Les consultations dans cette spécialité deviennent de plus en plus nombreuses, étant donné l'apparition de certaines pathologies liées au sang. Cette affluence grandissante, conjuguée avec une insuffisance doublée d'une indisponibilité récurrente du personnel soignant qualifié pose d'énormes soucis aux malades qui y sont référés. Information prise au niveau du secrétariat du service s'occupant des consultations en hématologie dans ce mois de juillet 2014: un médecin militaire serait le seul à consulter à l'hôpital Yalgado. Résultat, des patients attendent des mois avant de se voir programmer pour un rendez-vous qui aura lieu, dans le meilleur des cas, des mois après, si seulement ils ont la chance de pouvoir rencontrer le médecin. Car, en plus d'offrir ses services au niveau de la structure sanitaire de l'armée, il intervient par ailleurs dans d'autres services de Yalgado-Ouédraogo. Il suffit donc qu'un cas d'urgence soit signalé dans un des autres services où il intervient pour qu'à défaut de voir leur rendez-vous ajournés, les patients, qui commencent à s'impatienter légitimement après de longues heures d'attente, se voient obligés de prendre leur mal en patience, sans savoir à quel moment ils seront reçus.
Loin de nous l'intention de nier les sacrifices, excusez du peu, que consent ce brave officier, qui omet souvent de manger pour soulager nombre de malades. Loin de nous également la prétention de remettre en cause le professionnalisme de cet homme qui, de l'avis de nombreux patients, sait prendre le temps d'écouter et de conseiller, et n'hésite pas à se déplacer au secrétariat pour rétablir l'ordre de passage normal des malades. Nous posons juste le problème, avec des questions auxquelles nous aimerions contribuer à apporter des réponses. Nul doute que cette difficulté rencontrée par les malades d'hématologie est loin de se limiter à ce seul service. D'autres patients, dans d'autres services, connaissent sinon pires, du moins pareilles difficultés, dont la cause principale se résume à l'insuffisance de médecins spécialistes dans les différents domaines de la santé. Mais à qui revient la faute dans une telle situation?
Aux spécialistes qui, une fois formés, généralement aux frais de l'Etat, seraient ingrats au point d'aller monnayer leurs talents sous d'autres cieux mieux reconnaissants? Ou à l'Etat qui n'aurait pas une bonne politique en matière de bonne répartition des bourses de spécialisation et de lutte contre la fuite des cerveaux?
Certes, l'on ne peut exiger d'un médecin qui se serait spécialisé à ses propres frais d'aller voir ailleurs. A contrario, quand on a bénéficié d'un soutien financier de l'Etat, ce dernier devrait prendre le soin de faire signer par le bénéficiaire un engagement qui le contraint à revenir servir son pays. Le respect d'un tel accord pourrait bénéficier de l'appui des pays amis du Burkina dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale.
Toutefois, en amont, le système d'octroi des bourses devrait mettre un point d'honneur à susciter des options en phase avec les besoins du pays dont l'expression doit tenir compte de la réalité sur le terrain. Car, il ne suffit pas de préparer la relève de ceux qui sont là depuis des années, il faut surtout augmenter le nombre de spécialistes par option pour l'adapter à celui croissant des usagers des services de santé.
H.O
lesechosdufaso.net