Affaire Koglwéogo: points de vues des leaders d’opinion

| 01.04.2016
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Affaire Koglwéogo: points de vues des leaders d’opinion
© DR / Autre Presse
Affaire Koglwéogo: points de vues des leaders d’opinion
Ils se sont peu exprimés sur la question depuis le début de la polémique sur l’existence des groupes d’autodéfense Koglwéogo. Eux, ce sont les responsables coutumiers et religieux. Pour avoir un aperçu de la lecture qu’ils font de la situation de ces groupes d’autodéfense qui suscitent la controverse, nous sommes allés à leur rencontre. Voici leurs réactions!


«Avant de parler des Koglwéogo et tout ce qui suit, il est important de chercher à savoir comment nous en sommes arrivés là». C’est par ces termes que le Goungha Naaba Tenga, ministre du Mogho Naaba Baongho et chef de l’infanterie du royaume mossi s’est saisi de la question avant de livrer son opinion, par l’entremise de son porte-parole. Selon lui, le Burkina Faso, n’est plus le pays paisible dans lequel, tous pouvaient aller et venir sans crainte d’être agressés ou spoliés de ses biens par des individus sans vergogne, sans foi ni loi. «Aussi face à l’incapacité des forces de l’ordre et de sécurité de couvrir toute l’étendue du territoire national, les populations rurales, cibles privilégiées de bandits, se sont vus contraintes de trouver des solutions pour sécuriser leurs biens et leurs proches. C’est ainsi que les Koglwéogo ont vu le jour, pour répondre aux sollicitudes des populations rurales». Partant de ce postulat, il est sans équivoque que les Koglwéogo sont d’une utilité certaine car ils permettent de combler le vide laissé par l’administration publique.

Par ailleurs, sur les nombreuses dérives et écarts de comportements constatés ces dernières semaines, il est catégorique. «Dans un pays, nul ne peut se substituer à l’autorité légale, reconnue par le peuple. Le faire, relève de l’anarchie. Mêmes les chefs coutumiers connaissent leurs limites». De ce fait, il invite les Koglwéogo à se mettre au plus vite sous l’autorisation des autorités reconnues. Car à son sens, c’est ainsi qu’ils prouveront leur utilité à la nation et accroitront le capital estime dont ils jouissent auprès de nombreuses personnes. «Il faut que les Koglwéogo comprennent que tous les Burkinabè sont égaux en droit. Pour cette raison, ils doivent impérativement se plier à la loi s’ils veulent continuer à opérer», a conclu le Goungha Naaba.

«L’urgence impose que toute initiative entrant dans la cadre sécuritaire soit encadrée, sinon, c’est la porte ouverte aux dérives», Pasteur Ramdé

Le ton est pareil chez notre interlocuteur de la Fédération des églises et missions évangéliques du Burkina (FEME), le pasteur Simon Ramdé, responsable des œuvres spirituelles et docteur en théologie. Pour lui, un constat se dégage sur l’épineuse question des Koglwéogo. Selon «l’homme de Dieu», tout mouvement, qui souhaite avoir une légitimité certaine, doit travailler dans le respect strict des lois de la république. Ainsi, il invite tous les acteurs de ce type de mouvement à se conformer à la règle en se mettant au service des autorités à toutes les échelles pour une bonne collaboration.

Si le pasteur Ramdé salue l’initiative des groupes d’autodéfense de s’organiser pour lutter contre l’insécurité, il déplore la défiance de l’autorité. «Les Forces de l’ordre sont formées pour ce travail, et aucun groupe fut-il Koglwéogo, ne peut se substituer à elles. Ces groupes, s’ils sont animés d’un bon esprit devraient appuyer les Forces légales dans l’opération de sécurisation des personnes et des biens. Il ne serait pas de bon ton que ces derniers tentent d’imposer leur loi. Ils doivent de ce fait se laisser encadrer, venir en appui aux FDS, et se soumettre à loi de la république». Cet aspect encadrement, le pasteur Ramdé en fait un point cardinal de son exposé: «si ces groupes refusent de se laisser encadrer, les risques de dérives et de dérapages seront grands et ce sera très désastreux et déplorable pour la nation».

Quant au dernier développement de l’actualité sur les Koglwéogo, notamment, la rédaction d’un code de conduite, le pasteur Ramdé s’est dit optimiste, car il s’agit d’une action qui s’inscrit dans la logique de la salubrité publique. «Nous sommes convaincus que tout se passera bien, car tous reconnaissent la nécessité de mettre de l’ordre dans ce domaine, très sensible», a-t-il conclu.

DAVY

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