Il est 10h30 mn en ce mercredi 2 juillet 2014, lorsque nous entrons dans la ferme gérée par Ousmane Zongo, dans le quartier de Wavougué, dans la commune rurale de Pabré. Dans cette ferme de près de 10 ha, M. Zongo y vit avec son épouse et ses 3 enfants. Ce matin, il avait laissé ses travaux champêtres et nous attendait avec toute sa famille.

A notre vue, il se lève et vient à notre rencontre. Il a reconnu notre équipe par notre accompagnatrice, Honorine Kalmogo, superviseur de biodigesteurs à la direction régionale du centre des ressources animales. « Bonjour, on est venu encore pour vous voir », lance notre accompagnatrice, à l'endroit du maître des lieux, signe que les deux personnes doivent travailler ensemble. « C'est un journaliste, il est venu pour voir comment fonctionne votre biodigesteur », ajoute t- elle. « Je suis disponible pour vous accompagner et répondre aux questions si je peux », réplique avec un sourire le gestionnaire de la ferme qui dit avoir 31 têtes de vaches à sa supervision.

Pas de place à la causerie pour permettre à M. Zongo de s'occuper de ses travaux champêtres, me souffle à l'oreille Mme Kalmogo. Elle m'annonce que le propriétaire des lieux va faire la démonstration du processus et elle va m'expliquer le fonctionnement. Et avant toute chose, elle me donne une définition théorique d'un biodigesteur : « C'est une construction souterraine faite avec des matériaux locaux qui est destinée à recevoir des déjections d'espèces animales mélangées à de l'eau dans des proportions équitables en vue de produire du biogaz.»

Le fonctionnement d'un biodigesteur

Nous commençons par le bassin d'entrée. « C'est ici que tout commence. On mélange 40 à 60 Kg de bouse de vache fraiche avec autant de quantité d'eau et on verse le tout dans ce bassin d'entrée. Il y a un tuyau en bas du bassin qui va évacuer la bouse de vache mélangée dans le biodigesteur », explique Mme. Kalmogo.

Elle ajoute qu'après la construction de l'ouvrage, le premier versement doit faire 15 charrettes. Une ou deux semaines après ce versement, la bouse de vache va se fermenter et produire du gaz. C'est en ce moment que le biodigesteur commence à être fonctionnel et le propriétaire commence le versement journalier. Après cette brève explication, Mme Kalmogo demande à M. Zongo de procéder à la démonstration.

Après le bassin d'entrée, nous partons au niveau du biodigesteur proprement dit où est évacuée la bouse de vache mélangée au bassin d'entrée. Le biodigesteur est composé du digesteur surmonté d'un dôme. La bouse de vache rempli le digesteur jusqu'à la partie dôme qui reste vide, à entendre la superviseure des biodigesteurs. C'est cette partie dôme laissée vide qu'occupe le gag produit par la fermentation des déchets organiques et la pression produite par ce gaz va à son tour évacuer le résidu de bouse de vache vers le bassin de sortie, indique notre guide. Quant au gaz, il est conduit par un tube galva vers le foyer dans la cuisine et la lampe dans la chambre. Pour permettre d'avoir du gaz pur, l'installation a prévu un système appelé piège à eau ou regard de purge.

Le piège à eau est chargé de retenir l'eau contenu dans le gaz qui vient directement du dôme ou les autres déchets, en vue de produire un gaz prêt à être utilisé. Ce gaz est maintenant, selon les explications de Mme Kalmogo, conduit vers les appareils que sont le foyer et la lampe biogaz.

La durée de fonctionnement de la lampe est de neuf heures par jour. Quant au foyer, il fonctionne quatre heures par jour. Elle précise que le dispositif de gaz ne peut faire fonctionner d'autres appareils que le foyer et la lampe biogaz. Toutefois, la superviseure ajoute qu'il y a le réfrigérateur à gaz qui est en expérimentation dans la région du Centre-ouest. Pour acquérir ce biodigesteur de six mètres cubes, Mme Honorine Kalmogo affirme que le propriétaire a contribué, en nature et en espèce, à hauteur de 233 225 FCFA. Elle souligne que le programme national de biodigesteurs a apporté une subvention de 160 000 FCFA. En tout, dit-elle, le coût du biodigesteur de six mètres cubes est de 393 225 FCFA avec une durée de vie de 20 ans minimum.

