé les championnats de 1ère, 2e et 3e division masculine, nous avons conduit la coupe du Faso à son terme, nous avons organisé le championnat de football féminin des 1ère et 2e divisions et enfin au niveau des petites catégories nous avons organisé les championnats nationaux des minimes, des cadets et des juniors. Donc, nous pensons que sur ce plan déjà, on peut s’estimer satisfait.
Le championnat de petites catégories a commencé tard, ce qui n’a pas permis aux joueurs d’être en jambes avant le regroupement des Etalons. Qu’est-ce qui s’est passé cette année pour ces catégories ?
Au niveau des petites catégories, d’ailleurs c’est général, je vous assure que bien que nos textes soient suffisamment explicites en matière de traitement des licences, les clubs traînent toujours les pieds pour plusieurs raisons. Il faut plusieurs rappels de la structure fédérale, ce qui fait qu’il y avait des difficultés à démarrer le championnat à bonne date. L’éternelle question financière se pose aussi pour les petites catégories. Un club qui est engagé en première division, qui a une équipe féminine, qui a également les petites catégories, certainement que ce club va essayer de régler les problèmes les plus urgents, si bien que lorsqu’on veut commencer le championnat de petites catégories, on nous dit qu’on n’est pas encore prêt. Nous essayons tant bien que mal de comprendre les difficultés de nos clubs.
Quand vous vous retrouvez avec une grande majorité des clubs qui demande à ce qu’on repousse le délai de traitement des licences, très souvent ce n’est pas lié à un problème de la fédération. On a tellement prolongé que lorsque la majorité des clubs était prête à démarrer le championnat on nous a rétorqué que c’est la période des examens ; il vaut mieux attendre la fin des examens parce que la plupart des joueurs de petites catégories sont des élèves. C’est un peu les difficultés réelles que nous avons sur le terrain. Mais il va falloir véritablement taper du poing sur la table pour dire qu’il y a une période unique de traitement des licences. Il ne faut pas que malgré notre magnanimité, qu’on arrive à des situations déplorables. Quand nous sommes arrivés à la Fédération, nous avons trouvé qu’il n’y avait pas de championnat de petites catégories qui étaient organisés. On s’est rendu compte que c’était un problème financier. Nous avons dit que la relève était un point important et il faut que nous organisions tant bien que mal un championnat de petites catégories. Nous avons commencé dès la première année du mandat et nous avons continué. Nous ne sommes pas encore véritablement satisfaits, mais entre deux maux il faut choisir le moindre et nous avons pensé qu’il vaudrait mieux donner de la compétition à ces enfants parce qu’ils sont nombreux et attendent la compétition. Nous préférons cela même si c’est bancal que de ne pas du tout organiser. Si les acteurs du terrain ne jouent pas franc jeu nous pensons qu’il y a lieu de s’asseoir et de repenser toute cette politique de relève.
A la dernière année de votre mandat monsieur le président, vous avez innové en mettant en place une coupe pour les équipes de D3. Pourquoi cette innovation en fin de mandat ?
Vous savez, les jalons se posent progressivement et ceux qui nous font ces critiques seraient bien inspirés de se dire que quand nous arrivions à la fédération, il n’y avait pas de compétition pour les D3. C’est un problème de moyen financier dans notre pays et cela est très réel. Quand nous avons multiplié ces compétitions, nous avons eu pas mal de petits soucis d’ordre technique (manque d’arbitres). Nous avons également des problèmes d’infrastructures parce que nous n’avons pas beaucoup de stades et si les compétitions se multiplient, on a des problèmes de programmation des matchs. Cela traduit l’état d’arriération de notre pays sur le plan économique. C’est des réalités incompressibles mais nous disons que c’est déjà fondamentalement le manque de moyens qui faisait qu’il n’y avait pas du tout de compétition pour la 3e division. Nous sommes venus rattraper ce retard en instaurant d’abord pour la 3e division. Chemin faisant, il nous a paru opportun d’organiser une coupe du Faso à leur niveau.
La formule actuelle du championnat de D2 qui compte 32 clubs fait couler beaucoup d’encre et de salive ; est-ce que ce système vous donne satisfaction ?
