Attaques terroristes du restaurant Cappuccino et de Splendid hôtel: voici comment les assaillants ont préparé leur coup

| 25.03.2017
Réagir
Vendredi 15 Janvier 2016 - Un commando d'islamistes présumés a mené vendredi soir au Burkina Faso une attaque sanglante contre un restaurant et un hôtel de Ouagadougou, fréquenté par des Occidentaux, faisant au moins vingt morts et prenant des otages. Les forces de sécurité ont donné l'assaut. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© DR / Autre Presse
Vendredi 15 Janvier 2016 - Un commando d'islamistes présumés a mené vendredi soir au Burkina Faso une attaque sanglante contre un restaurant et un hôtel de Ouagadougou, fréquenté par des Occidentaux, faisant au moins vingt morts et prenant des otages. Les forces de sécurité ont donné l'assaut. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Le vendredi 24 mars 2017, le ministre en charge de la Sécurité a avec ses collaborateurs, fait le point au cours d’une conférence de presse, des différentes attaques que le Burkina a essuyées depuis 2015.

Le Burkina Faso est victime comme les autres pays du monde entier, d’attaques terroristes. Le 15 janvier 2016, le restaurant Cappuccino et Splendid hôtel ont été victimes de la barbarie de ces hommes sans foi ni loi. Selon le chef d’Etat-major adjoint de la gendarmerie nationale, le colonel Alain Ouédraogo, dans le cadre de la coopération policière et l’entraide judiciaire entre le Burkina et le Mail, une mission du MATDSI a été envoyée à Bamako en janvier 2017 suite à l’arrestation du terroriste Mimi Ould Baba Cheick. La mission, a indiqué le colonel Ouédraogo, a pu recueillir non seulement les aveux de ce dernier, mais aussi celui de Ibrahim Ould Mohamed, qui ont avoué leur implication dans ces attaques.

Comment ces individus ont préparé leur coup?

Selon le colonel Alain Ouédraogo, Mimi Ould Baba a confié avoir été présenté au Nord-Mali à Mohamed Ould Nouiny alias El Hassan adjoint de Moocktar Belmocktar responsable du groupe Al mourabitoun pour un projet d’attaque sur Ouagadougou. Après avoir accepté pour une prime de 10 millions de francs CFA dont le paiement a été assuré par Abou Yahiya responsable d’Aqmi et Emir du Sahara, il s’est rendu quelques semaines avant l’attaque à Ouagadougou en compagnie d’un individu de race arabe prénommé Abderrahmane avec des cartes d’identité nigérienne pour une mission de repérage de sites potentielles cibles.

«Les sites repérés, visités, photographiés et filmés sont le café-restaurant Cappuccino, le restaurant «Le Verdoyant» et la devanture du Splendid hôtel», a dévoilé le colonel Ouédraogo qui a précisé que Mimi et son compère Abderrrahmane ont séjourné du 20 au 25 décembre 2015 à l’auberge Assikpo dans la zone Kwamé Nkrumah sous une fausse identité et y ont occupé la chambre 7.

De retour au Mali, a précisé le colonel Alain Ouédraogo, les deux terroristes ont de nouveau rencontré Mohamed Ould Nouiny pour lui faire le compte rendu. Pour convoyer l’armement et le matériel de l’attaque au Burkina, Mimi les a soigneusement dissimulés dans un pneu de camion semi-remorque qu’il a fait convoyer par les soins de son lieutenant Mohamed Ould contre une promesse ferme de 1,5 millions de F CFA.

Arrivé sur le territoire burkinabè le 5 janvier, Mohamed Ould venu de Boni au Mali à bord d’une Toyota Hilux double cabine, a emprunté la compagnie Staf à partir de la ville de Djibo et a été hébergé quelques jours une fois à Ouagadougou par Maiga Alhousseini Bocar. Sur instruction de Mimi, Ould Mohamed a contacté un burkinabè du nom de Sawadogo Maliki pour louer une villa devant héberger le commando au complet. Ignorant leurs intentions, Maliki auprès de qui Mimi achetait régulièrement du basin et des boubous à chacun de ses passages, a entrepris des démarches auprès de Tiemtoré Nayabtenga dit Gourma pour un contrat de bail. «Ce démarcheur a répondu aux sollicitations et a proposé une mini villa meublée dans le quartier Sinyiri aux terroristes pour un séjour d’un mois à 300 000 F qu’ils ont payé cash», a indiqué le colonel Ouédraogo.

Le 9 janvier 2016, Mimi a foulé le territoire burkinabè avec trois assaillants à bord d’une berline noire de marque Hyundai immatriculée au Togo et ils ont séjourné du 9 au 14 janvier 2016 dans la mini-villa. Le 15 janvier, Ould Mohamed après avoir dormi à la gare Staf ouaga, a pris le premier car matinal pour Djibo. A 19h précises, Mimi a déposé les trois assaillants derrière l’immeuble abritant le café Cappuccino et s’en est allé directement pour Djibo. «Au moment où les coups de feu crépitaient, seuls les trois assaillants étaient encore dans la ville de Ouagadougou», a assuré le colonel Ouédraogo. Le même jour peu après 23h, Ould Mohamed et Mimi après s’être retrouvés à Djibo ont traversé ensemble la frontière burkinabè par un chemin défilé pour le Mali avec le véhicule de Mimi.

Les investigations menées par les enquêteurs de retour au Mali ont permis d’interpeller Sawadogo Maliki et Tiemtoré Nayabtenga dit Gourma, Maïga Alhousseini Bocar dont le domicile a hébergé Ould Mohamed à son arrivée le 5 janvier... «Pour ce genre d’actions, les terroristes impliquent très peu de personnes surtout locales pour garantir le succès de l’opération», a noté le colonel Alain Ouédraogo.

Attaques de Samoroguan

La brigade de gendarmerie de Samoroguan a subi une attaque terroriste orchestrée par un groupe dirigé par Aboubacar Sawadogo alias Boubacar Mossi, originaire de la région de Kaya et ancien membre de la police islamique de Tombouctou. Il avait pour mission selon le colonel Ouédraogo, d’implanter une katiba au Burkina pour y mener le djihad. Et c’est dans la zone de Orodara qu’il a porté son choix. Pour réussir sa mission sur l’attaque contre la brigade, il s’est attaché les services de13 assaillants dont 4 maliens et 9 burkinabè. Les enquêteurs ont réussi à appréhender 5 des assaillants dont 4 burkinabè et un malien notamment le chef du groupe et le logisticien fournisseur des armes et munitions et plus d’une dizaine de complices. Un des assaillants en l’occurrence le fils de Aboubacar Sawadogo a été tué au cours de l’attaque et lui-même a été blessé avant d’être arrêté au Mali, leur base de repli. Deux djihadistes ayant participé à la formation en maniement des armes avec le groupe ont été interpellés. «Ce sont les mêmes qui s’opposaient radicalement aux vaccinations dans la zone de Kénédougou», a précisé le colonel Ouédraogo qui a ajouté qu’un de leur guide spirituel qui prêchait entre autres l’abandon de la carte d’identité et le refus de la soumission à l’Etat a été interpellé. Aussi, le chef religieux qui était le logeur et le beau-père d’un des djihadistes qui semblait s’opposer aux idéaux des terroristes est également mort dans l’attaque contre la brigade.

Lire la suite sur autre presse

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité