Il était environ 20h lorsque la boutique a été la cible des bandits. Arrivés sur une moto, selon nos sources, un des bandits attendait dehors tandis que le second faisait irruption dans la boutique, prenant en otage le propriétaire et quelques clients. « J'ai quitté mon boulot vers 20h et un collaborateur du boutiquier m'a remis une commission que je devais lui transmettre. J'ai continué directement remettre cet argent et quand nous avons fini de faire les comptes nous étions en train d'échanger quand un individu est entré dans la boutique. Il a sorti son arme immédiatement, sommant le boutiquier de lui remettre l'argent. Ce dernier a tenté de s'interposer et ils se sont empoignés derrière le comptoir et le bandit a commencé à tirer.
Quand il est rentré, il nous a d'abord sommés de sortir et lorsque nous avons voulu le faire, il nous en a empêchés en tirant en l'air. C'est pendant leur empoignade que nous avons tenté de fuir ; il a commencé à nous arroser. Nous avons été atteints par les balles mais le boutiquier est sorti indemne», a relaté une victime qui travaille au barrage de Moussodougou. Quatre victimes ont été atteintes par les tirs dont une à la tête et au dos qui a rendu l'âme sur-le-champ. «Il n'a même pas eu le temps d'agoniser», a précisé cette victime.
Les trois autres victimes ont été évacuées au CSPS de la localité avant d'être transférées au centre hospitalier régional (CHR) de Banfora la même nuit, où elles ont reçu des soins. Mais, dans la matinée du 9 avril, ces victimes ont toutes été évacuées au CHU de Bobo-Dioulasso. Selon les médecins du CHR de Banfora, les balles n'ont pas pu traverser leurs corps. Un aurait une balle dans le ventre, et parmi les deux autres, un a une balle dans sa cuisse gauche et l'autre dans sa cuisse droite qui a été littéralement broyée. L'une des victimes a 26 ans, la seconde 30 et la dernière 32 ans ; elles devront être opérées à Sya afin d'extraire les projectiles. Leurs vies ne seraient pas en danger, selon les médecins.
Alertée, la gendarmerie s'est rendue la même nuit à Moussodougou où elle a quadrillé sans succès la zone. « Nous quadrillons la zone, nous passons au peigne fin les forêts », a indiqué le commandant de la gendarmerie de Banfora, le lieutenant Clément Ilboudo. Vers 9h ce 9 avril, des patrouilles sont parties à Moussodougou en vue de relever les éléments de la première patrouille qui étaient « actuellement fatigués. Ils viendront se reposer avant de répartir », a ajouté ce commandant qui a admis que « c'est chaud seulement », sans autres détails sur l'attaque.
Mais des sources indiquent que les bandits étaient munis de pistolets automatiques et que ce n'est pas la première attaque. Le samedi 4 avril 2015, une autre boutique aurait été attaquée à Mondon sans faire de victime. A Mondon, comme à Moussodougou, ces malfrats sont repartis avec des sous dont le montant reste encore à déterminer. A Moussodougou, le coffre a été emporté contenant toute la recette du jour coïncidant avec le jour de marché de la localité. Cette somme serait évaluée à plus d'un million de francs CFA.
Luc Ouattara