Bien évidemment si vous demandez si je suis satisfait, je dirai non ! J’ai coutume de dire que le football c’est une famille, et comme vous le savez l’assemblée générale est l’instance suprême, l’instance décisionnelle de la FBF. Nous avons tous les clubs qui se retrouvent, toutes les structures affiliées et nous débattons ouvertement des problèmes. Ce n’est pas l’exécutif qui décide de tout, il fait des propositions et l’AG entérine ou n’entérine pas. Dans ce cas d’espèce, c’est la résolution de quelques problèmes qui s’étaient posés au niveau de la 3edivision qui nous a malheureusement conduit à cette situation où nous nous retrouvons avec une pléthore de clubs en D2. Ces problèmes avaient déjà commencé dans les années 2010-2011 et on était obligé d’augmenter le nombre de clubs ; ce qui nous conduit à adopter une formule de championnat à deux pools. Ce n’est pas facile, mais nous allons une fois de plus regarder ce qui a marché et ce qui n’a pas marché. 32 équipes c’est trop lourd à gérer financièrement.
Cette année, l’AS Police et le RAHIMO FC montent en première division, ce qui augmente le nombre de clubs de Ouagadougou et de Bobo au détriment des clubs des autres régions. Est-ce qu’à l’avenir ce système ne va pas engendrer de problème ?
Lorsqu’on arrivait à la FBF, après avoir fait un diagnostic de notre football, nous avions pensé que le football se veut national et nous avons souhaité qu’on puisse arrêter une formule de championnat qui garantisse la présence d’un certain nombre d’équipes de l’intérieur, plus Ouaga et Bobo. Mais lorsqu’on a posé le problème à l’AG, nous avons démocratiquement été battus. C’était ma proposition personnelle. Et comme l’assemblée générale est souveraine, quand elle a tranché nous devons forcément nous conformer. Avec les résultats, peut être que la position va changer parce que ce n’est pas évident de se retrouver avec 9 ou 10 clubs de Ouaga en première division et 3 ou 4 au niveau de Bobo. Et si vous ajoutez Koudougou qui est proche de Ouaga et Banfora qui est proche de Bobo, c’est tout comme on avait un championnat qui se réduit à Ouaga et Bobo. Nous pensons que cela nous interpelle et devrait interpeller l’ensemble des acteurs de notre football pour qu’on se penche sérieusement à nouveau sur le sujet.
Vous avez évoqué les difficultés financière et on se rappelle que le ministre avait proposé de prendre en charge les joueurs salariés de D1 et D2. Qu’est-ce que vous pensez de cette politique qui a presque échoué ?
Echouée ! C’est un peu trop dire. Une mission conjointe de la FBF et du Fond national pour la promotion des sports et des loisirs a fait une tournée - bilan de la gestion de la bourse. Le constat général qui se dégage est que, contrairement à ce que l’on peut penser, la bourse a apporté beaucoup d’émulation au niveau de notre football, particulièrement au niveau de la 2e division. Lorsque vous semblez dire qu’il y a eu un échec relatif, vous n’avez pas tort. C’est au niveau de la gestion. En fait c’est dû à la faiblesse des ressources financières de nos clubs qui sont confrontés à des difficultés multiformes. Quand ils ont l’occasion d’avoir de l’argent, ils le prennent pour parer au plus pressé. C’est ce qui s’est posé comme difficulté et cela a donné droit à des plaintes de toute nature.
Nous avions souhaité au départ que l’Etat puisse prendre en charge les salaires de certains joueurs parce que quelqu’un qui n’est pas motivé ne peut pas donner le meilleur de lui-même et l’un des éléments de motivation c’est évidemment les salaires. Le football est devenu un métier.
Nous avons constaté malheureusement que beaucoup de clubs et non des moindres au niveau du championnat n’arrivent pas à payer les joueurs. Nous allons travailler à ce que nos clubs soient bien outillés en matière de gestion des ressources financières qui leur sont attribuées. En tout état de cause, vous ne trouverez pas un seul club bénéficiaire de la bourse qui s’en plaigne. Ils sont tous unanimes que ça produit des effets. Si on s’accorde pour bien corriger certains aspects, ça peut être beaucoup plus bénéfique.
