«Tout a débuté le vendredi soir. Nous étions en ville lorsqu’on nous a appelés pour nous fait savoir que des gens qui ont porté des masques, sont venus pour saccager notre hangar tout en essayant en vain de l’incendier. Après l’échec de cette tentative, nous sommes allés informer la chefferie coutumière de Kuinima. C’est donc le lendemain, à savoir le samedi qu’ils sont revenus, armés de gourdins et de machettes pour brûler le hangar tout en tabassant des femmes et des enfants causant quelques blessés légers. Ils sont partis emportant avec eux quelques biens», a d’emblée relaté Kindo Souleymane.
Pour eux, il est évident que c’est à cause de leurs actions qui consistent à empêcher les attributaires de parcelles dans le secteur de les mettre en valeur que des personnes leur en veulent. Mais pour eux, tout cela ne serait pas arrivé si les «vrais résidents» avaient été attributaires. «Certains d’entre nous ont passé plus de 20 ans dans ce secteur. Après des lotissements, ce sont des personnes qui ne connaissance même pas le secteur qui ont été attributaires. Nous sommes des burkinabés et nous avons le droit de revendiquer nos droits. Pourquoi s’en prendre à nous parce que nous revendiquons ce qui nous a été volé», se lamente Kindo Souleymane qui du reste, est convaincu que c’est une manière de les «chasser définitivement du secteur pour faire place aux riches afin qu’ils construisent leurs duplexes». «On nous a volés. Nous nous sommes organisés pour récupérer ce qui nous revient de droit et on veut nous chasser. De toutes les façons, nous ne bougerons pas d’ici. Même si nous allons mourir nous ne bougerons pas d’ici parce que nous sommes aussi des burkinabés et nous n’avons nulle part où aller», s’est offusqué Ouédraogo Antoine, résident au secteur 26 depuis plus de 20 ans.
La tournure que prend la situation inquiète les «kogl-zaksé» qui appellent l’Etat à prendre ses responsabilités avant que le pire ne se produise. «Après avoir incendié notre hangar, c’est sûr qu’ils vont s’en prendre à nous-mêmes», s’inquiètent-ils. Si l’Etat ne fait rien pendant qu’il est encore temps, prévient Ouédraogo Antoine, il viendra un de ces jours compter des cadavres ici. «Nous savons qu’il y a des gens derrière ces actes. Il faut que les autorités et les chefs coutumiers prennent leurs responsabilités pour éviter que cette situation de se transforme en affrontements», a insisté Kindo Souleymane.
Pour rappel, les «kogl-zaksé» comme ils se font appeler, sont des résidents du secteur 26 de Bobo-Dioulasso qui n’ont pas été attributaires de parcelles suite aux différents lotissements de leur secteur. Tous les dimanches, ils patrouillent le secteur pour empêcher par «tous les moyens» les attributaires de mettre en valeur leurs propriétés. Par ces actes, ils disent vouloir interpeller l’Etat à trouver des solutions à leur situation car ne «sachant où aller».
Cheick Omar Traoré