SYNAPAGER : « Les PAG dignes du cadre de leur emploi respectif continueront à se battre jusqu’à ce que la raison soit »

| 18.04.2014
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SYNAPAGER : « Les PAG dignes du cadre de leur emploi respectif continueront à se battre jusqu’à ce que la raison soit »
© DR / Autre Presse
SYNAPAGER : « Les PAG dignes du cadre de leur emploi respectif continueront à se battre jusqu’à ce que la raison soit »
Depuis l'octroi de l'indemnité spécifique aux Personnels d'Administration et de Gestion (PAG) en service au Ministère de l'Education nationale et de l'Alphabétisation (MENA), le Syndicat national des Personnels d'Administration et de Gestion de l'Education et de la Recherche (SYNAPAGER) a toujours entrepris des démarches pour que cette indemnité soit étendue également à tous les PAG dont la plus grande part est en service au Ministère des Enseignements secondaire et supérieur (MESS), ex- Ministère des Enseignements secondaire et supérieur et de la Recherche scientifique ( MESSRS).
De ces démarches, l'argumentaire développé a toujours été jugé pertinent, mais la satisfaction de la revendication a été renvoyée à la relecture de la grille indemnitaire achevée le 28 février 2014. Etant donné que l'application des conclusions de ces négociations n'a pas répondu aux attentes des PAG concernés et au regard de la banalisation de la question par vous-même, les militants du SYNAPAGER ont observé deux sit-in pacifiques de protestation les 18 mars et 4 avril 2014, en vue d'attirer votre aimable attention sur les engagements du gouvernement relatifs à cette préoccupation.

Tenant donc compte du traitement que vous avez réservé à la question à travers votre position de désintérêt total face à une question d'injustice touchant aux intérêts matériels et moraux d'une partie de vos administrés, désintérêt doublé d'un prétexte d'ignorance de la question qui frise la méprise, le Bureau exécutif national(BEN) du SYNAPAGER estime qu'il est nécessaire de s'adresser publiquement à votre aimable attention à travers un rappel historique, une analyse de la situation et des perspectives.

Loin de nous le plaisir de faire un cours d'histoire à un illustre professeur de math, ce sont les attitudes de surprise que vous manifestez à répétition sur la question qui nous y obligent. En effet, le 19 décembre 2013 lorsque vous avez accordé une entrevue au SYNAPAGER, vous aviez demandé à connaître les emplois qui constituent le cadre des PAG. Nos explications vous ont permis à l'occasion d'apprendre qu'il s'agissait des Attachés d'Administration scolaire et universitaire, des Attachés d'Intendance scolaire et universitaire, des Conseillers d'Administration scolaire et universitaire et des Conseillers d'Intendance scolaire et universitaire. Ces personnels font partie intégrante du département ministériel dont vous avez la charge depuis plusieurs années. Pour le SYNAPAGER, la leçon était comprise une fois pour toujours. Mais la véritable surprise est survenue à la suite de notre sit-in du 18 mars 2014 lorsque vos propos largement relayés par la presse faisaient encore état de l'ignorance que vous couviez jusqu'alors sur l'existence de cette catégorie de personnels qui officie cependant depuis l'indépendance de notre pays dans le ministère dont vous avez la charge aujourd'hui. En effet, les emplois des personnels d'administration et de gestion de l'éducation ont été créés par décret n°527/bis/PRES du 15 octobre 1963 portant statut particulier du cadre des services économiques de l'Enseignement. Ce décret a créé deux corps : le corps des attachés d'intendance universitaire et le corps des intendants universitaires. Les missions assignées à ces emplois étaient définies à l'article 1er du décret en ces termes : « La gestion matérielle et financière des établissements scolaires et éventuellement d'autres établissements relevant du Ministère de l'Education Nationale et de l'Enseignement Technique est confiée, sous la responsabilité des autorités universitaires, aux fonctionnaires de l'intendance universitaire régis par le présent décret qui prend effet pour compter du 1-1-60. Ces fonctionnaires peuvent exercer les fonctions d'agent comptable. » Par la suite, le cadre de ce personnel a connu plusieurs évolutions à travers quatre (04) autres décrets dont le dernier est le décret n°2006-377/PRES/PM/MFPRE/MEBA/MFB du 04 août 2006 portant organisation des emplois spécifiques au MEBA dans lequel le cadre des personnels de l'administration scolaire et universitaire comprend les emplois ci-après : Les emplois d'Attaché d'administration scolaire et universitaire, d'Attaché d'intendance scolaire et universitaire , de Conseiller d'administration scolaire et universitaire, de Conseiller d'intendance scolaire et universitaire.

Au regard de cet aperçu historique, comment peut-on comprendre vos attitudes continuelles d'ignorance sur le cadre de ces personnels si ce n'est simplement un refus de mémoire, un mépris, du dédain et de l'ingratitude à l'endroit de ces personnels qui ont contribué au développement de l'éducation et de votre département ministériel depuis au moins cinquante-quatre (54) ans ?

Au-delà de toute autre considération, ce rappel est nécessaire pour nous, afin de vous situer une bonne fois sur le concept de PAG, ce qui nous permet d'aborder le second aspect de notre écrit, une analyse fondée non seulement sur vos différentes réactions lors de notre entrevue du 1er avril 2014 mais aussi sur vos déclarations sur la question.

