Koglwéogo: un mal à recadrer pour être maîtrisable

| 22.02.2016
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Koglwéogo: un mal à recadrer pour être maîtrisable
© DR / Autre Presse
Koglwéogo: un mal à recadrer pour être maîtrisable
L’idée de police de proximité portée par l’ancien régime a d’abord suscité des appréhensions somme toute naturelles, avant que son application sur le terrain, même si ses résultats peuvent être diversement appréciés, finisse par rassurer plus ou moins. L’on n’a en tout cas pas eu vent d’exactions que cette police aurait fait subir à des Burkinabè. Ce qui n’est vraiment pas le cas des Koglwéogo dont on semble parler plus en mal qu’en bien, au regard des nombreuses voix qui s’élèvent pour demander leur dissolution.


Il faut malgré tout reconnaître que, tout comme la police de proximité, les Koglwéogo sont nécessaires en ce sens que les forces de défense et de sécurité (FDS) toutes seules ne peuvent pas maîtriser tous les recoins du pays. Trouver parmi les populations elles-mêmes, d’où viennent et où vivent les malfrats, des représentants pour aider les FDS dans leur mission est une bonne idée en soi. Il reste à savoir, comme on l’a fait avec la police de proximité, limiter les attributions de ces aides pour éviter qu’elles soient tentées de se substituer aux FDS, de leur faire ombrage ou de faire obstruction à leurs tâches en posant des actes aussi répréhensibles que celui qui a conduit à la mort du repris de justice de Sapouy. Cela fait d’ailleurs un doublon gênant de voir que nonobstant l’existence d’agents formés et assermentés de police et de justice habilités à interpeller et à juger, des civils qui n’ont prêté aucun serment ni n’ont reçu aucune formation puissent arrêter, juger, condamner et faire subir des peines à d’autres civils sans se fonder sur aucun cadre ni aucun principe, règlement ou aucune loi.

Il urge de recadrer utilement les Koglwéogo en limitant clairement leurs missions à celles de renseignement et de collaboration avec les FDS et la justice. La police, la gendarmerie et éventuellement l’armée doivent être les seules forces habilitées à interpeller tout citoyen suspect. La justice doit détenir seul le pouvoir de juger et de condamner les prévenus. Les FDS sont enfin les seules forces habilitées à user de la violence légale pour faire exécuter les décisions de justice. Tout au plus, en cas de besoin, les FDS en insuffisance numérique ou le juge pour éviter que des suspects s’enfuient en cas d’impossibilité de les faire appréhender diligemment par les FDS, peuvent avoir recours aux Koglwéogo pour leur porter main forte. Mais ces derniers doivent attendre que la demande des FDS ou de la justice leur soit expressément adressée avant d’intervenir sous leurs ordres.

S’y prendre autrement serait, comme d’aucuns l’ont prévenu sur les réseaux sociaux, prendre le risque de créer des milices latentes qui pourraient s’avérer plus dangereux que le RSP. Les Koglwéogo eux-mêmes ont, du reste, donné un avertissement sans frais aux autorités en tenant tête aux FDS à Sapouy, obligeant ces dernières à négocier pour pouvoir entendre leurs responsables dans le cadre de l’enquête sur la mort de celui qu’ils ont maltraité. Et s’ils peuvent détenir des armes pour leur protection personnelle, comme tout agent de renseignement, il doit être clairement précisé sur leurs permis de port d’armes qu’ils ne doivent en aucun cas s’en servir pour arrêter ou menacer qui que ce soit qui ne menace pas leur vie. Toute autre solution qui laisserait les Koglwéogo se comporter comme ils le font maintenant aura le même effet qu’un cautère sur une jambe de bois.

Les Echos du Faso

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