Le premier hôtel que nous avons eu à visiter est Palm Beach, situé sur l’avenue Kwamé N’Krumah, à quelques mètres du lieu de l’attentat. Arrivée sur place, c’est un agent de la sécurité qui nous accueille, avant de nous diriger vers celui qui est en charge de l’hôtel, en l’absence des responsables. Et c’est ainsi que nous avons pu nous entretenir avec Abdoul Karim Sédogo, chef de la réception de l’hôtel. Pour ce dernier, l’attentat a été terrible et même horrible, mais de leur côté, il y a eu plus de peur que de mal, car aucun dégât n’a été enregistré. Revenant sur la question sécuritaire, il nous a fait savoir qu’avant ces tristes évènements, l’institution hôtelière ne disposait d’aucun dispositif sécuritaire. «Nous étions seulement gardés par un simple vigile et même cela était du fait de la sécurité du parking», précise-t-il. Il faut rappeler que suite à l’attaque, les autorités, notamment le ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure, Simon Compaoré, avait tenu à rencontrer les gérants des hôtels pour qu’ils puissent ensemble, trouver des stratégies pour éventuellement, renforcer les dispositifs de sécurité. Effectivement, il en était ressorti que des forces de sécurité dont des gendarmes ou des policiers allaient être déployés pour venir en renfort aux vigiles employés à cet effet. Mais malheureusement, souligne M. Sédogo, jusque-là, aucune force de sécurité n’a été dépêchée par les autorités compétentes. «Le vigile que vous avez trouvé à la porte, ne possède qu’un petit scanner détecteur de métaux et un simple pistolet. Que peuvent faire ces objets-là contre l’arsenal déployé le plus souvent, par les terroristes ?» assène le chef réceptionniste de l’«hôtel Palm Beach». En outre, un appel a été lancé au ministre à revoir ce qui avait été décidé, lors de la rencontre passée, car ce ne sera qu’à ce prix que les gens arriveront mieux à surmonter leur peur, pour plus d’affluence dans les hôtels. Le constat que nous avons eu effectivement à faire, c’est que la réception n’était pas grouillante de monde comme à l’accoutumée. Rejoignant la guérite où était toujours posté le vigile qui a eu à nous fouiller avant de nous y introduire, ce sont les mêmes plaintes qui se font entendre aussi, de ce côté. Selon Adama Lougué, agent de la sécurité, ils essaient, tant bien que mal, de veiller, de jour comme de nuit, à la sécurité de l’hôtel, mais ce n’est pas facile, au vu des armes dont ils disposent. «Nous voulons un renfort de policiers ou de gendarmes, car nous- mêmes ne nous sentons pas en sécurité», ne manque-t-il pas d’affirmer, avant de nous dire au revoir.
Pendant que d’aucuns s’offusquent de n’avoir aucune force de sécurité, il en a plusieurs chez certains
«Bravia Hôtel», un nouvel hôtel du groupe Satguru qui, même n’ayant pas encore fait son inauguration officielle, impressionne par son dispositif de sécurité. Là, ce sont des policiers de la Brigade anti-criminalité (BAC) qui vous accueillent à environ 10 mètres de l’entrée de cet imposant bâtiment. Vraiment rien à dire sur le dispositif de sécurité à ce niveau, car avant même de pouvoir nous adresser à quelqu’un, nous avons été fouillée au moins 3 fois à 3 niveaux de sécurité différents. A la question de savoir si cela a toujours été ainsi, ou si cela résulte des attentas terroristes, un des agents de la sécurité nous répondit que «depuis l’ouverture de l’institution et depuis que Bravia a eu ses premiers clients, c’est ainsi pour les clients, eux-mêmes les employés, ainsi que les visiteurs». Des faits qui amènent Amadou Niakary Diop, directeur d’exploitation, à nous faire savoir qu’il n’avait plus rien à dire concernant le dispositif de sécurité de l’hôtel, car on vient d’en être témoin. «L’hôtel est ouvert depuis des mois, mais peut-être parce qu’on n’a pas encore procédé à l’ouverture officielle, il n’y a pas tellement d’affluence, car nous ne tournons au maximum qu’avec 20 chambres», explique le directeur d’exploitation. Et de poursuivre que les attaques terroristes du mois de janvier y sont aussi pour quelque chose, mais on doit se dire que ce sont des choses qui peuvent arriver à n’importe quel pays. «Mais, je pense que ce qu’il faut, c’est se prémunir, former les gens à réagir de façon positive, quand des évènements pareils surviennent. Si ces choses peuvent se produire dans certains pays développés du monde, ce ne sont pas nos pays qui resteront en marge de cela», souligne M. Diop. Pour ce qui est de la sécurité, on a voulu savoir comment ils se sont débrouillés pour avoir la BAC au sein de leur local, alors que certains hôtels décrient le fait que le gouvernement n’a déployé aucune force de sécurité pour les soutenir. «Peut-être que nous sommes plus débrouillards que les autres», lance-t-il, avec un brin d’humour. Et de préciser qu’il est vrai qu’il a eu à assister à la rencontre avec le Ministère de la sécurité, évoquant la brigade de veille qui sera déployée dans les hôtels par le gouvernement, mais même avec cela, ils ont dû faire des pieds et des mains pour avoir gain de cause. Et de conclure qu’actuellement, il dispose de 8 personnes au niveau de la protection civile et de 3 membres de la BAC.
Même les dispositifs de sécurité ne peuvent rien contre les terrorites
Ensuite, c’est vers «l’Hôtel Pacific» que nous nous sommes dirigée. En ce lieu, c’est une jeune femme, vêtue d’une tenue de sécurité, qui a demandé à voir à l’intérieur du sac qu’on tenait et rien d’autre. Demandant à nous entretenir avec les responsables, on nous fit savoir qu’ils sont en réunion et qu’on devait attendre. Chose qu’on ne fit pas. Même scénario à «Faso Hôtel», juste un coup d’œil à l’intérieur du sac et c’est tout. «Nous, on ne sera pas fouillé ?» lui demandons-nous. Et de répondre que cela n’était pas nécessaire. Ici aussi, les patrons ne sont pas là pour nous recevoir. Mais avant de rentrer, on décida de nous arrêter à quelques restaurants fréquentés, la plupart du temps, par des Européens pour voir ce qu’il en était. La gérante du glacier «Festival des glaces» nous fait savoir qu’effectivement après les attaques terroristes, ils avaient procédé à la mise en place d’un dispositif sécuritaire, fouillant les sacs des clients, «mais cela n’était pas du goût de tout le monde, donc on a dû arrêter» dit-elle. Et un serveur de rétorquer qu’on ne peut pas passer le temps à fouiller des gens qui viennent pour manger, comme si c’est dans une banque. «Et pourtant, la cible des terroristes a été un coin comme celui-là», ne manquons nous pas de lui rappeler. Au restaurant «Chez Simon», c’est un gérant assis devant des écrans de surveillance que nous avons rencontré. «Nous n’avons mis en place aucun dispositif sécuritaire, nous avons juste fait un peu de prévention, car je pense qu’on est impuissant, quel que soit le système qu’on met en place, notre priorité, c’est plus de trouver des issues par lesquelles nos clients et nos travailleurs pourront s’échapper, en cas d’attaque», déclare Muriel Berg. Selon lui, la mise en place de ces systèmes de sécurité ne sera pas effective, à tout moment. Ils ne dureront que pendant quelques mois et après, on n’en parlera plus, et pourtant, c’est en ce moment, que les terroristes pourront frapper de nouveau.
Larissa KABORE