Seules deux montagnes ne se rencontrent pas. Longtemps restés dans une logique de confrontation, le Syndicat national des agents des finances (SYNAFI) et la ministre de l'Economie, des Finances et du Développement, Rosine Sori/Coulibaly, ont renoué le fil du dialogue. En mouvement depuis le 6 février 2017 à travers des sit-in et des grèves, cette structure syndicale a décidé, depuis hier 7 heures, d'observer une suspension pour donner une chance aux négociations.
Entre autres points qui cristallisaient la colère des travailleurs on peut citer :
- la gestion des baux administratifs qui fait ressortir une dépense annuelle de 5 milliards de nos francs au titre des locations de bâtiments ;
- la réforme des marchés publics qui a institué une procédure d'urgence dont le délai raccourci est passé de 60 jours à 15 jours ouvrant ainsi la voie à des délits d'initiés ;
- l'acquisition de matériel ne répondant pas aux besoins de l'administration ;
- la politisation des postes qui se caractérise par le non-respect des profils;
- une gestion inéquitable qui caractérise le système de motivation ;
- l'instabilité des réseaux informatiques (SIGASPE, CID, SIMP...) qui met les agents en conflit avec les usagers.
Selon le SG du SYNAFI, Mohamed Savadogo, ces problèmes restent posés, mais l'autorité de tutelle est dans de bonnes dispositions d'esprit ; ce qui justifie leur choix de suspendre le mouvement dont les conséquences se sont faites négativement observées sur la vie économique du pays.
«Conscient de la situation nationale et surtout des conséquences très préjudiciables que le maintien du mouvement pourrait créer, le SYNAFI suspend le présent mouvement et invite l'ensemble des militants à reprendre le travail pour compter de ce jour 14 mars 2017. En outre voudrions-nous prendre l'opinion publique à témoin de l'engagement de l'autorité à trouver des solutions idoines à nos préoccupations», a-t-il souligné lors du point de presse animé au sein du ministère à Ouagadougou.
Mohamed Savadogo et ses camarades n'ont pas fait que suspendre leur mouvement, ils se sont même engagés dans une dynamique de rattrapage du temps perdu par une opération dite « casiers vides » qui consiste à traiter en un temps record tous les dossiers en souffrance. C'est pourquoi un appel à redoubler d'efforts et d'abnégation au travail a été lancé aux agents. Ces derniers ont tenu à exprimer leurs regrets et présenter leurs excuses à ceux qui ont été collatéralement victimes de leur mouvement de 40 jours. Le SYNAFI a toutefois décliné sa responsabilité dans certaines situations comme le non-paiement des factures de la presse privée qui a mis pas mal d'organes dans des tensions de trésorerie.
Abdou Karim Sawadogo
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Hadepté Da (stagiaire)