Le premier élément d'analyse porte sur la valeur que vous accordez au protocole d'accord du 09 juin 2011. Selon vous, il s'agirait d'un protocole d'accord sectoriel et il ne concerne que le MENA. Cela met en mal le sens du dialogue jusque-là entamé. D'abord, à la date de signature du protocole d'accord, tous les PAG au MENA bénéficiaient déjà de l'indemnité spéciale. Comment un protocole d'accord concernant l'octroi d'une indemnité pourrait encore concerner des agents déjà servis ? Le simple bon sens devrait vous aider à comprendre que la requête concerne les autres PAG non bénéficiaires dont ceux du MESS.

Le deuxième élément porte sur votre refus manifeste à défendre les intérêts de vos administrés. En effet, il ressort de l'audience que vous nous avez accordée le 1er avril 2014, que pour une question qui concerne vos administrés ,vous nous faites savoir dans votre plus grand sérieux qu'un protocole d'accord signé d'un membre du gouvernement n'engage pas tout le gouvernement et que même si la question concerne l'amélioration des conditions de vie et de travail de vos administrés, vous n'êtes pas fondé à les défendre. Et comme c'est vous qui devriez éclairer les autres membres du gouvernement sur la question, votre bonne foi est déterminante dans la défense des intérêts de vos administrés. Et même si la défense des intérêts d'autrui ne relevait pas de vos aptitudes intrinsèques, votre responsabilité de chef de département ministériel devrait vous conduire à l'exercice pour au moins une fois. Non content d'abandonner vos agents à leur propre sort vous exposez l'Administration en compromettant ouvertement par vous-même les deux principes suivants : le principe de la continuité de l'Administration et celui de la solidarité gouvernementale. Même si le protocole d'accord a été signé au moment où vous n'étiez pas encore ministre, un certain nombre de précautions avaient été prises à l'occasion pour garantir son caractère gouvernemental et c'est ce qu'il vous fallait comprendre en premier et de vous inscrire dans la dynamique de la continuité surtout pour ce qui concerne les droits acquis. En plus, il est bon de savoir qu'un acte signé d'un ministre ''pour le gouvernement'' engage entièrement le gouvernement. Si le contraire tient la route, nous attendons que vous le démontriez.

Le troisième élément est relatif à la profonde contrariété que vous présentez au SYNAPAGER et à l'opinion publique sur la question. En effet, lors de l'audience que vous avez accordée au Bureau exécutif national du SYNAPAGER le 19 décembre 2013, vous nous aviez répondu que l'indemnité due aux PAG sera effective à l'issue de la relecture de la grille indemnitaire et que vous y veilliez. Cette réponse était relative au protocole d'accord du 9 juin 2011 que vous n'aviez pas rejeté ce jour-là. Cette réponse venait également appuyer celle du ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale lors de l'audience qu'il nous a accordée le 2 juillet 2013 sur la question et qui revenait en substance comme un refrain : toutes les questions indemnitaires ayant fait l'objet de protocole d'accord trouveront leur satisfaction à l'issue de la relecture de la grille indemnitaire. Ce jour-là, une copie du protocole d'accord a été remise à monsieur le ministre assisté de madame la directrice générale de la Fonction publique et personne n'avait trouvé à redire sur la valeur du document. A la clôture des négociations sur la relecture de la grille indemnitaire, la question relative au sort réservé aux engagements du gouvernement à travers les protocoles d'accord antérieurement signés avec les partenaires sociaux a été clairement posée au gouvernement par la partie syndicale. Là encore, la réponse du gouvernement était sans équivoque : le gouvernement tient au respect de ces engagements avec les syndicats sur les questions indemnitaires.

Pourquoi donc attendez- vous le 1er avril 2014 pour remettre en cause ce protocole d'accord, jusqu'à inspirer le ministre de l'Economie et des Finances qui en réponse à notre correspondance du 10 mars 2014 a jugé qu'il était incompétent pour contribuer à régler le problème ?

Si malgré tous ces engagements répétés, vous soutenez que le protocole d'accord est sectoriel et devient celui de madame le Ministre de l'Education nationale et de l'Alphabétisation, et que par-dessus tout les intérêts de vos administrés demeure votre dernier souci, alors le diable sera à chercher ailleurs dans ce qui pourrait advenir mais pas du côté syndical. L'indemnité spécifique à tous les PAG est un acquis que vous refusez de contribuer à mettre en œuvre sans qu'un rapport de force conséquent vous soit opposé. Convaincu de la légitimité de notre lutte, et tenant compte du fait qu'il ne s'agit pas de l'affaire d'une trentaine d'individus qui ne sauraient vous déranger, comme vous le laissez entendre, la détermination du SYNAPAGER demeure intacte. Les PAG dignes du cadre de leur emploi respectif continueront à se battre jusqu'à ce que la raison soit.

Par conséquent, le SYNAPAGER vous tient informer de la poursuite de sa légitime lutte par tous les moyens légaux jusqu'à la satisfaction de sa revendication. Toutefois, il vous tiendrait responsable d'une éventuelle dégradation du climat social consécutive à des agissements peu recommandables tendant à restreindre les libertés syndicales dans le cadre de cette lutte.
Veuillez agréer Monsieur le Ministre, l'assurance de ma considération distinguée.

Pour le Bureau Exécutif National,
le Secrétaire Général

Apollinaire K A B O R E
Chevalier de l'Ordre du mérite Burkinabé

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