Les Koglwéogo comme le RSP?

| 14.03.2016
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Les Koglwéogo comme le RSP?
© DR / Autre Presse
Les Koglwéogo comme le RSP?
Tout comme la dissolution du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’existence des groupes d’autodéfense appelés Koglwéogo en langue nationale mooré divise les Burkinabè. Les uns sont pour leur maintien, les modérés sont pour une existence encadrée et une autre frange ne veut même pas en entendre parler.


L’ex-RSP a aussi surfé sur ces vagues avant de couler lui-même le bateau sur lequel il voguait. Car le coup d’Etat déjoué du 17 septembre 2015 a été la goutte d’eau qui a fait couler la barque, la signature de son acte de décès. Avant cela, il y a eu ‘’le mauvais quart d’heure’’ que le Premier ministre Zida a passé au Camp Naaba Koom 2, au milieu de ses camarades en décembre 2014.

Il est également intervenue la menace de capture de Zida, ce qui a eu pour effet l’annulation de la tenue d’un Conseil des ministres et la retraite de Zida chez le Moogho Naaba.
Il y a eu le départ du ministre Auguste Denise Barry du gouvernement sur exigence du RSP. Puis vint la tentative du ‘’coup d’Etat le plus bête du monde’’, d’après certains observateurs de la scène politique. Là, c’en était trop!

En effet, depuis le ‘’maquis’’ où il se trouvait, le président du Conseil national de la Transition, le parlement de l’époque, Chériff Sy, chef de l’Etat par intérim (le président Kafando, son Premier ministre Zida et deux de leurs ministres étaient retenus en otages par les ‘’insoumis’’ du RSP), avait prononcé la dissolution du corps. Et la première décision du Conseil des ministres de la réinstallation du gouvernement de la Transition fut la prise de l’acte de dissolution du RSP et la ventilation de ses éléments aux quatre coins du pays.

Les Koglwéogo avaient également une existence tranquille, loin des projecteurs des caméras. Puis vint leur volonté de s’installer partout en campagne pour, disent-ils, lutter contre l’insécurité galopante. Les populations, surtout victimes des razzias et meurtres perpétrés par les bandits de grand chemin, les ont accueillis à bras ouverts. Une grande partie de l’opinion nationale également, puisque la puissance publique s’est montrée défaillante en la matière. Mais leurs méthodes qui furent portées à la connaissance du public ont braqué certains qui ne voulaient même pas en entendre parler. Au contraire de ceux qui voulaient une existence encadrée par des textes et de ceux qui veulent qu’on les laisse faire.

Les autorités politiques se sont également prononcées là-dessus. Elles sont favorables à leur existence moins les rôles d’officiers d’état civil et de juges qu’ils s’arrogent. Mais c’est mal connaître ces ‘’justiciers’’ qui s’en prennent même à l’autorité de l’Etat.

En effet, à Sapouy, puis tout récemment à Fada, des hordes entières ont voulu en découdre avec les forces de l’ordre et de sécurité pour soit exiger qu’on leur remit un présumé délinquant ou qu’on libérât des éléments Koglwéogo tombés sous le coup de la loi.

Pour notre part, nous avions souhaité qu’on les encadre pour aider à sécuriser les populations et leurs biens. Mais les deux cas suscités nous amènent à revoir notre position et à être pour leur interdiction.
Malgré les rappels à l’ordre des autorités, malgré les concertations, des Koglwéogo osent s’organiser pour attaquer des commissariats de polices et des brigades de gendarmerie. Ils défient ainsi l’autorité de l’Etat. Non! Ils font comme le RSP.

Ce qu’il faut craindre, c’est que, petit-à-petit, ils s’organisent encore plus, asseyent leur autorité sur des territoires de plus en plus grands qu’ils vont contrôler. Sur ces territoires, ils feront régner leur loi. Il suffit qu’ils prennent goût à la chose ou qu’ils soient adoubés, bien encadrés et armés par des forces politiques pour que l’inévitable se produise: une rébellion. Ils ne viendront plus dans les brigades avec des ‘’bougdandouilles’’. Ils viendront dans des automitrailleuses. Il vaut mieux prévenir que guérir.

L’Etat doit prendre toutes ses responsabilités qui sont de les interdire (en tout cas sévir contre leurs dérives) et assurer la sécurité intégrale des personnes et des biens partout sur le territoire national.

Les Echos du Faso

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