La politique de la fiscalité dont notre pays s’est inspiré auprès de la Côte d’ivoire n’est-elle pas bien adaptée par rapport à celle de la bourse ?
Dès son arrivée à la tête de notre football, le comité exécutif que je préside avait pris son bâton de pèlerin pour discuter avec les autorités de notre pays et cela n’a pas été fait en catimini. C’était en présence de la presse. Nous avions la problématique du financement de notre football en particulier et du sport en général. Nous avions tenu à rendre hommage à nos devanciers, notamment le ministre des Sports, Jean-Pierre Palm qui avait diligenté une mission en Côte d’Ivoire pour étudier de près la question de la fiscalité qui a permis le développement des sports en Côte d’ivoire. Ayant eu connaissance de ce dossier, nous avons soumis ce projet à nos autorités pour nous aider à aller dans le sens de la parafiscalité. Il y a eu beaucoup d’évolution pour arriver finalement à cette question de bourse. Nous disons que c’est bien, mais comme on le dit de façon profane, ce n’est pas arrivé. Nous avons relancé à nouveau la question de la parafiscalité, c’est quelque chose qui nous tient à cœur et nous avons envoyé en mission en Côte d’Ivoire auprès de la FIF, le 3e vice-président en charge des équipes nationales pour discuter autour du financement du football en Côte d’Ivoire. Quand il a produit son rapport, nous l’avons immédiatement soumis à monsieur le ministre des Sports et des Loisirs. Nous pensons que ça pourrait venir, non pas en remplacement de la bourse, mais en complément de la bourse et booster le secteur du sport.
Vous avez mis en place dès votre arrivée à la tête de la structure fédérale, un comité de gestion des litiges. Est-ce qu’il vous a satisfait ?
Il ne faut jamais rêver faire disparaître les incompréhensions au niveau du football. Ce n’est pas possible. C’est la faculté à les surpasser qui détermine la qualité du leadership. Quand vous regardez la justice de façon générale, comment est-elle organisée ? Dès lors qu’on prend conscience que nous sommes des hommes, nous avons nos limites. Seul Dieu peut rendre un jugement infaillible. Pour la justice, nous avons aménagé des voies de recours. C’est pour dire que les premiers juges qui rendent une décision n’étant pas infaillibles, ils peuvent se tromper. C’est pour cela qu’il existe des voies de recours et le plaideur insatisfait peut aller en appel. S’il n’est toujours pas satisfait, il peut aller éventuellement en cassation. Au niveau du football, c’est cela qui est copié. Le club qui n’est pas satisfait peut saisir la ligue qui organise la compétition. Cette ligue examine et prend des décisions. Et si le club qui a posé sa plainte n’est pas satisfait, il doit pouvoir former un recours. Mais cela ne veut pas dire que la ligue s’est fourvoyée, non elle a interprété les dispositions à sa manière. Si seulement le club demandeur n’est pas satisfait et il élève son recours, on regarde, on apprécie et une commission exclusivement constituée de magistrats statue. S’il y a encore problème, il existe un recours ultime qui peut être envoyé au président de la Fédération, qui en tant que garant de la stabilité de nos structures sportives, peut prendre des mesures d’apaisement pour ne pas aller à des situations regrettables. Je tire mon chapeau à nos différentes structures sportives qui, de mon point de vue, n’ont absolument pas démérité dans l’organisation des différentes compétitions mais aussi dans la gestion des litiges survenus.
Durant votre mandat de quatre ans, on a vu nos clubs participer aux compétitions au plan international et on a remarqué que ça n’a pas totalement bougé. Quelle explication donnez-vous à cela ?
J’ai envie de dire que c’est une continuité ! Quand nous arrivions, la situation n’était pas différente. Nous avons essayé d’apporter des solutions. Nous avons accompagné les clubs qui participaient. Mais la Fédération ne peut pas se substituer aux clubs. Il faut qu’ils s’organisent très bien et qu’ils soient beaucoup plus ambitieux. Le développement récent montre qu’il y a des motifs d’espoir. Quand nous regardons la façon dont un club comme le RCK s’est rigoureusement organisé pour remporter le championnat, mais également la coupe du Faso, cela nous donne des motifs d’espoir. Je crois que l’organisation que j’ai perçue dans ce club augure de lendemains meilleurs pour les prestations futures aux compétitions africaines. Notre Fédération a fait beaucoup plus que ce que les autres comités exécutifs faisaient vis-à-vis des clubs. Ce n’est pas suffisant, mais nous sommes toujours disposés à apporter cet accompagnement et pourquoi pas à l’améliorer en fonction des clubs qui participent en campagne africaine.
