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Qui va guérir cet hôpital Sourô Sanou ?

| 16.05.2014
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Le Centre hospitalier universitaire Sourô Sanou de Bobo
© DR / Autre Presse
Le Centre hospitalier universitaire Sourô Sanou de Bobo
Le Centre hospitalier universitaire Sourô Sanou de Bobo-Dioulasso est malade. Il est même agonisant. Il ne répond plus à sa vocation de Centre de santé de référence dans le grand Ouest. Et ce, depuis maintenant plusieurs années. On se rappelle que depuis 1998, les différents directeurs généraux qui l'ont dirigé ne sont jamais partis de gré. Sauf peut-être Lansandé Bangagné, qui était colonel de l'armée (on peut donc comprendre pourquoi). Autrement dit, si certains n'ont pas demandé expressément à partir, d'autres ont été relevés de leurs fonctions (quand bien même on a toujours voilé ces départs forcés). Et ce, sous la pression des travailleurs et même des usagers.

Au Centre hospitalier universitaire Sourö Sanou, si ce n'est pas la pharmacie qui est vide de médicaments, donc les guichets fermés, c'est le bloc opératoire qui ne fonctionne pas par manque de matériels. Et souvent, les plus élémentaires. Si dans les deux services ça marche, allez à la radiologie. Vous trouverez que, soit il n'y a plus de films, soit c'est le matériel lui-même qui ne fonctionne pas. Dites-nous, bonnes gens : que devient le scanner dont il a été doté il y a quelques années ? Quant au laboratoire, certains usagers doutent des résultats des examens qu'on y donne parce que très souvent, il manque les réactifs.

A la pédiatrie, les âmes sensibles doivent s'abstenir d'aller aux urgences quand arrive la période du paludisme. Les enfants sont couchés deux-deux, voire trois ou quatre de travers sur les lits de consultation. Si bien que la salle d'urgence ressemble plus à un mouroir, et quand on y sort avec son enfant guéri, ça provient souvent du miracle. Il n'y a pas longtemps, c'est dans la morgue que pourrissaient les cadavres. Par manque de matériel de qualité de conservation. Il a fallu une action énergique concertée pour mettre fin à cette situation. Mais pour combien de temps ! Car la solution trouvée ne semble pas définitive. A la cardiologie, votre cœur peut s'arrêter avant que vous ne rencontrez le médecin traitant. Car, les cardiologues, au Centre hospitalier universitaire Sanou Sourô, sont aussi rares que les larmes d'un crocodile. Les rendez-vous pouvant être d'un mois, voire plus. Ce service n'est pas le seul dans cette situation. En réalité, le CHUSS manque de spécialistes.

Pendant ce temps, ce sont les cliniques privées qui prospèrent. Là-bas, il y a les spécialistes. Là-bas, il y a le matériel. Là-bas, il y a les réactifs. Là-bas, il y a tout, même les conditions d'accueil sont très meilleures. Seulement, le paradoxe est que ce sont les mêmes spécialistes qu'on ne trouve pas à l'hôpital alors qu'ils ont été formés pour y être, qu'on retrouve dans les mêmes cliniques. D'autres, quand ils sont par hasard à l'hôpital, y donnent des rendez-vous en ces termes : " si vous voulez, venez à telle clinique ", " à telle clinique, vous pouvez trouver tel service ou tel spécialiste ".

Aujourd'hui, les deux Centres médicaux avec antenne chirurgicale que sont celui de Dô et de Dafra sont débordés. Les usagers préfèrent s'y rendre que d'aller au CHUSS. Aujourd'hui, les syndicats ont fini par entrer dans la danse pour dénoncer ce qui s'y passe. Alors qu'apparemment, tout semble bouger, puisqu'on y voit de nouveaux bâtiments qui poussent. Il est donc temps, de redonner à cet établissement sanitaire ses capacités de prendre en charge les patients. C'est une question de santé publique, a dit quelqu'un.

Dabaoué Audrianne KANI

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