Dans l'imaginaire commun, les Equato-Guinéens sont avant tout des défenseurs et contre-attaquants. Loin d'être fausse, cette affirmation n'en reste pas moins caricaturale. Car depuis que Esteban Becker s'est assis sur le banc il y a moins d'un mois, il a su renouveler son jeu et ses idées. Face aux Panthères, Paul Put n'avait pas les idées claires dans le jeu. Comme en politique, plus une idée est floue, plus elle est difficilement critiquable. Mais demain soir, il se pourrait que les idées prennent une place centrale. Pour avoir déjà vu son adversaire se produire lors de l'ouverture de la compétition, le sélectionneur national saura cette fois mettre en place la tactique idoine pour dompter le Nzalang Nacional. La clé est ici pour Paul Put : lire les phases de jeu avec lucidité, et garder les idées claires. Trouver le juste milieu entre défendre et attaquer sans s'exposer. En clair, il s'agit d'alterner les phases de possession, pour respirer, et les phases de contre-attaques éclair, pour faire mal. La respecter pourrait suffire pour se maintenir en vie, mais pas pour mettre en échec l'adversaire. D'où l'intervention d'autres forces, spéciales, imprévisibles, différentes. Ces forces, c'est le mouvement, possession gargantuesque et rigueur tactique. Surtout fermer les grands espaces. Or, les grands espaces, c'est précisément le nom que l'on pourrait donner à cette zone située entre les centraux burkinabè et le dernier rempart Moussa Germain Sanou. Une zone que la Guinée Equatoriale adore attaquer avec violence dans les débuts de match. Une zone où les Panthères avaient su mordre les Etalons à deux reprises. Ainsi, l'une des clés sera aussi la réaction du Burkina face aux agressions guinéennes du premier quart d'heure. Soutenu par un public largement acquis à sa cause, la formation équato-guinéenne adore acculer l'adversaire pour l'amener à craquer. Mais Paul Put a suffisamment pris de la bouteille pour tomber dans l'angélisme. Si les Panthères avaient su prouver devant les Etalons qu'ils sont devenus plus qu'une machine à contre-attaques supersoniques, la Guinée Equatoriale offrira cette fois une autre palette et les vice-champions d'Afrique vont vite s'employer à s'adapter. Si en 2013 Paul Put et ses poulains étaient arrivés sur la pointe des pieds et étaient même parvenus à se rapprocher du sacre suprême, les Etalons sont à cette 30e édition de la CAN, une proie bien prisée que toutes les équipes voudraient épingler à leur tableau de chasse. Le Gabon a montré la voie, certainement que cela donnera des idées à d'autres. C'est donc aux Etalons de faire cette fois preuve de réalisme froid pour mâter au plus vite les velléités des adversaires. Bander les muscles pour montrer qu'en deux ans, ils ne se sont pas encore liquéfiés pour rentrer dans les rangs. Tout est encore possible. Savoir cette fois être tueur dans la surface adverse et gommer les déchets entrevus face au Gabon. Mais cela passe par une victoire face à la Guinée Equatoriale pour se remettre en confiance et relancer la mécanique. Une mécanique qui s'est grippée depuis la défaite face au Gabon à Libreville le 11 octobre 2014.
Béranger ILBOUDO
Envoyé spécial à Bata
(Guinée Equatoriale)