Vu l’échec des équipes cadette et junior, est-ce qu’il faut changer de formule pour qu’elles puissent se qualifier aux phases finales de la CAN de leur catégorie ?
C’est un échec collectif. Nous avions même à l’époque, dans le contrat des entraîneurs des petites catégories, fixé une obligation de résultat. Il faut ensemble s’organiser pour chercher des solutions. Je ne prétends pas avoir une solution miracle. Nous avons forcé pour organiser des championnats de petites catégories qui n’existaient pas. C’était pour permettre aux enfants de jouer et permettre aux entraîneurs des petites catégories d’aller puiser à ce niveau. Mais le problème qui se pose c’est que certains clubs qui participent à ces championnats ne respectent pas les critères d’âge et sont plus attirés par les résultats. Si on veut une relève assurée, il faut que dans les petites catégories on respecte les âges, il s’agit de construire l’avenir. Pour ne prendre que la CAN des cadets, quand vous êtes engagés, l’IRM est obligatoire et chaque fois nous prenons des supposés cadets et on a toujours un fort taux d’échec au test IRM. Ce n’est pas très sérieux. Nous avons l’ambition de regarder les centres de formation, qui sont censés être nos partenaires et ne peuvent exister que lorsqu’ils peuvent donner un apport au développement du football. Nous pensions qu’en organisant les championnats de petites catégories, nous allions pouvoir mettre à la disposition des entraîneurs des petites catégories des joueurs aguerris. Malheureusement cela a été faussé, les gens ne respectent pas les critères d’âge. Il faut qu’on se mette tous ensemble pour tirer notre football vers le haut. C’est pratiquement une honte que nos équipes ne puissent pas participer aux phases finales des compétitions de leur catégorie au niveau continental.
Pour le recrutement des entraîneurs, il n’y a pas longtemps vous avez mis en place une commission qui a pu choisir des entraîneurs pour les différentes catégories. Pour les seniors vous avez estimé que le casting n’a pas été bien fait. Est-ce que ce système a montré ses failles et qu’il faille le changer pour avoir des entraîneurs très compétents pour nos équipes ?
Personnellement, je pensais qu’on avait la formule la plus incontestable car nous avons une équipe plurielle, composée de la DTN, d’un membre fédéral et des anciens internationaux. La réalité est là : on prend des enfants qui ne sont pas en réalité des enfants. Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ? Du recrutement de l’encadrement de l’équipe des seniors, j’ai fait mon mea culpa. J’avais mis en place une commission pour recruter l’entraîneur. Cette commission a fait un travail, nous sommes arrivés à la phase entretien oral avec les différents candidats présélectionnés avant de prendre la décision. Quelqu’un comme G. ROHR nous a tous séduit ; j’ai assisté à la phase entretien au côté du comité de sélection. Par son talent oratoire, il était au-dessus du lot. Mais sur le terrain on a vu qu’il y avait des difficultés. Face à cela nous nous sommes dit que ce n’était pas une bonne chose d’aller vers les voies de l’entretien oral. On va regarder les résultats de l’intéressé et son passé. C’est ce qui a fait que pour Paulo Duarte, personnellement, j’ai dit qu’il y a pas beaucoup de discutions il a fait ses preuves au Burkina.
A la fin de votre mandat, la promesse d’un car aux étalons n’a pas encore été tenue. Est-ce qu’elle est toujours d’actualité ?
