Autant le dire, il ne fait presqu'aucun doute que la 30e édition de la CAN sera quelque peu, tirée par les cheveux. Répartis sur quatre sites, seuls Malabo qui accueille le groupe D et Bata qui abritera le groupe A seront à même d'offrir aux acteurs, les conditions presqu'idoines qu'on est en droit d'attendre à pareil sommet footballistique. Pour le reste, il est fort probable que les uns et les autres s'accommodent d'une façon ou une autre, de terrains d'entraînement, de vestiaires ou d'hôtels de qualité approximative, sans oublier le spectre angoissant que laissera planer Ebola. En lieu et place du miracle attendu de « l'émirat pétrolier » de quelque 757 000 âmes de cette région centrale de l'Afrique, la CAF risque d'avoir droit à des grincements de dents. Il n'est pas certain que la réduction des heures de travail et la gratuité d'une partie des entrées décidées par le pouvoir équato-guinéen suffisent à atténuer les grognes en perspective. Mais c'était cela ou subir un préjudice sans égal dans l'histoire de la Coupe d'Afrique des nations.
Faut-il, dès lors, s'attendre à une CAN au rabais ? Pas forcément, mais dans de telles conditions, pas véritablement maîtrisables où l'improvisation aura droit de cité, et en l'absence du Nigeria, détenteur du titre, il n'est pas exclu que Guinée Equatoriale 2015 accouche d'une (grosse ?) surprise. Vice-champion en titre, les Etalons du Burkina qui, contrairement à leur adversaire (Nigeria) de la finale de 2013, ont su s'extertirper du piège des éliminatoires, atterrissent à cette CAN avec fière allure. Après une préparation ponctuée de deux victoires en terre sud-africaine, le Burkina, au regard de son extraordinaire galop de 2013, s'affiche comme un candidat sérieux aux 8es de finale, si ce n'est pour la compétition. Mais, ce n'est pas sur la base de cette logique que se joue le football. Nul doute que le Gabon, le Congo et le pays organisateur (capable de bien de tentations) entendent contredire le capitaine Charles Kaboré et ses camarades. Les vice-champions vont devoir sortir les tripes et surtout, miser sur leurs vertus habituelles que sont la solidarité et le don de soi, s'ils veulent prouver que rien n'est dû au hasard. Espérons en tout cas, que Paul Put éperonnera ferme, pour galoper loin avec ses Etalons
Dans le groupe B, on peut s'attendre à de belles empoignades avec une équipe zambienne qui aura à cœur de prouver son mérite de champion d'Afrique, acquis en 2012. Elle devrait toutefois, sérieusement se méfier des Requins bleus du Cap-Vert, auteur d'un parcours honorable (¼ de finale), à la dernière CAN, et dans une moindre mesure, des Tunisiens. Les Aigles de Carthage qui ont fini en tête de poule, lors des éliminatoires, aborderont la phase finale avec des ambitions légitimes. La République Démocratique du Congo n'est pour autant pas à mettre à la touche, même s'il faut relever que le peu de sérénité qui a jalonné la préparation des Léopards peut constituer un sérieux handicap.
Le groupe C, composé du Ghana, de l'Afrique du Sud, de l'Algérie et du Sénégal, sera des plus attractifs. Forte de son parcours au Mondial brésilien (1/4 de finale), l'Algérie n'entend certainement pas offrir les deux places qualificatives des 8es de finale aux autres compagnons du groupe. Cependant, face au Sénégal qui marque son retour en force dans le juron du football africain, le Ghana, cet habitué de la compétition resté constant, et l'Afrique du Sud, qui aura pour ambition d'exposer un football moderne et efficace, les Fennecs vont devoir aller au-delà de leur force collective, s'ils veulent honorer le football maghrébin.
Cameroun, Côte d'Ivoire, Mali (qui a reçu le drapeau des mains du président IBK), Guinée sont les composantes du groupe D. Même si les deux premières nations citées vont avec la faveur des pronostics, les Aigles du Mali et la Guinée viendront à ce rendez-vous avec, à n'en pas douter, la rage de vaincre, convaincus qu'à l'image des Etalons 2013, la CAN ne se joue pas sur le papier. Tout est possible sur le terrain. Sans son emblématique capitaine, Didier Drogba, les Eléphants de Côte d'ivoire, coachés par Hervé Renard, ne rêvent rien d'autre que du titre. Tout l'espoir de la nation ivoirienne repose sur les épaules du meilleur joueur du continent, Yaya Touré. Epaules larges certes, mais c'est à se demander si parfois, on ne lui exige pas un peu trop. Les Lions Indomptables eux, se sont fait un sang neuf salutaire, après la retraite de Samuel Eto'o. Le nouveau capitaine, Stéphane Mbia, et ses camarades devront profiter de cette 30e édition pour remonter dans l'estime du peuple camerounais, après le spectacle désolant qu'ils ont livré au monde entier, au dernier Mondial. Ils en ont les moyens. Alors, rapaces, animaux domestiques, des forêts, des savanes ou du désert... que la fête commence !
Hamed Junior
