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Championnat national de football burkinabè : pourquoi les supporters le boudent-t-il ?

| 10.01.2014
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Championnat national de football burkinabè : pourquoi les supporters le boudent-t-il ?
© DR / Autre Presse
Championnat national de football burkinabè : pourquoi les supporters le boudent-t-il ?
Jadis attractif, le championnat national de football n'attire plus grand monde dans les stades. Et pourtant dans le temps, les inconditionnels du ballon rond contre vents et marées, envahissaient les gradins pour supporter leurs équipes partout où elles jouaient. A présent, le constat est amer : les gradins sont vides pendant les matches du championnat national car certains n'hésitent pas à accuser entre autres le niveau de la D1. Une situation due à plusieurs facteurs et qui nous a conduit à en savoir davantage auprès de nombreux acteurs de la discipline. Cependant l'espoir est tout de même permis, en témoignent le sacre des Etalons locaux à la coupe de l'UEMOA et leur qualification pour la première fois au CHAN.

Ce n'est un secret pour personne, le championnat national de football ne remplit plus les stades. Ce qui n'était pas le cas il y a dix ou quinze années. Un match entre la reine des stades l'EFO et celle de sa rivale de tout temps l'ASFA drainait plus d'un. Les supporters de chaque camp ne marchandaient pas leur déplacement. Certains même venaient des villages et provinces environnants. On croirait à une rencontre internationale d'alors.

Le niveau des acteurs du championnat est-elle la cause ?

Les supporters eux, tout comme les journalistes sportifs pointent un doigt accusateur sur le niveau du championnat. C'est l'analyse d'un des doyens de la presse sportive au Faso, Justin DABONE de l'Observateur Paalga. Pour lui, si aujourd'hui il y a désaffection du public c'est parce qu'il pense qu'il n'y a plus de spectacle. « Je pense que cela est dû au fait que les clubs qui participent au championnat national n'ont pas le niveau. Le jeu qu'on propose au stade n'est pas de qualité donc le public n'est pas prêt à payer pour voir un match de piètre qualité. »

Situation encore désavantageuse aux yeux de DABONE, la possibilité offerte au public sportif de rester à la maison pour suivre les matchs qui se jouent en Europe. « Moi personnellement » dit-il « je suis d'avis avec le public, nous les reporters même qui allons au stade, il arrive même qu'au cours d'un match ta feuille est vierge pas d'action notable que tu puisses noter. Quand tu entres dans ta rédaction tu n'arrives même pas à faire le compte rendu du match, c'est difficile donc le public a raison de bouder parce qu'il ne trouve pas son compte » va-t-il poursuivi.

A en croire Issa ILBOUDO, un ancien fervent supporter du RCK des années 85 qui a « décroché », « les équipes se battaient mieux avant, les dirigeants faisaient venir des joueurs de la Côte d'Ivoire, du Ghana et le niveau du championnat était elevé. Le plus grand problème se situe au niveau de la qualité des acteurs parce qu'aujourd'hui quand vous allez suivre un match de championnat national de football par exemple la qualité du jeu ne vaut même pas la qualité d'un jeu de maracana organisé dans le quartier ».

En son temps, se rappelle-t-il, un match ASFA-EFO n'avait pas besoin de publicité pour que le public se déplace au stade. « Aujourd'hui c'est dommage, les clubs n'ont plus d'argent pour recruter un joueur soit en Côte d'Ivoire ou au Ghana afin de donner un certain intérêt au championnat. A cela est venu s'ajouter l'accessibilité des championnats européens avec ses stars. »

Sur ce point, tous les acteurs que nous avons rencontrés sont unanimes et proposent des solutions.

Perspectives

Pour rectifier le tir, la Fédération burkinabè de football (FBF) a décidé cette année de faire jouer toutes les catégories du championnat. C'est pourquoi un budget prévisionnel de 3 milliards 240 millions de FCFA a été voté selon son président Sita SANGARE. L'accent sera également mis sur la formation des acteurs. Quant aux clubs engagés dans les campagnes africaines, un appui particulier leur sera accordé afin qu'ils atteignent les phases.

Pour d'autres acteurs, pour que le public revienne dans les stades, il appartiendra aux clubs de faire preuve d'action. « Je pense qu'ici la fédération n'y est pour rien » a dit David KINDA un supporter « je pense que là, il faut demander des comptes aux présidents des clubs. C'est à eux que revienne la tâche d'étoffer l'effectif de leur club. L'effort doit venir des clubs, ils doivent recruter dans les sous-régions des joueurs biens connus pour renforcer. Ça pourra attirer les spectacles. »ajoutera-t-il.

L'espoir est permis tout de même car depuis un certains, les joueurs du championnat se vendent bien à l'étranger. En plus, les Etalons locaux ont remporté le récent tournoi de l'UEMOA à Abidjan et se sont qualifiés pour le Championnat africain des Nations. Ce qui atteste qu'un effort est en cours, qui est à même de ramener les supporters sur les gradins.

Y. Alain Didier COMPAORE

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