Le terrorisme est une nébuleuse. Il est obscur et insaisissable. Il est partout. Même les grandes puissances comme les États-Unis d’Amérique, la France, le Grande Bretagne, la Belgique ont eu affaire à sa furie dévastatrice. Comment donc pourrait-on reprocher aux forces de sécurité et de défense du Burkina d’être moins efficaces face aux terroristes? Il faut faire preuve de réalisme et d’humilité et féliciter les FDS qui font des pieds et des mains avec les moyens de bord pour combattre ce nouveau fléau. Là-dessus, difficile de trouver des arguments contre. Il faut simplement souhaiter une plus grande collaboration des populations pour prévenir le danger qui peut venir de partout. Il faut également souhaiter que les pays voisins collaborent en matière de renseignements stratégiques afin que tous les projets terroristes soient chaque fois annihilés, tués dans l’œuf. Ce qui est sûr, face à ce nouveau fléau, d’une attaque à une autre, notre armée ne peut pas avoir le même comportement. Elle peut bénéficier de circonstances atténuantes par ci et des critiques par là.
Ce qui s’est passé à Intangom est différent des attaques du 15 janvier 2016 contre l’Hôtel splendide et le Cappuccino. Le 15 janvier les forces de défense et de sécurité ont fait ce qu’il faillait avec bravoure et dévouement pour nous débarrasser de ces vermines. Contrairement à Intangom, il y a eu beaucoup de failles aux yeux du citoyen lambda qui méritent d’être relevées.
Premièrement, après les événements malheureux du mois de mai, la guerre était déclarée et en de pareilles situations, on ne baisse pas de garde. Le détachement militaire devrait avoir une haute idée du haut risque qu’il encourait en s’installant dans la commune. Pour ce faire les éléments du détachement savaient que des attaques ne pouvaient mieux s’y mener par des bandits armés et motorisés que dans la nuit. C’est donc pendant les nuits que leur vigilance devrait être accrue. A moins que la hiérarchie n’ait pas insisté sur ce point avant leur déploiement. Comment le chef d’état-major des Armées, le général Pingrénoma Zagré, peut-il convaincre l’opinion publique que la baisse de la vision (la nuit) et l’effet de fumigène d’un troupeau d’animaux ont été les obstacles majeurs à nos soldats postés sur les lieux! Si oui, ils l’ont été autant pour les assaillants que pour nos jeunes militaires. L’Armée aurait et pouvait prendre toutes les précautions depuis mai pour éviter ce deuxième drame.
Deuxièmement, le détachement militaire devrait être composé de plus d’éléments et d’éléments plus expérimentés (en âge et en stratégie de combat). Après publication de l’identité des soldats tués, l’on constate que le plus âgé est de 1981 et les autres de 1994 (soit 35 et 21 ans). Même si dans le domaine militaire la valeur n’est pas forcément liée à l’âge, l’expérience est exprimée par le grade. Et plus les soldats sont nombreux, plus ils se relaient et peuvent mieux quadriller la zone. Apparemment, l’Armée n’a pas pris trop au sérieux tous ces aspects qui auraient pu certainement circonscrire les dégâts. Et dissuader une bonne fois nos ennemis.
Troisièmement, ne sachant pas à qui on a affaire vraiment, il importait beaucoup que les armes de nos soldats soient plus lourdes que d’habitude pour leur permettre de répondre adéquatement à toute éventualité. Les citoyens doutent que les moyens logistiques mis à la disposition du détachement militaire aient permis d’inquiéter les agresseurs toujours mieux armés. Mais comme notre armée est muette et ne communique pas assez sur ces aspects, les populations prennent pour argent comptant tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux.
Preuve qu’au-delà du secret défense, notre Armée doit davantage communiquer aux citoyens tous les faits intéressants qu’il est en droit de connaître. En démocratie certaines informations utiles permettent aux citoyens d’être mieux situés sur la vie de la nation et de mieux participer au développement de leur pays.
Pour l’heure la population attend impatiemment que l’enquête en cours élucide les circonstances de la mort des deux civils et souhaite vivement qu’Intangom ne connaisse plus, pour une troisième fois de suite, les mêmes drames. Que toutes les mesures soient prises pour que les prochaines tentatives des lâches ennemis soient réprimées avec vigueur.
Théophile MONE