Bien sûr ! Ne serait-ce que pour la fierté nationale, il faut bien qu’on ait un car. Quoi qu’on dise les Etalons représentent une part de la fierté nationale et ils méritent un car aux symboles nationaux. Le ministère donnait un car pour le transport des Etalons, mais ce car était vraiment fatigué. Connaissant les difficultés auxquelles nos clubs sont confrontés, je n’étais pas prêt à mettre 100 millions pour l’acquisition d’un car neuf. C’est souhaitable si nous avons les moyens. Personnellement j’avais laissé tomber parce que j’avais demandé au ministère de faire une inscription budgétaire pour qu’on puisse progressivement acquérir le car mais, avec les difficultés, on n’est pas arrivé là. Une structure nous a proposé un car d’occasion à 31 000 euros un peu plus de 20 millions). Mais malheureusement, quand il est arrivé il ne répondait pas à nos critères. C’est une expérience douloureuse. Cela témoigne simplement de ma volonté de faire tout pour que les Etalons soient dotés d’un car à la hauteur des ambitions que nous leur assignons. Je n’ai pas du tout renoncé à cela. Dans un avenir proche, peut-être plus proche que vous ne l’imaginez, on aura un car.
Vous avez multiplié les approches et beaucoup de structures sont venues soutenir les Etalons depuis la 2e place à la CAN 2013. Quel bilan faites-vous de ces accompagnements des structures partenaires ?
Dans un pays comme le Burkina Faso, l’Etat seul ne peut tout faire. Les besoins dans le football sont immenses. Sans l’accompagnement des partenaires, certainement qu’on n’aurait pas pu organiser nos différentes activités. Nous avons plusieurs compétitions que nous arrivons à conduire à bon port. Evidemment, ce n’est pas nous qui finançons toutes ces activités. Nous avons des partenaires grâce à qui nous arrivons à organiser nos activités, nous n’avons pas besoin d’attendre l’accompagnement de l’Etat. Permettez-moi de remercier tous ces partenaires-là que nous avons orientés en fonction de nos différentes compétitions. L’équipe nationale a un partenaire officiel et il y a d’autres. Nous cherchons à multiplier nos partenaires et ce n’est pas une vision nouvelle. Dans les autres fédérations, partout ailleurs y compris la FIFA elle-même multiplie les recherches de partenaires parce que les besoins du football sont immenses.
Au Burkina Faso, il y a des difficultés à convaincre les binationaux à rejoindre les seniors. Avez-vous mené une politique dans ce sens ? Est-ce qu’elle porte fruit au vu des nombreux joueurs perdus qui auraient pu jouer pour le Burkina ?
Ce n’est pas un problème qui est propre au Burkina Faso. Tous les pays du monde se battent pour attirer les binationaux avec des fortunes diverses. A notre niveau nous avons pu convaincre des jeunes comme Steeve Yago qui n’avait jamais mis les pieds au Burkina, Bouba Saré, né de parents ivoiro-burkinabè. Même si on se limite à ces deux cas, en réalité ils sont nombreux. C’est une démarche patiente qu’il faut avoir pour convaincre un joueur. En la matière, un effort supplémentaire ne serait pas de trop. Tous ceux que vous répertoriez comme binationaux, vous pouvez être certains que le comité exécutif a fait des approches à leur endroit. Nous n’hésitons pas à mettre à contribution les joueurs actuels de l’équipe nationale. Notre objectif, c’est d’attirer aux Etalons les meilleurs talents.
Comment qualifiez-vous vos rapports avec les hommes de presse durant votre mandat ?
Moi, je me bats résolument pour la vérité, rien que la vérité. Cela peut heurter certains. Je ne prends pas de gants, je ne prends jamais de liberté vis-à-vis de la vérité et j’ai mes convictions que je défends vaille que vaille. Je peux avoir tort, mais je n’ai pas honte de venir dire que je m’étais trompé. Tous les hommes de media qui me font appel et souvent contre la volonté de mes conseillers en communication, j’ai été répondre aux sollicitations. Partout où on nous demande de venir nous expliquer je fais l’effort d’y aller. Si vous regardez très bien le programme de candidature que j’avais soumis à l’appréciation du collège électoral, vous verrez que la communication occupe une place essentielle et je m’étais promis de communiquer le plus souvent possible. Mais ne l’oubliez pas, une communication, c’est dans deux sens ce n’est jamais dans un seul sens. Pour ma part, la volonté est là d’aller de façon sincère vis-à-vis des gens et je fais la passe sportive aux hommes de media. A eux de revenir sinon je n’ai pas de problème particulier.
