Nous voici en train d’aller à la gare de l’Est à Ouagadougou, pas pour un voyage, mais pour un fait de société. Arrivé sur les lieux, le décor est le même. La zone est pleine de monde comme tous les autres jours. Nous entrons dans la cour et tout de suite nous apercevons le véhicule estampillé télévision nationale. Donc pas besoin de beaucoup tourner.
Directement nous allons vers la boutique de dépôt et de retrait d’argent, victime de l’attaque à main armée. Nous patientons le temps que notre confrère finisse son interview. Une patience qui en valait la peine parce que les instants qui ont suivi, le propriétaire des lieux a fait son entrée dans la salle et nous a expliqué ce qui s’est passé.
5 500 000 emportés
« De retour de la prière, je suis entré dans ma boutique pour prendre mon sac. Dès que j’ai mis les pieds sur la terrasse, j’ai entendu des coups de feu. J’ai couru pour me mettre à l’abri. Je pensais être en sécurité quand deux individus armés, avec l’un une kalachnikov et l’autre une arme que j’ignore font leur apparition et me somme de donner l’argent sinon ils vont me tuer. Je me suis mis en exécution en ouvrant chaque coffre pour leur donner ce qu’ils veulent », relate le propriétaire de la boutique, Daouda Kougraogo Singbeogo.
Et d’indiquer qu’il a perdu la somme de cinq millions cinq cent mille francs (5 500 000 FCA) et son téléphone tactile de marque LG. Après le forfait, ils sont sortis par la porte annexe juchés sur une moto Sanilli sans plaque. La principale victime de cette agression pense ne pas pouvoir se relever après ce choc. Mais pour lui, il aurait eu comme une sorte de prospection.
« Aux environs de 18h 30, il y a une personne qui est venue dans ma boutique et m’a fait savoir qu’elle voulait payer un chargeur, je lui ai dit d’aller chez le petit (NDLR : commerçant de matériels électroniques). Il s’y est rendu et le gamin lui a affirmé que le chargeur coûte 1000 F. Cette personne lui a fait savoir qu’elle a 700 F et le petit commerçant lui a dit d’envoyer l’argent. Mais le monsieur a dit de laisser tomber et il est reparti», a-t-il ajouté.
Pas de perte en vie humaine
Les faits se sont déroulés autour de 18h 30 mn alors que les fidèles musulmans effectuaient la prière. Les tirs ont semé la panique dans la gare où règne très fréquemment la pagaille. «Au début, nous avions cru que ce sont des djihadistes qui sont là. C’était donc la débandade totale ici. Les gens couraient au hasard», raconte Abdoulaye Moné, transporteur.
Son souhait est qu’on renforce la sécurité de la gare avec des armes lourdes, parce que, dit-il, si c’était le cas ces bandits n’allaient pas avoir le courage d’entrer à l’intérieur pour un tel acte. Issaka Yoni, transporteur également, confie être toujours dans la peur parce qu’il ne sait pas quand est-ce que ces délinquants reviendront. Au regard du monde qu’il y a à la gare, le chef des lieux, Mahamadou Kargougou, remercie le Bon Dieu parce qu’ils n’ont pas enregistré de perte en vie humaine. Embouchant la même trompette que le premier routier, il souhaite un renforcement de la sécurité. «La police d’ici n’a même pas de machette avec elle», déplore-t-il.
Nul doute que ce drame a eu des conséquences économiques. «Ce matin les passagers ne viennent pas ici. Ils attendent les véhicules au bord de la route. Nous leur demandons de revenir à la gare parce qu’on va renforcer la sécurité.» Les populations disent en avoir alerté la police et la gendarmerie, et comme à leur habitude, ils sont venus après la tragédie. Une équipe de la gendarmerie dirigée par l’adjudant-chef Adama Benon était sur place au lendemain des faits.
A en croire le commandant de la brigade ville de Nongr-Massom, des mesures sont prises chaque jour pour sécuriser les populations et les biens. D’ores et déjà des investigations sont menées pour permettre d’identifier les auteurs du forfait. «Nous avons été saisis vers 18h 50 mn des mêmes faits qui se sont produits vers 18h 45 mn dans un autre lieu. Ce qui s’est passé est déplorable et on prendra des dispositions pour que ça n’arrive plus. Rassurez-vous, il y aura un dénouement heureux» ; des propos qui réjouissent bon nombre d’acteurs.
Akodia Ezékiel Ada