L'adage dit qu'on ne peut réveiller quelqu'un qui ne dort pas. Au Centre hospitalier universitaire Sourô Sanou (en vérité il ne mérite plus cette appellation), même si on crée toutes les conditions pour les praticiens, on ne peut pas les obliger à faire correctement leur travail, tant qu'ils ne le veulent pas, tant le serment d'Hippocrate qu'ils ont prêté ne leur dit plus rien. En effet, de nombreux malades admis dans cet hôpital en ont gardé un très mauvais souvenir. Rien que par le seul manque d'accueil, une idée très figée de ce Centre de santé qui devrait être le principal. A la maternité, un accompagnant de malade a dû se sauver avec son malade, après plus d'un mois d'hospitalisation sans soins véritables. Alors qu'il (l'accompagnant) a réuni toutes les conditions qu'on lui a demandées pour cela. Jusqu'au kit d'opération. C'est finalement dans une clinique qu'il a été reçu, juste le temps d'une journée, pour que sa femme soit sauvée. La seule chose qu'on a pu lui dire, c'est que la maternité du CHUSS ne dispose pas du matériel adapté à son opération. Et il n'est pas le premier ni le dernier dans ce cas. Est-il imaginable qu'un centre de santé, qui se dit hôpital national, de surcroit universitaire et de recherche manque d'un tel matériel pour sauver des vies de femmes? Si ce n'est pas faux, c'est que personne n'a rien fait pour qu'il n'en soit pas ainsi. Ce qui est peu probable. Comment ce matériel peut-il se trouver dans une clinique privée et ne pas l'être dans un centre hospitalier national?
Si le CHUSS manque de matériel, ce n'est sans doute pas parce qu'on ne veut pas le lui livrer. Mais beaucoup plus parce que ceux qui doivent le livrer ne font pas confiance à ceux à qui ils doivent le livrer. Autrement dit, quand on n'est pas sûr d'être payé, et si on le sera c'est dans des conditions peu satisfaisantes, sur tous les plans, on traine les pieds pour livrer. Dans une telle hypothèse, personne ne peut dire mot. Puisque tout le monde est responsable. Ce n'est pas normal que ce soit du seul et même hôpital qu'on parle depuis des années et que la situation ne change pas.
En effet, depuis 1998; cet hôpital est toujours à la une des actualités. Même les changements à la direction n'ont rien pu. Cela ne veut-il pas dire que le problème se trouve ailleurs, même s'il n'est pas loin de la manière dont l'hôpital est dirigé? En vérité, qui dirige le CHUSS de Bobo? Le Directeur de l'hôpital a-t-il les coudées aussi franches que les médecins ou chefs chargés des unités à la maternité, à la pédiatrie, à la cardiologie, au bloc opératoire, à l'odontostomatologie, à l'urologie?… Quelles sont les possibilités offertes aux jeunes médecins qui y arrivent pour exprimer toute la plénitude de leurs talents?
Tant qu'on ne regardera pas du côté de l'organigramme de cet hôpital, le réorganiser et déplacer des pions, on pourrait y mettre tous les moyens financiers et matériels qu'il faut. Mais le mal ne finira pas demain. Si ce n'est pas ça, alors que quelqu'un accepte une fois pour toutes de dire la vérité?
Dabaoué Audrianne KANI