Quelle appréciation faites-vous de la mobilisation des supporters autour des Etalons ?
Il n’y a pas de football, de sport en général sans supporteurs. Le football est avant tout un spectacle. Et pour qu’un spectacle puisse avoir lieu, il faut des spectateurs. Nous souhaitons que les structures de supporteurs soient les mieux organisées possible pour apporter leur soutien à nos différentes équipes nationales et à nos clubs. Cela est important, c’est pourquoi dans notre politique, nous privilégions la bonne entente avec l’Union nationale des supporteurs des Etalons. Nous sommes des partenaires indissociables, nous avons besoin l’un de l’autre et peut-être que nous-mêmes on a plus besoin des supporteurs que l’inverse. Il y a des réflexions à mener. Nous avons été impressionnés par l’organisation des supporteurs ghanéens qui sont très disciplinés et qui ont apporté beaucoup d’animation au terrain. Il y a eu des discussions très instructives avec la partie ghanéenne et nous allons partager cela avec l’UNSE.
En novembre prochain, il y aura l’élection d’un nouveau président de la fédération. Etes-vous candidat à votre propre succession ?
Notre ministère de tutelle a fait sortir une directive sur le renouvellement des structures sportives et elle est suffisamment claire. Au niveau des fédérations sportives cela va des districts jusqu’aux ligues. Nous devons pouvoir entamer les premiers paliers au niveau des districts, ensuite ce sera le tour des ligues puis au niveau des fédérations. Le calendrier prévoit le dépôt des candidatures des fédérations sportives au mois d’octobre. N’allez pas vite en besogne. Le mandat dont vous faites cas confère également des attributions essentielles. Ce n’est pas une élection qui va arrêter le processus en œuvre. Nous avons des échéances énormes. Nous devons nous qualifier le 04 septembre pour le Gabon. (Ndlr : l’interview a eu lieu avant le match que le Burkina a remporté par 2 à 1 face au Botswana). Je pense qu’il n’est pas trop décent de commencer à parler d’élection alors que nous avons des échéances importantes qui se posent à notre football. Vous aurez certainement la réponse très bientôt, il faut attendre les délais.
D’autres se sont déjà annoncés comme candidat à votre succession, notamment votre Secrétaire général. Pensez-vous que cela est une trahison ?
Je pense que tout Burkinabè a le droit de compétir, ce n’est pas fermé ou réservé à une catégorie de citoyens. Tout membre du comité exécutif a le droit de se présenter, mais il y a un minimum de précaution à prendre. Le S.G dont vous faites cas, je vous invite à l’approcher. Il y a ce qui se dit dans les journaux et il y a ce qu’il m’a dit. Quand j’ai reçu le S.G, il n’a pas confirmé tout ce que je lis. En tout état de cause, même si d’aventure le S.G se porte candidat c’est son plein droit. On ne peut pas parler de trahison. Sauf qu’actuellement il a semblé dire que cela n’est pas vrai.
Est-ce que si vous devez vous représenter cela ne sera pas préjudiciable à votre fonction actuelle de directeur du tribunal militaire ?
Pourquoi pensez-vous que cela devrait être préjudiciable ? De façon générale, des présidents de fédérations qui nous environnent, je n’ai pas vu de chômeur. Le football est un monde associatif. On vient pour donner de son temps et de son énergie. Le président de fédération n’est pas rémunéré, il n’est pas salarié de la fédération, à la différence du S.G. Donc ne pensez pas que c’est une fonction supplémentaire qu’on vient ajouter. C’est d’ailleurs pourquoi le président de la fédération n’est pas astreint à être permanemment à la fédération. Il y va quand c’est nécessaire. Dans une juridiction comme le tribunal militaire, le poste le plus prenant c’est celui du commissaire du gouvernement. C’est lui qui a la charge des poursuites au niveau du tribunal. Ce n’est pas la même chose à la direction où le directeur a plutôt un rôle de commandement et de coordination des activités.
Propos recueillis
Par Firmin OUATTARA
Retranscrit par Olivier Damiba