Les avantages du biodigesteur

Le biodigesteur présente plusieurs avantages aux exploitants. Selon Ousmane Zongo, le biodigesteur leur permet d'avoir la lumière dans leur campement et cette lumière de la lampe biogaz permet à ses deux enfants scolarisés de mieux étudier la nuit. Et à l'épouse de M.Zongo, Germaine Sam, de louer les bienfaits de cette technologie à base de déchets d'animaux : « Le biogaz me permet de gérer mon temps et de mieux me reposer.

Avant quand je quittais le champ ou les autres travaux, je devais aller chercher le bois avant de venir commencer à préparer. Et cela prenait du temps et me fatiguait, mais maintenant, si je reviens des travaux, j'allume directement mon foyer et je prépare ». Mme Zongo renchéri qu'au-delà de la lumière qui permet à leurs filles d'étudier, le biogaz augmente leur rendement scolaire parce qu'elles ne sont plus obligées d'aller l'aider à chercher du bois en brousse. Et elle lâche entre deux sourires « Quand on partait même chercher le bois en brousse, c'est avec la peur au ventre d'être surpris par les agents des eaux et forêts. En plus, il faut reconnaitre que le biogaz permet de protéger l'environnement »

Les produits dérivés du biodigesteur sont d'un grand apport pour l'agriculture et l'élevage selon Mme. Kalmogo. L'effluent qui est recueilli dans le bassin de sortie peut être mélangé au sang d'animaux pris à l'abattoir, à du son de farine ou à des tourteaux pour alimenter la volaille, les bœufs ou les porcs. Cet effluent, de l'avis de notre guide, peut également être mélangé aux herbes pour faire de la fumure organique en vue d'alimenter les champs. C'est ce que fait Ousmane Zongo qui témoigne de l'efficacité du procédé : « Depuis que j'ai commencé à utiliser la fumure organique issue des résidus des déchets du biodigesteur, je fais des bonnes récoltes. Le biodigesteur permet de comprendre la complémentarité entre l'élevage et l'agriculture. Avec les 31 têtes de bœufs que j'ai à ma charge, je produis du biogaz qui alimente notre ampoule et notre foyer. Cela nous permet de produire de la fumure pour notre champ ».

Lassané Osée OUEDRAOGO
Monfaso.info

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Ce qu'il faut connaitre du programme national de biodigesteurs

Le ministère en charge des Ressources animales, en collaboration avec l'African biogaz partenership programme exécute un programme national de biodigesteur au Burkina Faso. Ce programme vise au développement d'un nouveau secteur économique viable autour de la construction et l'utilisation de biodigesteur au niveau des ménages ruraux et périurbains. L'objectif majeur de ce programme est de créer un secteur permanent, multi-acteurs de construction de biodigesteurs, afin d'améliorer les conditions de vie, d'accroitre de manière durable les productions agro-pastorales et de réduire la pauvreté.

Source : PNB-Burkina Faso

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Comment acquérir un biodigesteur ?

Il y a quatre capacités de Biodigesteurs. Il s'agit des biodigesteurs de quatre mètres cubes, de six mètres cubes, de huit mètres cubes et de dix mètres cubes. Pour acquérir ces biodigesteurs, il faut d'abord disposer au moins 2 à 3 têtes de bœufs ou 6 têtes de porcs. Le programme national de biodigesteurs accorde au demandeur (pour toutes les catégories) une subvention de 160 000 FCFA. Quant au demandeur il doit apporter, en nature et en espèce, une contribution de 181 250 FCFA pour le biodigesteur de quatre mètres cubes, 233 225 FCFA pour six mètres cubes, 292 475 FCFA pour huit mètres cubes et 341 975 FCFA pour dix mètres cubes. Pour le coût total de ces biodigesteurs, il s'élève à 341 250 FCFA pour quatre mètres cubes, 393 225 FCFA pour six mètres cubes, 452 475 FCFA pour huit mètres cubes et 501 975 FCFA pour dix mètres cubes.

Source : Doc PNB-Burkina Faso