Sauf cataclysme au sommet du classement, l'ASFA-Y ne sera certainement pas championne cette saison. Le quintuple tenant du titre va, selon toute vraisemblance, céder sa couronne. L'ASFA-Y n'avance plus aujourd'hui à un rythme de champion. On n'en revient toujours pas d'avoir ainsi vu les "jaune et vert" paniquer lors du derby face à l'EFO, rendez-vous où ils étaient généralement souverains. Même face à une équipe "gentillette" comme le BPS, la formation de Zempassogho n'est pas capable de gagner. Le constat est là. En défense, Yaya Coulibaly fait une saison médiocre. Souleymane Koanda a plus de mental que de jambe pendant que la durée révèle les défauts de Alassane Sango. Au milieu, Adama Zerbo consomme une grande énergie à récupérer les ballons qu'il perd, mais au moins, il émerge quand les autres se cachent. Oumarou Nébié qui régulait le jeu n'est plus le même depuis son retour du CHAN. Et l'attaque est un gros problème. Bassirou Ouédraogo, avant son exil au Gabon, ne parvenait plus à faire la différence. Ousmane Nana a des statistiques faméliques mais on peut au moins le féliciter parce qu'il court dans tous les sens. Que dire alors du portier Mohamed Kaboré qui a des prestations en dents de scie alors que, de par son expérience, il devait tirer l'équipe vers le haut. Il n'y en a pas un pour sauver l'autre ? C'est exactement ce qui s'est passé à Sétif, où aucune force collective n'a émergé pour masquer les faiblesses.
Faut-il rebâtir l'équipe ?
Le bureau actuel a hérité d'une formation façonnée par l'équipe de Armand Béouindé. Depuis cinq ans, cette formation règne en maître sur le Fasofoot. Mais c'est aujourd'hui un groupe en phase de transition et le bureau de Eddie Komboïgo peine à mener à bien cette période transitoire qui doit voir s'opérer une mue de l'équipe. Beaucoup de joueurs sont au club il y a longtemps. Ils ont tout gagné au plan local et n'ont plus de challenge à relever. Mais plutôt que de voir cet aspect, le bureau actuel se satisfait à cacher la poussière sous le tapis. L'ASFA-Y ne veut pas consentir d'énormes moyens pour recruter à l'étranger. Mais continuer de vendre ses meilleurs pions aux clubs étrangers comme c'est le cas dernièrement de Bassirou Ouédraogo transféré au CF Mounana au Gabon, va toujours l'affaiblir. Mais cette saison montre bien la nécessité de régénérer l'effectif. Lago Bailly, s'il décide de rester la saison prochaine, aura besoin de latitude pour recruter.
Bailly a-t-il choisi le bon timing pour arriver ?
Du début de saison à maintenant, l'ASFA-Y a déjà consommé trois entraîneurs. Si l'emblématique Cheick Oumar Koné a choisi de jeter l'éponge pour répondre à l'appel de son pays natal, le Mali, Assimi Zerbo qui a hérité du gouvernail a peiné à rétablir l'équilibre de son drakkar qui commençait à tanguer, si bien que les responsables du club ont dû faire appel à candidature pour ne retenir que l'Ivoirien Lago Bailly. Mais l'électrochoc tant recherché ne s'est pas encore manifestéDevant l'affaiblissement des objectifs de l'ASFA-Y, le désastre de Sétif en coupe d'Afrique inter clubs et le championnat aujourd'hui difficilement accessible, il va falloir considérer la responsabilité propre du coach et le poids de l'héritage. Depuis sa prise de fonction, le technicien ivoirien n'a toujours pas goûté aux délices de la victoire avec sa nouvelle formation quand Assimi Zerbo, évincé, brandissait son bilan domestique pour rester maître du navire battant pavillon ASFA-Y. Bailly a clamé haut et fort qu'il avait besoin de renfort pendant ce mercato pour relancer la machine. Même si le sprint final n'est pas encore lancé, le championnat entre dans sa dernière ligne droite et avec le retard qu'il accuse dans le classement, il sera difficile pour l'ex Eléphant de conduire son équipe afin qu'elle vienne se mêler à la lutte finale. Surtout qu'elle perd encore des points en route. Le salut pour Lago Bailly, pour avoir réellement carte blanche pour son recrutement, serait de tout miser pour remporter la coupe du Faso afin de permettre à l'ASFA-Y d'être africain. Une question restera tout de même en suspens : la perte du titre cette saison serait-elle une simple parenthèse comme ce fut le cas en 2005 où le RCK avait été sacré et en 2007 le CFO était monté sur le toit du football national avant que les "jaune et vert" ne récupère leur bien, ou ce sera le début d'un long tunnel, situation que vit sa rivale légendaire, l'EFO ? En tous les cas, le président Eddie Komboïgo avait convié en début de saison toute la famille « asfasienne » chez lui pour partager un repas commun et fumer le calumet de la paix pour rasséréner tout le monde. Mais la démission avec fracas de Zacharie Yanogo Conseil d'administration du club conjuguée aux velléités revendicatrices de Mohamed Kaboré qui a jeté un émoi dans le groupe, prouve que l'on ne parle pas encore le même langage à l'ASFA-Y. Faut-il évoquer prématurément l'idée de crise ?
Béranger ILBOUDO