Le bilan funeste et macabre en dit long sur la démesure psychopathique de la horde islamiste. 12 pauvres soldats, encore endoloris par la douceur du brouillard de l’hiver, n’ont pas eu le temps de s’opposer à la folie démentielle des jihadistes, qu’ils ont été surpris par des balles assassines. Pétrifiés et paralysés, les autres soldats n’ont pas pu défendre le matériel de combat, rendu inopérant. Des chars, des véhicules, des pick-up carbonisés, gisant à terre, témoignent de la violence de l’agression.
Cette ignoble attaque a imposé un calendrier au chef d’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, qui a été obligé d’annuler sa participation au 50e sommet de la CEDEAO à Abuja au Nigéria. L‘objectif étant de se rendre sur les lieux pour constater de visu l’ampleur des dégâts.
En vérité, c’est un énorme coup dur, pour le Burkina Faso. Il n’a pas son compte dans pareille évolution. A peine venait-il de prendre un nouvel élan avec la conférence des partenaires sur le Programme national de développement économique et social (PNDES) l’annonce du second compact, sans oublier un 11-décembre impéccable que nos soldats sont étalés. qu’il a été cueilli à froid. Même si on refuse d’admettre que le septentrion du pays est en train de basculer dans le “Sahelistan”, force est de reconnaître qu’il est devenu la cible privilégiée des jihadistes. C’est tout comme une zone périlleuse, avec des attaques séquencées. Et à qui donc le tour demain?
On peut légitimement se demander encore et encore, qui en veut tant au Burkina Faso? On se rappelle qu’en octobre dernier, à la veille de la participation du Président Kaboré à la 3e édition du Rebranding Africa Forum (RAF), à Bruxelles, consacrant le Burkina comme invité d’honneur , les forces armées ont été prises à parti. Les Burkinabè ont beau ne pas être pararo, et se dire que dans ce Sahel d’aujourd’hui, les djihadistes peuvent frapper à tout moment, la loi des séries incite tout de même à croire à une main invisible :
- attaque à Intagom, le 12 octobre dernier, avec 4 militaires burkinabè tués.
- 8 octobre sur le pont de Nazinon, 2 individus tués par des gendarmes, après une attaque.
Au-delà du mal et de la douleur infligée au peuple, on dénote un symbole pour le moins significatif. Le Burkina a commencé cette tristement année 2016 avec une attaque terroriste, pour l’en finir avec une autre; rivalisant toutes de bassesse et d’horreur: 15 janvier 2016, advint l’innommable du Capuccino et de l’hôtel Splendid et le 16 décembre 2016, Nassoumbou boucle la boucle de l’année.
Autre symbole symptomatique du mal, c’est la porosité et la perméabilité du système de défense des forces armées burkinabè. Il apparaît que les positions avancées du Groupement des forces armées (GFA) et de la gendarmerie comptaient en tout et pour tout, 500 hommes. La fin des haricots, les soldats sont sous-équipés, avec une formation inadaptée à la guerre asymétrique et le moral en lambeaux. Si fait qu’a chaque attaque l’ennemi ne subit jamais de perte, alors c’est rageant! Il n’est pas superfétatoire de souligner que le ministre en charge de la sécurité, Simon Compaoré, l’a subrepticement reconnu sur les antennes de la télévision nationale.
Pour donner corps et un sens au propos du président Roch Marc Christian Kaboré qui a dit: “Jamais, le vaillant peuple du Burkina Faso n’a courbé l’échine devant ses ennemis“. Le bout de phrase “nécessaires décisions qu’il nous faut prendre” en dit long aussi, sur une sorte de déficit stratégique que d’aucuns incombent au politique comme à la hiérarchie militaire. C’est pourquoi, il est grand temps, certes de se dire que le contexte s’y prête, mais de revoir l’appareil sécuritaire de fond en comble ! Il conviendra de prendre le taureau par les cornes, avec des réformes herculéennes, si l’on ne veut pas se retrouver à faire le travail de Sisyphe . Ainsi donc apparaît-il urgent de réviser à la hausse le nombre de soldats dans cette zone frontalière, ( par le rappel de nos soldats à d’autres fronts) de renforcer le dispositif de renseignement. Ce n’est pas tout, il conviendrait de faire un bon usage du budget alloué à la défense. Acheter les armes en nombre suffisant et en qualité, sans calcul d’épicier, histoire de ne plus exposer la vie des “Burkinbila”, comme on a pu le constater par le passé, avec l’affaire des fameux gilets par balle, au soir du régime Compaoré. Parallèlement, sans verser dans la stigmatisation, il serait judicieux de passer au peigne fin les camps de réfugiés, pour voir s’ils n’abritent pas des hommes et des femmes qui, sous les dehors saints, abritent des tempêtes sous leurs crânes enturbannés.
Et serait-il de trop de mener ce combat, avec toutes les composantes des forces armées, sans a priori?.
Christian N. BADO