Chaque jour, lorsque le soleil est au zénith, le ventre réclame. C'est ainsi que les restaurants de rue grouillent de monde. Certes, des fonctionnaires, étudiants, élèves et travailleurs du secteur informel vont se restaurer à la maison, mais le gros lot jette son dévolu sur les restaurants de rue pour déguster un plat. Cela, parce que généralement, les domiciles sont éloignés des lieux de travail. Dans le quartier Bolomakotè, le restaurant de Sita Touré est un lieu privilégié pour de nombreuses personnes. Chaque jour aux environs de midi, les hommes de tenues (gendarmes, militaires de Kuinima), des fonctionnaires des services environnants, mais également des travailleurs de l'informel se retrouvent chez elle pour se restaurer. Sita et ses « filles » s'affairent pour satisfaire les uns et les autres. Ce qui n'est pas toujours facile, mais elle note qu'il faut être à l'écoute des clients. « Lorsque je sers un plat, je m'approche du client pour savoir si le repas lui satisfait et je tiens compte des observations pour améliorer la qualité pour les jours suivants ». Cette stratégie a permis à Sita de se faire de nombreux clients parce que ces derniers y trouvent leur compte. Ils sont sûrs de trouver de la nourriture entre 12 h et 14 h chez elle et souvent même, au-delà. Contrairement à des restaurants où la nourriture à finir après avoir servi quelques clients. Chez Sita Touré, lorsqu'on prépare une première quantité de nourriture et qu'on se rend compte que cette quantité veut finir alors que, des clients continuent d'affluer, elle met au feu une autre quantité. De sorte qu'avant que ce repas ne se termine, l'autre est cuit, lui évitant ainsi de lancer cette phrase lapidaire : « La nourriture est finie » à ces clients, comme cela se fait dans des restaurants alors qu'il n'est que 13 h. Une telle phrase reçue deux à trois fois par un client peut emmener ce dernier, s'il le peut, à changer de restaurant. Le travail de restauratrice qui paraît simple, nécessite pourtant une formation. Ce que Sita Touré a fait auprès de sa sœur ainée à Ouagadougou. Cette dernière gérait le restaurant « Yankafissa » aux 1200 logements. Elle a même eu une attestation dans la profession. Ce qui lui a permis dès son retour à Bobo-Dioulasso à fin d'année dernière, d'ouvrir ce restaurant sur un espace qu'elle loue au prix de 10 000 F le mois. Avec son expérience, une clientèle s'est fidélisé à ses services en peu de temps et en moins d'une année, son commerce marche à plein temps. Sita Touré prépare certes, de la nourriture à partir de midi, mais elle commence son service dès 6 h avec le thé et le sandwich. Elle est aidée dans sa tâche par des filles rémunérées au prix de 10000 F chacune par mois. Cependant, son action est limitée faute de moyens. Elle n'a pour le moment pas d'électricité donc ne peut ni vendre les nuits, ni conserver de la nourriture. Son bénéfice journalier qui est de l'ordre de 3000 F, ne lui permet que de subvenir à certains besoins élémentaires et régler l'espace, ses employées et le gardien. Elle a pour ambition de mieux dynamiser son restaurant en construisant des hangars, en augmentant le nombre de ses chaises et tables. Pour cela, elle souhaite l'accompagnement de l'Etat à travers notamment l'octroi des prêts pour mieux structurer son activité.
Wurotèda Ibrahima SANOU