Témoignages: «Sankara avait symboliquement offert une kalachnikov à Mandela…»

| 07.12.2013
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Témoignages: «Sankara avait symboliquement offert une kalachnikov à Mandela…»
© DR / Autre Presse
Témoignages: «Sankara avait symboliquement offert une kalachnikov à Mandela…»
Dans ce micro-trottoir réalisé à l'Université de Ouagadougou, des enseignants-chercheurs partagent les sentiments qui sont les leurs, suite à l'annonce de la mort de Nelson Mandela. Ils ne manquent pas de revenir sur ce qu'a été la contribution du peuple burkinabè à la lutte contre l'apartheid, dont «Madiba» était le porte-flambeau.

 

Pr Maurice Baziomo, enseignant-chercheur au département d'Histoire et archéologie

«La mort de Nelson Mandela provoque un vide pour toute l'Afrique. Au regard de l'esprit qu'il incarne, de la cause qu'il défendait, au regard du courage dont il est le symbole, et de tous les idéaux qu'il défendait, on aura souhaité qu'il demeure parmi nous avec beaucoup de forces, pour donner à toute l'Afrique et surtout à ceux qui ont la responsabilité de gouverner nos cités, un exemple. Il est mort certes, mais on peut dire qu'il reste et restera toujours vivant par les idées qu'il défendait. De ce fait, nous devons reconnaitre qu'en la personne de Nelson Mandela, l'Afrique avait un fils digne qui mérite tous les honneurs même après sa mort, afin que son nom, ses idées puissent rester et servir de source d'inspiration pour toute l'Afrique. Pendant la période révolutionnaire au Burkina Faso, il y a eu des actions remarquables qu'il faut saluer à leur juste valeur de la part du peuple burkinabè. Au regard de son orientation politique, le Burkina avait bien manifesté son soutien au peuple sud africain qui était privé de liberté, première valeur à mon avis de l'homme. Le peuple burkinabè s'est montré toujours solidaire».

Pr Amadé Badini: enseignant-chercheur au département de philosophie

«C'est un sentiment de dévotion pour ce qu'il a été, ce qu'il a fait. Je ne le connais pas particulièrement à part ce que j'ai entendu dire de lui. Il était de ce point de vu un homme exceptionnel. Il est vrai qu'avec sa longue maladie, on était tous préparé à ça d'autant plus que la mort est inévitable pour tout être vivant. Mais j'avoue que ce qu'il a laissé dans la mémoire collective de l'humanité et des Africains de façon générale est incommensurable.

Nous devons en profiter au maximum. C'est le lieu de dire que les grands hommes ne meurent jamais: ce qu'ils laissent est éternel. Mais je souhaite que les peuples africains et sud africain en particulier sachent conserver, proliférer ce qu'il a laissé. Car malgré la grandeur d'un homme, il y a toujours de l'irréalisé qu'il laisse. Quelque soit l'âge auquel il s'en va, il y a toujours une partie de son œuvre à parfaire et à sauvegarder. Je souhaite qu'il serve de model aux Africains et aux dirigeants africains. Il y a des maux qu'il a cherché à combattre qui restent encore. Ce qui signifie qu'il lègue un héritage lourd à gérer notamment à ces concitoyens, à l'ANC, mais à tout le continent.

Le peuple voltaïque et ensuite burkinabè a toujours soutenu la lutte du peuple sud africain contre l'apartheid, je me souviens que dans les années 1970, il y avait des marches pour soutenir la lutte du peuple sud africain. Tous les moments de grands rassemblements populaire étaient en même temps des occasions pour nous d'affirmer notre solidarité avec ce peuple et à Nelson Mandela que nous ne connaissions que de nom.

Ce soutien a été particulièrement mis en exergue pendant la période dite révolutionnaire avec le président Sankara. Selon certaines informations, le premier passeport burkinabè portait les noms et adresses de Nelson Mandela. Le CNR aurait même donné une kalachnikov neuve symboliquement à Nelson Mandela pour mener sa lutte alors même qu'il était toujours en prison. Je me souviens même que quand nous organisions le colloque de l'Institut des peuples noirs (IPN) l'Afrique du sud était suffisamment représentée et cela faisait une fierté pour notre pays.»

Pr Georges Madiéga: enseignant-chercheur au département d'Histoire et archéologie

«Je retiens de l'homme le résistant, l'infatigable, le lutteur pour la dignité humaine, pour la libération et l'égalité entre les blancs et les noirs, toute sa vie a été une vie de luttes, de combats. C'était un combat pour la justice, pour la fraternité et l'égalité entre les hommes. Il laisse au monde entier un exemple d'humanité. C'est un grand baobab qui est déraciné mais qui nous a laissé des valeurs très importantes que nous devons cultiver. Ces valeurs de justice, de dignité et de liberté sont des valeurs de tous les instants, il faut toujours se battre. C'est pourquoi il faut honorer sa mémoire en continuant à lutter pour la justice, pour l'égalité et la fraternité entre les hommes.

Les hommes politiques burkinabè ont, pour la plupart du temps, soutenu la lutte du peuple sud africain à travers sa participation dans les organisations internationales et de l'OUA. Le Burkina Faso a toujours combattu l'apartheid comme on le dit. Quoi qu'on dise, c'est une lutte qu'il fallait mener, il l'a fait, cela n'a pas été facile, mais il est entré dans l'histoire. C'est une icône, pas seulement pour les Africains, mais pour l'ensemble de l'humanité, à l'image de Martin Luther King, de Ghandi, etc.»

Pr Ki Jean Célestin, enseignant-chercheur au département d'Histoire et archéologie

«En tant que être humain, dès qu'on apprend un décès, on ne peut qu'être triste. Lorsque nous avons appris comme vous le décès de Nelson Mandela, nous avons été animés d'un sentiment de tristesse. C'est quelqu'un de très grand qui a laissé à toute l'humanité un grand héritage. Il représente un model de vie, de sacrifice de don de soit pour la cause des autres. Sa présence, même s'il ne faisait rien, inspirait toujours.

Le fait de le savoir toujours en vie rappelait toujours aux vivants ses différents actes. Mais lorsqu'on apprend qu'il est mort,... En tant qu'humains nous envisageons toujours la mort comme un drame qui anéanti l'espèce. C'est donc la tristesse qui nous anime. Je sais que sous la révolution, le président Sankara avait pris fait et cause pour la lutte des sud-africains, la lutte contre l'apartheid et il l'avait manifesté publiquement dans différents meeting.»

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