Conflit entre agriculteurs et éleveurs à Diebougou :1 mort, des maisons et des récoltes incendiées

| 12.11.2013
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Bougouriba : Altercation entre agriculteurs et éleveurs
© DR / Autre Presse
Bougouriba : Altercation entre agriculteurs et éleveurs
Le village de Danko-Tanzou a été agité dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 novembre dernier à cause d'un affrontement entre des éleveurs et des agriculteurs. On dénombre un mort, des blessés, des maisons et des récoltes brûlées. Toute la journée du samedi, la gendarmerie, la mairie et la préfecture de Diébougou ont fait des pieds et des mains pour ramener le calme. Nous nous sommes rendus sur les lieux et nous sommes tombés sur une course-poursuite entre un éleveur et des agriculteurs.

On croyait les démons de la violence hors de la province de la Bougouriba, avec les multiples rencontres entre éleveurs et agriculteurs au début de chaque saison des pluies. Ce n'était qu'une accalmie qui a été troublée dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 novembre 2013 dans le village de Danko-Tanzou. En effet, ce village rattaché à la commune de Diébougou a été le théâtre d'affrontements entre agriculteurs et éleveurs. Tout serait parti d'une rixe entre un agriculteur et quatre éleveurs, nous a confié Bolokou Da, un témoin sur place que nous avons rencontré à notre arrivée le samedi aux environs de 8h. « L'agriculteur surveillait son champ lorsqu'il a surpris des bœufs qui le dévastaient. Il a allumé sa torche et quatre éleveurs sont sortis de la brousse. S'en est suivie une explication qui a viré à la bagarre. L'agriculteur a reçu un coup de machette sur le bras et il a répliqué en donnant un coup de gourdin à l'un d'entre eux. Il a reçu un deuxième coup de machette sur le front mais avant de perdre connaissance, il a appelé au secours et des gens ont accouru », nous a expliqué notre témoin. En représailles, les agriculteurs ont incendié des maisons et des récoltes des éleveurs. Malheureusement, un homme âgé de 80 ans, qui a refusé de suivre ses enfants dans la fuite, a été tué. L'un des blessés, Oumarou Tall, que nous avons vu au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Bapla, était sans voix. Notre tentative pour comprendre ce qui s'est passé a été vaine car il nous a regardé sans mot dire. Nous avons demandé à rencontrer l'autre blessé, mais l'infirmier chef de poste de Bapla, Jérémie Nikiéma, nous a confié que pour des raisons de sécurité, il a été soigné et conduit à la maison. Somboumo Da, puisque c'est de lui qu'il s'agit, souffre d'une lésion linéaire frontale et d'une lésion linéaire ouverte au niveau du bras gauche de 4 cm de long et 2 cm de profondeur, nous a confié Jérémie Nikiéma. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la journée a été mouvementée à Danko-Tanzou. Le 1er adjoint au maire de Diébougou, Sorewine Kambiré, et le préfet de Diébougou, Abdoulaye Zéba, qui ont rejoint le village de Danko-Tanzou après un tour au CSPS de Bapla, ont marqué leur indignation et appelé au calme et à la retenue. La gendarmerie, qui était sur les lieux avant notre arrivée, a initié une rencontre avec des populations.

Des rencontres entre agriculteurs et éleveurs

Le commandant de la Brigade territoriale de Diébougou, Sangouon Sanou, a d'abord dépassionné les débats avant de convaincre les agriculteurs à rechercher les animaux des éleveurs. Pour lui, c'est même dans l'intérêt des agriculteurs car les troupeaux en errance peuvent encore détruire des champs. Les présidents des comités villageois de développement (CVD) ont été sollicités pour garder les animaux dès qu'on les aura retrouvés. On croyait, à ce moment, peu à peu la crise derrière nous. Nous décidons de faire route pour voir les concessions brûlées avec notre témoin Bolokou Da, devenu pour la circonstance notre guide. Une fois sur les lieux, c'était toujours des récoltes et des toits de maison qui se consumaient lentement. Pendant que nous prenions des photos, une voix en détresse se fit entendre au loin. Quelque temps après, la voix se fit plus proche : celle d'un homme pourchassé par d'autres. Celui-ci a continué à crier à gorge déployée, visiblement essoufflé. L'éventualité qu'il soit agressé se précisant davantage, nous avons suggéré à notre guide d'intervenir, car il semblait connaître les poursuivants. Il s'est exécuté en l'appelant vers notre direction. Il s'est interposé entre l'homme et les poursuivants et il a été confié à la gendarmerie quelques instants plus tard. Dans la soirée, des femmes ainsi que des enfants ont été placés sous la protection de la Brigade de gendarmerie en attendant leur prise en charge par l'Action sociale. Toujours dans la même soirée, nous avons appris par certains usagers de la route nationale 12 qui traverse la ville de Diébougou pour Gaoua, que des populations procédaient à des fouilles dans les véhicules. Pour résoudre le problème, un comité de crise a été mis sur pied. Il est dirigé par le haut-commissaire de la Bougouriba, Mahamad Michara. Pour le préfet de Diébougou, Abdoulaye Zéba, il faut agir longtemps sur les consciences pour changer les mentalités. Les rencontres occasionnelles entre éleveurs et agriculteurs ont des limites, a-t-il poursuivi. Des éleveurs et des agriculteurs, a-t-il laissé entendre, se sont donné la main pour rechercher les animaux. A son avis, c'est un signe que le dialogue reste possible pour un retour au calme.

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