Tribune de la femme : « Au Burkina, le 8-Mars ne concerne que les politiciennes »

| 27.02.2014
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Tribune de la femme : « Au Burkina, le 8-Mars ne concerne que les politiciennes »
© DR / Autre Presse
Tribune de la femme : « Au Burkina, le 8-Mars ne concerne que les politiciennes »
la femme à travers différentes activités de sensibilisations, de prise de conscience... qui dénotent même de l'essence de l'évènement. Sauf que cette journée est quelque fois mal perçue par certaines femmes qui ont tendance à mélanger les pédales. A quelques jours donc de la célébration, nous avons sillonné quelques villages rattachés à la ville de Bobo-Dioulasso pour voir comment les femmes préparent leur Journée.

«Je n'ai jamais porté le pagne du 8-Mars. En fait, je ne rêve même pas en avoir un jour. Ce qui m'importe, c'est comment avoir beaucoup de bois, pour le revendre afin de subvenir aux besoins de ma famille». C'est une confidence de Fatoumata, la trentaine d'âge résidant dans le village de Banakélédaga. Assise aux bords de la chaussée, elle vendait, tout comme ses consœurs, des papayes et autres fruits aux passants. L'ambiance était bon enfant à l'ombre des arbres où elles confiaient ne pas accorder une importance à la Journée dédiée à la femme. Un instant de silence puis Fatoumata lance: «Dans notre pays, le 8-Mars ne concerne que les politiciennes. Ce n'est pas pour les femmes qui sont dans les localités très éloignées des villes comme nous». L'on tente de lui faire comprendre que la journée concerne toutes les femmes du monde entier en vue de leur rendre hommage, mais la vendeuse ne se laisse pas convaincre. A la question de savoir si elle a déjà acheté son pagne. La réponse est bien négative. D'ailleurs, dit-elle: «Même si j'avais de l'argent pour m'en procurer, je n'allais pas le faire, parce que le pagne n'est pas à mon goût». Le sujet sur le pagne passionne d'un coup toutes les vendeuses. Si certaines disent l'avoir quand-même acheté pour marquer la Journée, d'autres rêvent d'en avoir, mais faute de moyens financiers, cela ne restera qu'un rêve.

A Matourkou, une autre localité, des femmes coupaient, elles, du bois de chauffe. Sont-elles au courant d'une journée dénommée 8-Mars de la femme? Binta en sait beaucoup. Elle sait que c'est un moment unique dédié à la femme. Mais malheureusement, celles des campagnes semblent ne pas être concernées par les festivités officielles. De l'avis de Azéta, elles sont toujours en marge de la Journée et c'est pourquoi, les femmes n'y accordent aucune importance. Comme celles de Banakélédaga, l'autre moitié de Matourkou estime que le 8-Mars est une affaire de politiciennes. «Ce n'est qu'à la radio que nous entendons que des activités sont organisées avec des femmes. Nous ne savons pas ce qu'elles se disent, alors qu'elles parlent au nom de nous toutes», argue Awa un bout de bois en main. Elle confie qu'elle n'a jamais acheté le pagne du 8-Mars. «Je préfère utiliser l'argent à d'autres fins plus utiles pour mes enfants», dit-elle. A l'image de ces femmes, il est évident que beaucoup d'autres au Burkina Faso ont des idées reçues sur la Journée internationale de la femme. Une journée dont la tenue et l'organisation semblent être en déphasage avec son essence.

Bassératou KINDO

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