L’hôpital national blaise-Compaoré malade de son scanner

| 07.07.2014
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L’hôpital national blaise-Compaoré malade de son scanner
© DR / Autre Presse
L’hôpital national blaise-Compaoré malade de son scanner
Un coup de gueule contre l'hôpital national Blaise-Compaoré (HNBC) ! C'est ainsi qu'on peut résumer cette adresse du Dr Sidiki Traoré qui a payé pour un examen qui n'a pas eu lieu pour lequel il ne parvient pas à se faire rembourser. Lisez plutôt.

Le lundi 30 juin 2014, à sept heures dix, sur prescription médicale et après avoir pris rendez-vous pour sept heures trente, j'arrive avec mon enfant de deux ans neuf mois au département de radiologie de l'hôpital national Blaise-Compaoré pour l'examen du scanner. Quelque quatre patients ou parents de patients, arrivés avant moi, sont à la caisse pour le règlement.

Je fais autant et vais m'asseoir derrière les autres sous le hall d'attente. Les patients continuent d'arriver et à sept heures et demie effectivement, le service commence. Mais visiblement, il y a un problème, puisque jusqu'à neuf heures le deuxième patient n'était pas ressorti de la salle d'examens.

Nous commençons à nous poser des questions, les visages se crispent. C'est alors qu'un agent, celui qui récupère les bulletins d'examen et les reçus de paiement, vient vers nous : « Il faut qu'on communique, dit-il. Bon, écoutez : le scanner déconne souvent, mais ça va s'arranger. On a appelé les Chinois et ils sont en train de voir ça. »

Entre-temps effectivement, un Chinois y a fait son entrée pour ressortir au bout d'une vingtaine de minutes. Peu de temps après son départ, le deuxième patient est sorti de la salle d'examens et l'on y a appelé le troisième. Le problème a-t-il été résolu ? Eh bien, non.

Car le troisième patient a mis près d'une heure à se faire examiner et quand il ressort, un agent l'accompagne, qui dit à un collègue : « Aujourd'hui, c'est grave. » Puis se tournant vers nous avec une plaisanterie de mauvais goût : « C'est vrai que c'est le carême. On dirait que notre scanner aussi... est en carême, hein ! »

Toujours est-il que rien ne s'arrange. À midi et demi mon enfant, qui n'a ni bu ni mangé depuis le réveil matinal, commence à se tordre, puis à pleurer. Je vais vers deux agents près de la caisse, qui, devant mon exaspération et mon désir de me faire rembourser, me fixent un autre rendez-vous pour le lendemain à sept heures et demie.

Que de désagréments !

Le mardi 1er juillet 2014, à sept heures pile, nous voilà de nouveau, mon garçonnet et moi, assis sous le hall d'attente. Ce jour-là, nous sommes premier pour le scanner, mais d'autres patients font vite leur arrivée. Mais ce jour-là, la situation du scanner a empiré et, jusqu'à dix heures, mon enfant ni aucun autre patient ne sont examinés.

De guerre lasse et après le départ des autres qui ont attendu en vain, je décide aussi de partir, non sans avoir demandé qu'on me rembourse. Un agent insiste pour que j'entre dans la salle d'examens, où je vois effectivement les rouages d'un appareil démontés et posés à même le plancher.

En sortant, il m'explique que c'est à la caisse principale que je dois me rendre pour le remboursement. Je m'y rends aussitôt, mais la porte de la caissière principale est fermée. Alors, comme la priorité, c'est de faire l'examen, je retourne en ville, d'abord à la clinique Nina, puis à Schiphra où on me donne rendez-vous pour le lendemain à sept heures.

Le mardi 02 juillet effectivement, je réussis à faire l'examen, à 50 000 F en tout, et avant dix heures je suis sur la route du retour pour la maison avec mon enfant. Le lendemain 03 juillet à seize heures, conformément au rendez-vous, je retire les résultats tout soulagé.

