Médicaments de la rue : Ces drogues qui tuent de bras valides au Faso

| 08.05.2014
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Médicaments de la rue : Ces drogues qui tuent de bras valides au Faso
© DR / Autre Presse
Médicaments de la rue : Ces drogues qui tuent de bras valides au Faso
La vente des médicaments de la rue est un commerce qui s'exerce sans souci au Burkina. La marchandise est tellement prisée que les commerçants du secteur se multiplient comme des champignons au détriment de leurs clients.

Au bord des rails, dans le quartier Bindougousso (set 14), un monsieur vend des médicaments sur une table. Comme des cacahouètes, des clients s'en procurent en fonction de leur besoin. A l'instar de ce monsieur, d'autres vendeurs de ces médicaments se rencontrent partout au Burkina. Dans les marchés, sur les places publiques, à l'occasion des grands regroupements...les médicaments de la rue s'y vendent. Sans autorisation, chaque vendeur vient dans ce commerce sans formation adéquate. Le serment commun de tous les vendeurs est l'argent. «S'enrichir le mieux possible au dépens de la population». C'est la substance de leur serment. Ainsi, le model de comprimé varie en fonction de la demande. Et le nom du produit en fonction du milieu. Sur un site d'orpaillage la «dynamique» (le nom donné à un produit) serait le produit le plus consommé. Et le dosage est fonction des capacités de rétention des effets du produit par chaque individu. Dans nos marchés, les cabarets et les villages profonds, «Moussokôrôba ballon tan» (une puissance qui amène une vieille à jouer au ballon), Pramadol, et autres sont les produits demandés par des consommateurs. Tout se passe sans un contrôle quelconque. La population est laissée pour compte et de nombreux consommateurs payent les frais de la situation, même au prix de leur vie.

Une diversité de drogues

Pour un mal ou un simple bobo, jeunes ou vieilles personnes n'hésitent pas à se servir des médicaments de la rue. Dans plusieurs villages, les centres de santé et de promotion sociale (CSPS), ne sont pas les premiers recours sanitaires. Les populations préfèrent l'automédication auprès des vendeurs de remontants dont eux-mêmes ignorent la composition. Beaucoup de consommateurs justifient leur fidélité à ces produits par leur accessibilité facile (disponibilité et à moindre coût...). «Nous préférons ces médicaments quand le mal n'est pas grave. Nous avons peur d'aller nous faire écumer par des infirmiers qui n'ont pas peur de Dieu quand ils rackettent leurs malades», confie un habitué de la pharmacie de la rue. Les fortifiants vendus dans la rue, sont devenus les «chargeurs» de plusieurs personnes. Tant qu'elles n'en prennent pas, elles ne peuvent rien faire de leurs dix doigts. Aussi, pour des travaux physiques et autres occupations, nos parents se gavent de ces médicaments. Et le phénomène est aussi bien pratiqué en campagne qu'en ville. Qualifiés de drague par un aîné, ces médicaments sont à l'origine de la dégradation sanitaire de plusieurs personnes. Et rien n'est fait (sauf erreur de notre part) pour sauver de nombreux bras valides qui pâtissent à cause de ces médicaments. C'est le lieu pour nous d'interpeller la ligue des consommateurs, le ministère de la Santé et toutes les structures qui luttent contre la circulation de la drogue. Il faut sauver la population. Le danger est trop grand pour justifier ce silence des décideurs.

Souro DAO

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