Qu’est-ce qui explique cette présence permanente de la police municipale ces derniers temps aux principaux carrefours de la ville ?
Je vous dirai d’abord que la police municipale est une entité au service de la population. Nous sommes investis d’une mission visant à assurer le bien-être des populations, la sécurité des usagers et des populations et à faire respecter la réglementation dans différents domaines comme la circulation routière. Nous menons actuellement des actions de contrôle et c’est ce qui explique notre présence quotidienne et surtout pacifique aux carrefours de la ville. Nous sensibilisons les gens afin de les amener à adopter des comportements citoyens.
Quelles sont les infractions que vous constatez le plus souvent ?
Pour ce qui est des constats liés aux infractions, il faut dire d’abord que nous intervenons dans cinq cadres juridiques : la sécurité publique, la tranquillité publique, la salubrité publique, le bon ordre et l’esthétique environnementale. Mais ces derniers jours, nous sommes beaucoup plus orientés vers les signaux routiers, le respect de l’éclairage des engins, les documents des véhicules et aussi les nuisances.
Quel bilan pouvez-vous faire des actions que vous avez déjà menées ?
En terme de bilan, nous tirons d’abord une satisfaction morale du fait que la tendance est à la baisse pour ce qui concerne les saisies que nous opérons au cours de nos contrôles. C’est une satisfaction pour nous parce que nous constatons qu’il y a une diminution des infractions que nous réprimons. Ce qui pourrait alors signifier que les usagers sont réceptifs aux messages même si des efforts restent encore à faire pour amener ces brebis galeuses à se ranger. Pendant la période du mois d’août, nous avons saisi au total 560 engins à deux roues pour défaut de plaque, de feux rouges, de non-respect des signaux ou encore pour manque de documents. Dans ce lot il y a une vingtaine qui seraient des engins volés. Nous avons également saisi 72 véhicules à quatre roues et 116 tricycles. C’est pour vous dire qu’il y a vraiment du travail qui se fait sur le terrain. Et tout cela dans un esprit citoyen pour faire comprendre aux usagers que la police municipale mène un travail d’intérêt public et aussi faire comprendre aux usagers la nécessité pour eux de se conformer à la réglementation et au code de la route. Je vous apprends même qu’il y a d’honnêtes citoyens qui s’arrêtent pour nous encourager pour le travail que nous faisons. Malgré tout, nous continuons à constater des cas d’incivisme. Je félicite d’ailleurs mes éléments qui arrivent à se contenir face à ces réactions négatives dont ils font souvent l’objet dans l’exercice de leur fonction.
Parlant de réactions négatives, est-ce qu’on a connu à Bobo des situations comme celle de ce policier renversé par un usager à Ouagadougou ?
Je dirai même que c’est à Bobo que cela a commencé. Vous vous rappelez certainement cette offensive qu’on avait lancée contre les conducteurs de tricycles qui n’étaient pas en règle vis-à-vis de l’Administration. Un de mes éléments a été renversé sur la voie publique et il s’en est sorti avec une fracture au genou. Des éléments ont été dans le cadre de cette opération agressés par des conducteurs de tricycles. Mais nous avons toujours opté pour le dialogue et la compréhension de façon à apaiser la tension entre ces usagers et la police municipale. Notre principe est de toujours communiquer avec la population pour se faire comprendre avant d’engager toute action. Nous menons actuellement des communications de proximité et des sensibilisations auprès de certaines associations de la ville afin qu’elles apportent leur concours à cette lutte que nous menons contre l’incivisme.
Entre la police municipale et les conducteurs de tricycles de la ville et Sya, ce n’est vraiment pas le parfait amour. Qu’en est-il exactement ?
Nous leur demandons simplement le respect de la réglementation. Parce que le décret 2012/559 du 05 juillet 2012 prévoit que ces conducteurs ne doivent pas transporter des humains. Les tricycles ont été aménagés pour le transport des marchandises et non des passagers. Mais nous constatons qu’à Bobo ce décret est loin d’être respecté et cela perdure. C’est ce que nous tentons de faire comprendre aux conducteurs de tricycles mais on n’est pas toujours compris. Vous voyez que rien que le mois d’août nous avons saisie 116 tricycles pour la même infraction. La plupart des conducteurs de tricycles en réalité n’en sont que des locataires. Parce que les vrais propriétaires, avides de gain facile, louent ces véhicules à ces jeunes moyennant une certaine somme d’argent. Ces conducteurs qui louent donc ces tricycles ont l’obligation de verser au propriétaire les frais de location journaliers qui tournent généralement autour de 6 000 F avant d’espérer engranger leur part de marché. Ce transport des passagers est en train de devenir un gagne-pain pour ces jeunes et il est très difficile en pareille circonstance de les ramener à la raison.
Il y a aussi l’usage du téléphone en circulation qui est considéré comme une infraction. Mais cela semble surprendre beaucoup d’usagers de la route dans la ville de Sya.
Le téléphone ou tout autre appareil électronique au volant sont interdits. C’est l’article 3 du décret 2003-418 du 12 août 2003 qui le dit. Maintenant que nous sommes orientés sur la répression des infractions, nous avons pris en compte ce décret qui existe depuis bien longtemps. Concernant cet aspect on essaie toujours de communiquer en faisant comprendre aux usagers que l’usage du téléphone en circulation est une infraction. Cela surprend beaucoup d’usagers, mais je pense qu’avec le temps ils comprendront.
Si vous avez un conseil à donner aux usagers de la route de la ville de Sya que leur diriez-vous ?
Il faut d’abord renvoyer chacun à l’étude du code de la route. Le code a toujours insisté sur la prudence en matière de circulation et c’est cet aspect surtout qui manque à bon ombre de nos usagers. Je demande aussi aux parents d’élèves qui payent des engins à leurs enfants d’être de véritables éducateurs en apprenant à leurs progénitures l’obligation de respecter le code. L’administration à elle seule ne peut pas lutter contre l’incivisme en matière de circulation. Nous demandons la participation communautaire pour lutter contre l’insécurité routière. C’est un phénomène qui est bien réel et qui malheureusement continue de faire de nombreuses victimes.
Propos recueillis par
Jonas Apollinaire Kaboré