Les évènements de ce 16 mai 2016 resteront longtemps gravés dans la mémoire de Sayouba DINDANE, proviseur du lycée départemental Saint Joseph de Gounghin dans le Kouritenga. « C’était au tour de 9H que nous avons entendu des coups de sifflet dans la cour de l’établissement », relate l’infortuné.
« Après, les élèves se sont rassemblés autour du mât. Ils se sont rués vers l’administration. La première chose qu’ils ont eu à faire, c’est incendier ma moto, me proférer des injures. Et ils ont commencé à jeter des pierres. Je me suis retrouvé dans l’administration, enfermé dans mon bureau, assistant impuissant à tout ce qui se passait » dixit le proviseur.
Le censeur Saidou Silvain KABORE (au premier plan) ne s’en revient toujours pas !
Tout comme le proviseur, Saïdou KABORE, censeur du lycée et un autre collègue ont vu également leurs motos partir en fumée. Pour cet éducateur, c’est beaucoup de douleur et de regret. « En tant qu’éducateur, si vous devez accompagner ces jeunes âmes à prendre le droit chemin et vous-vous retrouvez sur des précipices qui ne sont pas ce que vous attendez, naturellement vous ne pouvez qu’être écœuré », regrette Saïdou KABORE.
Les usagers de la route Koupèla-Fada ont également été victimes de la furie des élèves. Outres le blocage de la voie par les élèves durant des heures, certains conducteurs ont vu leurs parebrises cassés par les cailloux des manifestants.
Cette manifestation fait suite à la convocation de 5 élèves en conseil de discipline. Ils seraient les meneurs d’une manifestation précédente. L’administration leur aurait demandé de présenter une lettre d’excuse pour trouble au bon déroulement des cours mais ils auraient refusé.
Pour le proviseur DINDANE, « la lettre d’excuse était une forme de consensus pour éviter d’aller au conseil de discipline ». Comme elle n’a pas été déposée, naturellement, la règle s’applique et ces élèves devraient être traduits en conseil de discipline, conclut-il.
Sofiano ALIOU est l’un des 5 élèves qui devaient passer en conseil de discipline ce mardi 17 mai 2016. Pour lui, c’est la peur de voir leur cursus scolaire terminer en queue de poisson qui explique leur mouvement d’humeur du 16 mai. « Ce conseil de discipline, ils avaient prévu le tenir à Tenkodogo. Et nous savons tous ici que si un nom arrive à Tenkodogo seulement, on sait ce qui va se passer. On a déjà vu des camarades du village être victimes de ce genre de chose puisque leur carrière scolaire s’est arrêtée brutalement comme ça », confie l’élève.
Alain Didier COMPAORE, avec Nazé OUATTARA