Harmattan : Les maladies auxquelles nous sommes exposées

| 07.11.2013
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Le Professeur Martial Ouédraogo, pneumologue
© DR / Autre Presse
Le Professeur Martial Ouédraogo, pneumologue
A partir du mois de novembre jusqu'au mois de février, la météo nous indique que nos journées seront caractérisées par la poussière, un vent frais et sec. En fait, c'est le lot de désagréments des pays situés dans la zone tropicale. Parmi ces pays, il y a le Burkina Faso qui a un climat tropical de type soudano-sahélien. La population burkinabè n'échappe donc pas à ces désagréments. Comment se protéger ? Malades chroniques ou personnes bien portantes, chacun y va de sa manière. Les uns utilisent des masques et des pull-overs, les autres se badigeonnent les narines de beurre de karité. Est-ce les bonnes manières ? Le Professeur Martial Ouédraogo, pneumologue, nous donne plus d'éclaircissements.

« C'est un temps normal à partir du moment où nous avons quitté la saison des pluies pour la saison sèche. Climatologiquement, il faut observer qu'à partir de fin octobre début novembre, c'est la saison froide qui commence. Elle est annoncée par l'harmattan, généralement accompagné de vent », nous confie Enoch Kaboré, Chef Unité prévision à l'ASECNA et à l'aéroport. Qui dit Harmattan en novembre, dit vent frais et poussiéreux. Alors tous se protègent comme ils le peuvent. Echarpes, pull-overs, masques, beurre de karité sont, entre autres, les moyens utilisés par les uns et les autres pour ne pas développer des maladies liées aux voies respiratoires. Abdoul Aziz Sawadogo, pour se protéger du froid, porte des pull-overs et enduit ses narines de beurre de karité pour se protéger de la poussière. Saïdou Ouédraogo, quant à lui, porte des masques en circulation pour se protéger de la poussière. Félicité Ouédraogo/Liliou dit ne pas avoir froid d'habitude. Mais elle conseille aux autres de ne sortir que quand c'est nécessaire ; et en sortant, de s'habiller chaudement. Pour les enfants, elle conseille de mettre du beurre de karité dans les narines afin qu'elles ne soient pas irritées.

Quelle est la portée de ces gestes en cette période ?

Le Pr Martial Ouédraogo éclaire nos lanternes. Par rapport au beurre de karité, le professeur suggère « de mettre du beurre de karité sur une feuille de papier et de la présenter pendant une heure à la poussière. On va constater que la poussière s'agglutine sur la feuille. En réalité, c'est même un piège à poussière que l'on constitue en mettant le beurre de karité dans les narines. Les solutions huileuses ont leur indication mais pas dans ce sens. Lorsque le taux de poussière est élevé, il y a des solutions physiologiques qui sont vendues en pharmacie qui lavent et ramollissent la muqueuse. Au-delà de l'adoucissement et du nettoyage à souhait, ces solutions ne sont pas toxiques. Donc, la solution n'est pas de mettre du beurre de karité dans les narines. Pendant cette période, il est aussi conseillé aux citoyens de mettre à jour leurs vaccins surtout ceux qui protègent contre les maladies qui entrent par effraction dans les voies respiratoires, par exemple la méningite. En réalité, cette maladie est occasionnée par la rhino-pharyngite à méningocoque. » Quant aux masques utilisés contre la poussière, contrairement aux masques contre les germes et les vapeurs toxiques, le professeur estime qu'il faut s'en méfier parce qu'on ne connait pas le matériel avec lequel ils sont fabriqués et ces masques peuvent être source de maladies. Il préfère guider les citoyens vers les pharmacies pour des masques beaucoup plus adaptés. Pr Martial Ouédraogo affirme que, « généralement, pendant cette période, les services de santé respiratoire voient leur fréquentation augmenter. Il y a ceux qui présentent des pathologies respiratoires connues telles que l'asthme, les bronchites, etc. Ces pathologies doivent être régulièrement suivies. Et généralement, la préparation de l'entrée dans cette période est gérée par le praticien qui connait son malade. Que ceux qui savent qu'ils ont des maladies respiratoires connues n'attendent pas cette période pour se faire suivre. Il y a aussi les autres qui ne se savaient pas malades. Cette période peut être la circonstance de découverte d'une maladie parce que les conditions climatiques sont rudes ». Il a tenu à souligner que « l'appareil respiratoire comprend plusieurs niveaux de défense. Le premier niveau est la défense mécanique. C'est dire que l'appareil respiratoire, de par sa structure organique interne, fonctionne comme un tapis roulant qu'on appelle l'escalator muco-ciliaire. Ce sont des cils qui battent continuellement mais insensiblement. Ces cils ramènent du mucus qui est physiologiquement sécrété. Ce mucus transporte les corps étrangers qui pénètrent dans l'appareil respiratoire. Cela commence depuis le bas appareil jusqu'au niveau des voies respiratoires supérieures. Et ce mucus, chargé de corps étrangers, est soit dégluti par reflexe soit par un raclement, soit par la toux. Il y a aussi les défenses immunologiques. Et si la défense mécanique est entamée cela surcharge l'appareil respiratoire au niveau des défenses. Dans cette situation, il faut relever deux cas. Les personnes qui n'avaient pas d'antécédents respiratoires, c'est-à-dire des personnes qui ne présentaient pas une maladie respiratoire connue. Lorsque ces personnes sont exposées à ce climat, il va de soi que les moyens de défenses soient éprouvés et que l'on constate, à ce moment, des toux, des rhumes, etc. D'autre part, il y a celles qui ne se savaient pas malades. Cela peut être de l'asthme, de la bronchite allergique et bien d'autres maladies. Ces personnes vont constater une exacerbation de leur pathologie respiratoire. Pendant cette période, les asthmatiques, ceux qui ont des sinusites consultent plus fréquemment. Il ne faut surtout pas banaliser les choses. Quand on sent une gêne respiratoire, il convient d'aller vers une structure de santé et éviter l'automédication. »

Françoise DEMBELE et Rita OUEDRAOGO (Stagiaire)

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