« Salaup RSP, le peuple aura ta peau » ont scandé des jeunes spontanément réunis et juchés sur leur moto qui convergeaient vers Ouaga 2000, le quartier du palais présidentiel où sont retenus le Président du Faso Michel Kafando, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida et deux de ses ministres, selon les informations dans une déclaration transmises à la presse par le président du CNT Cheriff Sy. Dès la confirmation de la nouvelle, la seule réaction officielle de ce mercredi de conseil de ministres est venue du parlement de la transition. Cheriff Sy a condamné avec la dernière énergie ce qui se passe et appelé les députés du CNT, ainsi que le peuple à se rassembler devant le rond-point Place des martyrs pour dire non à ce qui s’apparente à une prise d’otages, voire un coup d’Etat. Dans la ville, à la descente du 2e jour de l’instauration de la journée continue, les artères et les stations-service de la ville, qui, pour faire le plein, qui pour arriver à temps à domicile sont envahies. D’autres par contre, ont pris la direction du palais présidentiel et ont même commencé à barricader la voie à quelques encablures du rond-point Place des héros nationaux où le rassemblement est prévu. Mais pendant que les uns improvisaient des parkings et que d’autres déviaient la circulation, les coups de feu fendent la nuit dans le quartier Patte d’Oïe, sur’ l’avenue France-Afrique. Le ciel s’illumine de balles incandescentes provoquant le sauve qui peut des irréductibles. Il fallait négocier les « six mètres » pour se tirer d’affaire. Des manifestants se retranchent à la place de la Révolution pour examiner la conduite à tenir. Mais des coups de feu ont aussi éclaté autour de la place, juste après notre départ, peu après 20 heures. Jusqu'à ce que nous bouclions, c’est la confusion totale dans la ville mise sous coupe réglée par la soldatesque.
Karim Tagnan