Le phénomène de la drogue prend de plus en plus de l’ampleur dans la ville de Ouagadougou. Cette situation met en danger les jeunes qui s’adonnent à cette pratique, sans savoir les conséquences. Pour faire face à cette situation, les jeunes de Kamsonghin, un quartier de Ouagadougou, ont décidé de prendre les devants. Ils ont crié leur ras-le-bol aux vendeurs de drogue qui pervertissent leurs enfants. En effet,selon les témoignages recueillis, depuis une dizaine d’années, le quartier est sous la coupe des vendeurs de drogue. Le commerce se fait au nez et à la barbe des habitants qui n’y peuvent rien. Un témoin raconte qu’un de ses frères a utilisé la cour familiale pour la vente de sa marchandise. «Tout ce qui est débauche, on l’a vécu ici, et même quand on signale à la police, ils réussissent toujours à s’enfuir, avant l’arrivée de la police. La police, quant à elle, considère cette cour comme un repaire de bandits», explique-t-il. Arouna Nana, porte-parole des jeunes, indique qu’ils ont décidé de s’y opposer, parce que les dealers deviennent de plus en plus violents. «Nous sommes nés et avons grandi ici, mais depuis un certain temps, on a remarqué que les jeunes qui sont nos frères, amis du quartier, vendent et consomment la drogue. On a vu que c’est pour détruire nos enfants et on a décidé de nous y opposer, parce qu’un des dealers a même affirmé ici, qu’ils soudoyaient même la police», a laissé entendre Arouna Nana. Puis d’ajouter que «quand la police les arrête, ils sont relâchés aussitôt. Et les voleurs sont devenus nombreux ici, les malades mentaux pullulent». Il invite les autorités à se pencher sur cette situation où ils se feront «Kolgwéogo de Kamsonghin».
Nouvelles victimes, les enfants
De plus en plus, les enfants de bas âge, imitent leurs aînés, ce qui fait que le nombre de drogués a pratiquement augmenté dans le quartier. Selon un habitant, plus de 85% des jeunes sont esclaves de la drogue. C’est le cas de Halidou Nikiéma, consommateur de drogue. Il explique qu’il s’est lancé dans la drogue, parce que depuis tout petit, il côtoyait ce milieu. «Je n’ai même pas attendu d’avoir l’argent, avant de fumer la drogue, parce qu’on est né trouver cela, donc on a essayé pour voir», indique-t-il. Maintenant qu’il est devenu consommateur, il trouve difficile de se passer de la drogue. «On a essayé, mais on a vu qu’il n’y a rien dedans», pense Halidou Nikiéma. Son plus grand souhait, c’est que la vente de la drogue s’arrête dans le quartier, pour que ses petits frères ne fument pas aussi. Il préconise également, de ne pas battre les consommateurs et les vendeurs, mais de privilégier le dialogue, car ils sont tous de la même famille. Boury Joanny Belemlilga, doyen du quartier, témoigne avoir vu des enfants grandir devant lui et qui étaient très bien, mais malheureusement, sont devenus actuellement comme des fous dans le quartier. Et vont même jusqu’à agresser les habitants. «Les sœurs qui sont dans le quartier sont venues se plaindre, parce que la vente de la drogue se fait près de leur mur et je leur ai dit d’aller voir la police», a fait savoir Joanny Belemlilga. Pour éviter que ses petits-enfants ne tombent dans les travers de la drogue, le vieux Belemlilga impose une surveillance stricte et leur prodigue des conseils. La délégation s’est rendue ensuite au commissariat central. Là, les responsables ont salué cette initiative qu’ils attendaient depuis longtemps et ont promis de mettre tout en œuvre pour résoudre le problème, mais avec la collaboration des habitants du quartier.
Pélagie OUEDRAOGO