Seguenega : Des habitants de Tiba et la société Séguénéga Mining à couteaux tirés

| 24.10.2013
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Seguenega : Des habitants de Tiba et la société Séguénéga Mining à couteaux tirés
© DR / Autre Presse
Seguenega : Des habitants de Tiba et la société Séguénéga Mining à couteaux tirés
Après les villages de Gambo et de Bakou qui ont refusé toute exploitation de l'or par les sociétés dans leur localité, c'est au tour des habitants de Tiba, situé à 3 km de Séguénéga, vivant à proximité d'une vaste fosse où est extrait l'or, d'exprimer leur ras-le-bol, le 20 octobre 2013. Les raisons avancées par ces derniers sont le bruit assourdissant des engins, même dans la nuit, la crainte de la détérioration de leur état de santé avec la forte poussière dégagée lors des travaux, la crainte de voir les maisons s'écrouler à cause des dynamitages ainsi que la modicité des allocations de désagréments pour les déménagements temporaires à eux proposées. Pour ce faire, ils ont exigé qu'un autre site leur soit trouvé et que la société construise des logements pour eux. Toute chose que la société n'est pas prête à réaliser.

Plus rien ne va entre la société Séguénéga Mining et certains habitants de Tiba, un village de la commune de Séguénéga. Ils ont tenu à exprimer leur mécontentement le 20 octobre dernier. En effet, ces habitants reprochent un certain nombre de faits à la société minière, à savoir le bruit permanent des engins, la dense poussière dégagée lors des travaux et qui pourrait avoir des conséquences sur leur santé, les secousses subies par les maisons lors des dynamitages, etc.

Selon Noufou Bélem, un septuagénaire que nous avons rencontré, la situation est devenue préoccupante si fait qu'il craint pour la santé des membres de sa famille, composée de plus de trente ménages, et son domicile situé à environ 200 mètres de la fosse. Pourtant, le code minier stipulerait que les maisons situées à plus de 200 mètres ne doivent pas être délocalisées définitivement mais temporairement. Toute chose qui ne rassure pas le sieur Bélem ainsi que bien d'autres dans la situation, qui ont tous soutenu ressentir, jusqu'à chez eux, les tremblements de terre dus aux dynamitages et ce, même à plus de 500 mètres. Pour ces plaignants, leurs maisons sont en danger et risquent de se fissurer, voire de s'écrouler un jour ou l'autre. Ils exigent, par conséquent, et contrairement aux déménagements temporaires proposés par la société, la construction de locaux pour eux.

Une rencontre pour calmer la situation

Néanmoins, il faut préciser que pour le déménagement temporaire, la société a prévu la construction d'un hangar sous lequel se déporteront les familles résidant à quelques encablures de la fosse aux heures de dynamitage et moyennant des indemnités de désagréments de 5 000 F CFA pour chaque chef de ménage et à chaque dynamitage. Une information qui a d'ailleurs été confirmée par les habitants. Cependant, même cette proposition de dédommagement ne fait pas l'unanimité. Abdoulaye Bélem est de ceux-là. Il pense que le dédommagement proposé n'est pas au prorata de la taille des ménages, et que des difficultés surviendront lors du déplacement des personnes âgées et handicapées sous le hangar.
C'est dans ce climat délétère que le préfet de Séguénéga, Etienne Yaméogo, les premiers responsables du comité de suivi intercommunal des activités de Amara Mining dont le maire de Séguénéga, Mamadou Béloum , le maire de Kossouka, Noraogo Boureima Ouédraogo, et des responsables de la société ont rencontré, dans la soirée du 21 octobre, les protestataires à Tiba. Au cours des échanges qui ont duré plus d'une heure, les responsables de la société ont fait des propositions, notamment arroser certains endroits pour atténuer la poussière. Une proposition rejetée en bloc par la population qui y voit un coup d'épée dans l'eau et exige un recasement sur un autre site. Toute chose que la société minière, à entendre ses responsables, n'est pas prête à réaliser. Pour les habitants, le temps préconisé par la société pour le déménagement temporaire (3 mois) importe moins que leur santé. Et un intervenant de lancer : « si vous n'avez pas les moyens pour nous construire des habitats ailleurs, il faut surseoir à vos travaux et laisser la place à d'éventuels candidats qui seront capables de satisfaire nos doléances ». La question de relocalisation si chère aux mécontents n'ayant pas trouvé une oreille attentive, elle a provoqué la colère de bien des jeunes qui ont taxé la société minière de n'avoir pas les moyens de sa politique. Toutefois, les responsables de Séguénéga Mining ont affiché leur ferme volonté et ce, devant les autorités locales, à respecter leurs engagements et ont rassuré les plaignants que rien n'arrivera à leurs constructions.
Il faut noter que la population est restée sur sa soif à l'issue de cette rencontre même si d'autres échanges seraient prévus pour décrisper l'atmosphère entre la société et les habitants.

Fulbert Nana

(Correspondant)

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