La Maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) entre de plus en plus dans l'actualité, la dernière en date étant la tentative d'immolation d'un assistant GSP du nom de Hyppolite Bado. La situation qu'avait décriée le GSP semble avoir contaminé tout le corps, du moins ceux qui sont en fonction à la MACO. En fin de matinée ce 13 juillet 2013, un coup de fil nous a informé d'un mouvement au sein de la MACO. C'était aux environs de 12h. Nous nous sommes déportés sur les lieux. Difficile de trouver un interlocuteur. L'on nous fera savoir que ceux qui peuvent parler sont en rencontre. Mais de quelle rencontre s'agit-il ? Encore rien. C'est après de longues minutes d'attente et dans l'incertitude qu'un agent GSP qui a requis l'anonymat nous expliquera ce qui se passe. « Nous sommes en arrêt de travail depuis ce matin » (ndlr : 13 juillet 2013). Et « il s'agit des conditions de travail et de vie », nous confiera plus tard l'agent. Selon lui, la situation n'est pas bonne depuis longtemps. Malgré tout, les agents ont toujours privilégié la voie légale pour se faire entendre, contrairement à d'autres qui ont utilisé « leur manière » pour le faire. Certes, les agents ne nient pas la volonté de dialogue de la part de la hiérarchie, mais l'attente semble avoir duré. « Nous avons apprécié cela », mais à la fin « il y a eu des promesses ; nous y avons cru mais on a compris plus tard que ceux qui ont été plus exigeants, ont obtenu de meilleurs traitements alors que nous, nous ne voulions agir ainsi ».
288 heures de travail par mois
Etant des agents de la Fonction publique, les GSP devaient avoir 40 heures de travail par semaine. Mais dans la pratique, ceux-ci vont au-delà. Notre interlocuteur explique : « Au lieu de 40 heures par semaine, nous en faisons 72. Ce qui fait que dans le mois nous avons 288 heures de travail pendant que la Fonction publique en prescrit 160 ; et on nous demande d'être traités au même titre que les autres agents de la Fonction publique », dit-il, indigné. Tous les maux, selon le GSP, viennent de là. « C'est pour cela que nous avons demandé nous aussi un traitement particulier ». Si la hiérarchie estime que cela est nécessaire, « qu'elle nous donne un statut particulier à l'issue ; ce serait vraiment le bienvenu ».
Il est, par la suite, revenu sur les conditions de travail à la MACO, qui ne dispose que d'un seul véhicule d'escorte, même si dans les autres maisons d'arrêt, « ils le font à pied ».
L'arrêt de travail a débuté très tôt dans la matinée du 13 juillet 2013, mais pour la fin, « nous n'en savons rien. Il y a des autorités (directeur général de la Garde de sécurité pénitentiaire, le directeur régional, des chefs de service et le secrétaire général du ministère de la Justice) qui sont venues échanger avec nous ici (MACO) et c'est à l'issue de cette rencontre qu'on verra ».
Dans la soirée, ayant joint un GSP au téléphone, ce dernier nous fera comprendre que le mot d'ordre a été levé et qu'un terrain d'entente a été trouvé. Certes, cela ne signifie pas qu'il y a eu satisfaction sur-le-champ, mais il y a des garanties. Les informations qui ont été communiquées, selon lui, leur permettent de lever le mot d'ordre d'arrêt de travail. C'est le même son de cloche du côté de la direction générale de la GSP. Egalement joint au téléphone pour savoir s'il y a eu un terrain d'entente, le directeur général a répondu que c'est la position du gouvernement qui a été communiquée aux agents. Le gouvernement, en effet, est en train de se pencher sur la question des indemnités de tous les agents de la Fonction publique, et celles des agents GSP en feront partie, a-t-il dit. Le directeur général a, en outre, confié qu'il a été tenu un langage de vérité aux GSP de la MACO. Pour lui, les revendications doivent s'inscrire dans le cadre syndical. Il a demandé à ce que, s'il y a des « acolytes » des GSP dans d'autres localités, que cela entre dans le cadre d'une lutte syndicale. Il a terminé en disant qu'il est important de suivre la voie légale.
A propos de la tentative d'immolation de l'assistant GSP Hyppolite Bado, notre interlocuteur GSP a fait savoir qu'il s'agit d'un acte individuel mais qu'« il a évoqué des raisons qui concernent tous les éléments de notre corps ».
Aimé NABALOUM