C'est le jeudi 04 juillet que je pense aux 50 400 F restés à l'hôpital Blaise-Compaoré. J'y retourne pour être remboursé. Mais que de complications suspectes et de procédures non claires, que même le personnel ne semble maîtriser ! C'est à la caisse du département de radiologie, où j'avais réglé les frais, que je m'adresse.

La caissière m'envoie au poste infirmier qui doit entrer en contact avec les radiologues pour valider le remboursement que je demande. Là-bas, une infirmière me fait asseoir, prend mon bulletin d'examen et mon reçu, entre chez les radiologues, ressort peu de temps après avec mes papiers et une note, puis me dit de me rendre à la caisse principale.

Sur la note, manuscrite, je peux lire : « Le scanner est en panne depuis le lundi 30 juin 2014. Veuillez rembourser le patient, s'il vous plaît. Le chef du service de radiologie, le Dr Kadeoua Jean-Baptiste, signature, cachet. »

Ça ressemble à une escroquerie

À la caisse principale, la secrétaire puis la caissière principale me font savoir que ce n'est pas la procédure et que je dois plutôt m'adresser à la direction générale. À ma sortie, deux usagers qu'elles ont déjà reçus pour le même motif et qui attendent toujours à la porte me demandent ce qu'il faut faire.

Je leur réponds qu'on me parle de la direction générale. Je m'y rends illico pour m'entendre dire que le directeur général n'est pas là, et après que j'ai exposé mon problème, l'on me renvoie à la radio. Le signataire de la note, ne semblant pas trop comprendre, demande à ses collègues, mais sans obtenir de réponse claire, quelle est la procédure.

Il me reprend alors sa note et me demande, visiblement embêté, d'aller voir à la direction financière. « Le directeur financier n'est pas là », me dit la secrétaire. J'expose de nouveau mon problème et une femme qui semble être l'adjointe du directeur financier me dit que ce ne sont pas eux qui s'en occupent et s'étonne que le service de radiologie, la caisse principale et la direction générale m'aient demandé de m'adresser à la direction financière.

Dépité, je leur fais savoir qu'une telle organisation ou désordre cause énormément de désagréments aux usagers et une femme, de la cloison à l'angle du fond, me répond que j'ai la possibilité de mettre une note dans leur boîte à idées, bien qu'à aucune entrée je n'aie aperçu de boîte à idées.

Je lui réplique que, dans ce cas, ma note ira à un média et pourrait ainsi profiter à des structures qui souffrent de maux similaires. Ce que je veux leur dire simplement, c'est ceci : quand on travaille avec un équipement défectueux et qui tombe fréquemment en panne, au lieu de faire payer la facture aux usagers avant le service pour après avoir de la peine ou plutôt rechigner à les rembourser, il faudrait :

- soit faire d'abord l'examen et l'usager règle les frais avant de retirer les résultats ;

- soit s'arranger pour rembourser l'usager sur-le-champ, sachant que l'hôpital est loin de la ville et que certains usagers, aux moyens limités, ont besoin d'être remboursés pour aller faire l'examen dans une autre structure.

Pour ma part, je ne demande qu'une chose, qu'on me rembourse dans les plus brefs délais et qu'il soit mis un terme à ce qui commence à ressembler à une escroquerie. J'ai des raisons de penser ainsi, parce que j'avais suivi avec intérêt la première visite du Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, à l'hôpital Yalgado.

Lui-même s'était scandalisé devant l'état du service et du scanner, qu'il avait promis de faire réparer aux frais du Premier ministère. Peu de temps après, le directeur général de l'hôpital était débarqué et quelques mois plus tard son nom apparaissait dans la fameuse liste du rapport de la Cour des comptes avec plusieurs millions de francs qu'il aurait détournés.

Tout récemment encore, à l'initiative du Balai citoyen, c'est l'hôpital Souro-Sanou de Bobo-Dioulasso qui a accueilli une foule de manifestants criant leur ras-le-bol d'un hôpital au service plus que lamentable et à l'équipement médical (dont le scanner) on ne peut plus défectueux. Faut-il pareille initiative pour l'hôpital Blaise-Compaoré ?

Le Dr Sidiki TRAORÉ

U F R LAC, université de Ouagadougou

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