A un mois de la CAN, Alain Traoré parle : « J’ai plus souffert du manque de solidarité que de ma blessure »

| 20.12.2014
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A un mois de la CAN, Alain Traoré parle : « J’ai plus souffert du manque de solidarité que de ma blessure »
© DR / Autre Presse
A un mois de la CAN, Alain Traoré parle : « J’ai plus souffert du manque de solidarité que de ma blessure »
A un mois de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2015, l'artificier des Etalons du Burkina parle. Comment a-t-il vécu ses blessures répétitives ? Quel est son moral aujourd'hui ? Se sent-il d'attaque pour la compétition ? Alain Taoré se confie.

 

Alain Traoré, comment vont le physique et le moral ?

Je peux vous affirmer que ça va. J'ai repris les entraînements, il y a un mois environ, j'ai joué un match avec l'équipe réserve, ce soir (ndlr : hier mercredi), j'ai disputé contre Saint Etienne, la 8e de finale de la Coupe de la Ligue avec l'équipe. Je suis rentré dans le dernier quart d'heures de jeu. Physiquement, je me sens bien, je m'entraîne correctement.

Pour ce qui est du moral, il est haut, même si je dois avouer qu'à un moment donné, il était très bas. Vous savez, une blessure constitue une période de handicap difficile à supporter. J'ai surtout été frustré de ne pouvoir prendre une part active à la qualification des Etalons à la CAN 2015. Mais ce qui m'a un peu plus touché moralement, c'est ce que je considère comme un manque de solidarité à mon égard. Je veux parler du groupe Etalons et des dirigeants. Le seul qui m'a véritablement soutenu, c'est le président Sita Sangaré. Il m'a régulièrement, appelé pour prendre de mes nouvelles, et je voudrais profiter de vos colonnes pour lui témoigner ma reconnaissance. Par contre, ni le staff, ni le groupe n'a pensé à moi, en tout cas, c'est l'impression que j'ai eue. J'ai plus souffert du manque de solidarité que de ma blessure. Si certains étaient de cœur avec moi, c'est tant mieux. Mais de cela, j'en ai ouvertement discuté avec le sélectionneur et quelques cadres de la sélection. Nous nous sommes compris, tout est rentré amicalement et fraternellement, dans l'ordre.

Vous avez perdu ce match sur le score de 1 but à 0. Tu rêvais certainement, un meilleur retour...

C'est vrai que pour mon retour, j'aurais aimé vivre une victoire, pourquoi ne pas offrir la qualification à mon équipe. Mais en un quart d'heures, je ne pouvais que tenter de faire ce que je pouvais. Par contre, je suis satisfait d'avoir renoué avec la grande compétition, je suis bien rentré dans le match, j'ai même eu une occasion en toute fin de partie. Au plan personnel, je suis vraiment très content de ma brève prestation et surtout, d'avoir retrouvé toutes mes sensations. C'est prometteur.

Des blessures à répétition, comment l'on vit de telles situations, lorsqu'on est professionnel ?

Qu'on soit professionnel ou pas, on le vit mal, surtout pour le compétiteur que je suis. C'est frustrant d'être un abonné à l'infirmerie. Il n'y a rien de plus pénible pour un compétiteur que d'être à côté, en train à regarder les autres jouer. Heureusement, pour ce qui me concerne, je suis moralement fort, j'arrive à toujours revenir, à faire de mon mieux pour apporter un plus, que ce soit à mon club ou à ma sélection nationale. C'est une situation qui malheureusement, se répète chez moi, maintenant, c'est à moi de faire plus attention, afin d'éviter de telles blessures. J'espère surtout que les prières et les bénédictions du peuple burkinabè m'accompagneront.

Quelle lecture fais-tu du parcours des Etalons en phases éliminatoires ?

Il convient tout d'abord, que je félicite mes coéquipiers pour cette 10e qualification. Il faut dire que cela a bien commencé avec 2 victoires et une bonne différence de buts. Par la suite, ça s'est un peu compliqué, vu que je n'étais pas à côté, je ne peux pas vous expliquer pourquoi, mais certains matches ont été laborieux, en termes de contenu de jeu. Nous n'avons pas développé notre football habituel. Ce sont des choses qui arrivent, qui font que vous avez du mal à réussir ce que vous réussissez habituellement. Mais il s'agissait d'un championnat et l'essentiel était de se qualifier. Je pense qu'il faut maintenant se projeter vers le futur. Cela suppose une préparation conséquente, de façon à entamer la CAN avec toutes les chances possibles. La CAN est une compétition différente des éliminatoires, c'est le lieu où chacun se surpasse pour faire honneur au maillot de son pays.

Parlant justement de la CAN, comment jauges- tu le groupe des Etalons ?

Soyons clair, c'est un groupe qu'on peut qualifier d'abordable, mais détrompez-vous, ce n'est pas un groupe facile comme certains pourraient le penser. Nous pouvons nous en sortir, si nous y mettons toutes les conditions, c'est-à-dire une bonne préparation, et surtout, que chacun de nous ait conscience que le groupe n'est pas facile, et que chacun se donne à fond. Il ne faut pas commettre l'erreur de la jouer relaxe, pensant que ça va être facile. Nous ne devons pas arriver en Guinée Equatoriale sur la pointe des pieds, mais gonflés à bloc et déterminés. Nous devons arriver là-bas avec l'image d'une nation de football, qui vient à une compétition pour faire un bon résultat.

