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Situation nationale : Un coup d’Etat déjoué au Burkina selon les autorités

| 24.10.2016
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Le Ministre d’Etat, Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité Intérieure, Simon Compaoré a présidé le jeudi 6 octobre 2016 à Kongoussi, province du Bam, la rencontre de présentation du rapport d’investigation sur les lotissements des secteurs 1 et 5 de ladite commune. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© Ministère
Le Ministre d’Etat, Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité Intérieure, Simon Compaoré a présidé le jeudi 6 octobre 2016 à Kongoussi, province du Bam, la rencontre de présentation du rapport d’investigation sur les lotissements des secteurs 1 et 5 de ladite commune. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
« Une tentative de coup d’Etat déjoué au Burkina Faso », c’est la principale annonce faite par le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré, lors d’une conférence de presse le vendredi 21 octobre 2016, à la mairie centrale de Ouagadougou. Le premier flic du pays est également revenu sur les attaques sur Intangom le 12 octobre dernier.


Sans nul doute, c’est une conférence de presse dont le compte rendu occupera la une des journaux au regard de l’importance et même de la gravité du sujet, du rang du conférencier et de la présence de la haute hiérarchie des forces de défense et de sécurité. La preuve, le grand nombre de journalistes de la presse nationale et internationale.

Sans détour, le chef de la sécurité a présenté les résultats de leurs enquêtes sur ce que l’on appelle les évènements survenus sur le pont Nazinon. « Il ressort que les quatre suspects sont un groupe de militaires de l’ex-RSP dont trois sont des déserteurs recherchés pour leur participation àl’attaque de la poudrière de l’Armée à Yimdi en janvier 2016. Ils revenaient d’un pays voisin pour participer à une action d’atteinte à la sûreté de l’Etat ».

Alors que jusque-là il n’y a rien de nouveau dans ce que vient d’annoncer le ministre Simon Compaoré, voilà que ce dernier va faire une révélation aussi grave qu’inattendue : en effet, il a indiqué qu’après investigations, la police judiciaire a découvert la préparation en cours d’un vaste complot visant la déstabilisation des institutions de la République et la prise du pouvoir par la force des armes.

« Selon les dénonciations de certains membres du groupe, l’adjudant-chef Coulibaly Gaston, secondé par le sergent Zerbo Kalifa et le soldat de 1re classe Yélémou Issaka, tous de l’ex-RSP, ont travaillé à recruter une trentaine de militaires ex-RSP à qui ils ont tenté de faire croire que la grande muette les marginalisait », a confié le conférencier avant de préciser : « Les objectifs de ce groupe d’environ trente (30) hommes, composés essentiellement de sous-officiers et de militaires du rang de l’ex-RSP étaient de: attaquer la caserne de la Gendarmerie à Ouagadougou, attaquer la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) pour libérer les détenus ; séquestrer certaines autorités ; s’attaquer à la présidence à Kosyam pour prendre le pouvoir par les armes. L’opération devait avoir lieu le samedi 08 octobre à minuit ». Autant dire qu’un coup d’Etat en gestation a été tué dans l’œuf.

Toujours selon le ministre de la Sécurité, assisté à cette occasion du Chef d’état-major général des Armées, le général Pingrénoma Zagré, du Chef d’état-major de la Gendarmerie, le colonel Tuandaba Marcel Coulibaly, et du Directeur général de la Police nationale, Lazare Tarpaga, après la mise en échec de cette opération de déstabilisation, l’adjudant-chef Coulibaly Gaston, chef des opérations, aurait activé un plan B qui consistait à créer une mutinerie dans l’armée prévue pour le dimanche 9 octobre à minuit. Mais là encore, échec grâce à « la prompte réaction du commandement militaire ».

Toujours dans la déclaration liminaire, le patron de la sécurité intérieure a annoncé que, selon les aveux de certains complices, le cerveau de l’opération projetait un plan C, c’est-à-dire de « créer une rébellion en opposant les différentes entités de l’armée par des actions de désinformation via les réseaux sociaux et directement dans les casernes ».

Le bilan des enquêtes et des perquisitions

A la date du 21 octobre, le bilan des enquêtes et des perquisitions faisait état de 32 militaires entendus ; 19 militaires en garde à vue dont 10 ont déjà été déférés et présentés au commissaire du gouvernement ; 10 civils entendus ; une personne toujours en fuite, en l’occurrence l’adjudant-chef Coulibaly Gaston ; de matériel militaire saisi, à savoir un fusil kalachnikov, 6 chargeurs garnis et plusieurs centaines de cartouches. Selon le ministre de la Sécurité intérieure, les investigations se poursuivent et d’autres interpellations ou saisies ne sont pas exclues dans les jours à venir.

L’autre grand sujet abordé à cette rencontre a été l’attaque du poste avancé d’Intangom, localité située dans l’extrême-nord du Burkina à cinq kilomètres de la frontière malienne.

L’affrontement meurtrier est survenu le 12 octobre entre 5 heures et 9 heures et a fait six morts soit quatre militaires burkinabè et deux civils (1).

Les forces de défense et de sécurité se sont-elles déployées tardivement sur le champ de bataille comme le pensent certains ? « En une heure, un détachement était déjà sur les lieux. Cependant, sachez que la rapidité est liée aux moyens que nous utilisons pour nous déplacer », a rétorqué le Chef d’état-major général des Armées, le général Pingrénoma Zagré.

Sur les escarmouches signalées à Kéréboulé, bourgade située dans la commune de Nassoumbou, à 70 km de Djibo dans la province du Soum et à 40 km du Mali, il s’agirait d’affrontement entre Koglwéogo et assaillants venus du Nord pour exprimer leurs désaccords vis-à-vis des amendes fixées par ces groupes d’auto-défense. Un détachement y a été envoyé pour sécuriser les lieux et permettre la poursuite des activités.

Simon est-il l’homme de la situation ?

« Sommes-nous réellement en sécurité ? », « Les FDS sont-elles vraiment qualifiées pour protéger ce pays et ses habitants ? », « Quelles sont les stratégies que nous développons pour ce faire ? », « Collaborons-nous avec les pays voisins ? » Autant de questions qui se sont abattues sur le premier flic du pays, lequel n’a jamais été en retard d’une réponse comme à son habitude.

Un brin agacé, il finit par lâcher : « c’est facile de rester à Ouagadougou et de juger le travail de ceux qui font des sorties sur le terrain » avant de considérer l’arrestation des quatre ex-RSP comme la preuve que le pays est bien gardé. « Ne travaillons pas à saper le moral des troupes, nous devons être solidaires. Nous sommes en contact avec les nations voisines, nous échangeons des informations mais nous ne pouvons pas vous en dire plus. Evitons le one man show, ne dévoilons pas nos tactiques à l’ennemi pour qu’il puisse prendre ses dispositions », a-t-il signifié.

A la question de savoir s’il est l’homme de la situation, surtout que des voix se sont élevées dans le milieu de la société civile pour exiger son remplacement à la tête d’un ministère aussi sensible, Simon est resté... Simon : « Je n’ai pas été nommé par une OSC mais par une autorité qui en a la capacité. Point barre ».

Zalissa Soré

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