Tu as annoncé ton retour sur ta page Facebook, ce qui a réjoui tout le Burkina. Mais, la question qu'on se pose est de savoir à quel niveau de forme Alain disputera cette CAN ?

Si vous vous souvenez, en 2013, à deux semaines de la CAN, j'étais toujours dans un plâtre. Je serai à 100 %. Je ne viens pas pour faire plaisir ou pour faire acte de présence. Si je sais que je ne peux pas apporter grand-chose à l'équipe nationale, je ne viendrais pas. Lorsque je porte le maillot aux couleurs du Burkina, c'est qu'au fond de moi-même, je suis convaincu que je peux apporter quelque chose. Je serais prêt pour Guinée Equatoriale, et pour le drapeau du Burkina, je serai à 100 %.

Quand tu observe le groupe Etalons, le trouves- tu plus fort ou moins fort que 2013 ?

Plus fort forcément. Nous avons acquis une maturité et une expérience qu'on ne peut pas nous enlever. Ce sont des atouts importants dans une compétition comme la CAN. Etre devenus moins fort que 2013 suppose que nous sommes dans une phase descendante, or aujourd'hui, il ne fait aucun doute que notre football est dans une phase ascendante. Peut-être qu'il ne va pas à allure que certains voudraient, mais il faut reconnaître qu'il progresse. Maintenant, il appartient à chaque acteur de jouer pleinement son rôle, de poursuivre le travail, afin que nous restions dans cette lancée.

Dans ce sens, je pense que la presse a un grand rôle à jouer. Si elle ne revalorise pas l'équipe nationale et ses joueurs, beaucoup de gens auront toujours l'impression qu'elle est devenue moins forte. Mon point de vue personnel est que notre presse ne met pas l'accent sur les qualités individuelles et collectives du groupe. Si chez nous, nous ne sommes pas mis en valeur, ce n'est pas ailleurs qu'on le fera. Si nos adversaires suivent notre presse et constatent qu'on est sous-estimés, eux-aussi, ils nous sous-estimerons, ils n'auront pas peur de nous.

Il faut savoir qu'on n'arrive pas en finale d'une Coupe d' Afrique par hasard. Ce sont 6 matches avant d'arriver en finale, et ce n'est donc pas par hasard qu'on y parvient. Cela veut dire que nous avons un groupe de bonne qualité, un groupe qui a de la valeur. Mais tant qu'il n'est pas revalorisé, il reste un groupe quelconque. A mon avis, la presse a une partition importante à jouer dans ce sens. Je ne suis pas en train de minimiser le travail que les journalistes abattent chaque jour. Nous devons d'ailleurs leur exprimer notre reconnaissance, mais je dis qu'ils peuvent encore plus nous aider.

A côté de cette qualité, des jeunes aux dents longues sont aux portes des Etalons. Quel est celui qui t'a le plus marqué ?

C'est vrai qu'il y a des jeunes de talent qui sont en train de monter et cela est bon pour les Etalons. Au nombre de ceux qui s'intègrent avec réussite, je pense qu'un joueur comme Bertrand Traoré en est le symbole. Je suis un peu gêné de parler de lui, parce que c'est mon petit frère, mais que ce soit dans son club ou en sélection, il travaille à mériter le port du maillot. Tout comme lui, d'autres jeunes talentueux footballeurs sont en train de monter, et c'est réconfortant.

Quel est l'avenir de Alain Traoré à Lorient ?

Pour le moment, je suis à Lorient, je dois travailler à retrouver mon meilleur niveau. Avec la CAN, ça pourrait être un peu compliqué de quitter Lorient, lors de ce mercato. Mais, que ce soit maintenant ou en été, je partirais de Lorient.

Certains médias t'annoncent en Angleterre...

Oui, c'est vrai que des pistes existent en Angleterre, c'est le pays le plus demandeur en ce moment. Mais, il n'y a pas que les clubs anglais, d'autres pistes existent ailleurs, mais attendons le mercato pour avoir plus d'éclaircissements.

Je te laisse conclure l'entretien...

Je voudrais te remercier et à travers toi, Aujourd'hui au Faso. Merci ensuite, à tous les Burkinabè, je ne doute pas qu'ils ont prié pour moi, afin que je puisse traverser cette période difficile. Je voudrais leur dire que je les porte dans mon cœur, et que je serais prêt pour la CAN. Je donnerai le meilleur de moi-même comme je l'ai toujours essayé. Je suis sûr qu'individuellement et collectivement, le groupe se donnera à fond pour leur faire honneur.

A toutes et à tous, sans distinction, je souhaite joyeux Noël, une bonne fin d'année, et une heureuse nouvelle année. Santé, paix et longue vie à tous, que Dieu protège et bénisse le Burkina Faso et son peuple.

Hamed Junior

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