Gratuité des soins: certains refusent ce «haram»

| 05.04.2016
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Gratuité des soins: certains refusent ce «haram»
© DR / Autre Presse
Gratuité des soins: certains refusent ce «haram»
Le gouvernement avait promis la gratuité des soins aux mères et aux enfants de moins de cinq. La date butoir du 02 avril avait été communiquée pour une application de cette importante mesure en faveur des couches vulnérables. Ce lundi 04 avril 2016, nous nous sommes rendus au dispensaire de la Trame d’accueil de Ouaga 2000 pour constater de visu l’effectivité de sa mise en œuvre.


Au dispensaire «Trame d’accueil de Ouaga 2000», qui relève du district sanitaire de Bogodogo, la mise en œuvre de la gratuité des soins de santé en faveur des enfants de moins de cinq, des femmes enceintes est bel et bien effective. Des échanges avec l’infirmière chef de poste, Ruth Tiendrébéogo, il ressort que les centres de santé ont bénéficié de l’accompagnement de l’Etat pour la mise en œuvre de cette décision. Pour ce début, ils ont été ravitaillés en médicaments et outils de travail. Des chèques sont aussi prévus et chaque centre aura bientôt sa part pour mieux renforcer ce ravitaillement. Selon elle, cette gratuité concerne seulement les cas de maladies respiratoires, de paludisme, de diarrhée, de rougeole, de varicelle chez les enfants de 0 à 5 ans (la liste n’est pas exhaustive), l’accouchement, la mise en observation. Quant aux soins aux femmes enceintes, la gratuité existait déjà. C’est une gratuité qui va de la consultation à la prise en charge des produits prescrits. Les cas d’évacuation au niveau du district sont également gratuits.

Cependant, ils y a des patients qui refusent la gratuité des produits. Deux cas ont été signalés par une infirmière à moins d’une semaine de la date de mise en œuvre. Le premier cas est lié au fait que la mère voulait des spécialités et dans ce cas, il est notifié sur l’ordonnance que c’est «sous la demande du parent». Le deuxième cas est lié à une question de religion. Le père du patient à refuser sous le prétexte que sa religion ne lui permet pas d’accepter la gratuité. Pour lui c’est du «haram».

Pour le témoignage des bénéficiaires, nous avons rencontré au centre de santé, Auguste Dabiré qui a témoigné de l’effectivité des soins de santé, après la consultation de son enfant qui souffrait de la toux. «Quand je suis venu, on m’a demandé l’âge de l’enfant et après consultation, l’infirmière a fait l’ordonnance et m’a dit de passer à la caisse et a ajouté que les produits sont gratuits. J’étais étonné». M. Dabiré a bien apprécié la décision et souhaite qu’il y ait des mesures d’accompagnement car, dit-il, «il ne faudrait pas que les gens comptent sur les centres de santé et une fois arrivés, pas de produits». Mme Kaboré (nom d’emprunt) qui a accepté de témoigner sous l’anonymat, a confirmé qu’elle était venue en consultation prénatale et n’a rien payé. «Après ma consultation, on m’a prescrit des produits et dit d’aller au niveau du dépôt. Je suis allée et on ne m’a rien pris». Toute chose qu’elle apprécie bien et souhaite que cela continue pour que toutes les femmes en bénéficient.

Quant à la responsable du dispensaire, elle applaudit cette décision, en tant que mère, mais aussi en tant agent de santé. Elle a affirmé que cette mise en œuvre va soulager surtout les mères, car elles sont, dans la plupart des cas, les premières à amener les enfants en consultation. Souvent même, ce sont elles qui payent les médicaments.

En tant qu’infirmière, elle reçoit cela à bras ouverts, parce que le taux de fréquentation du centre sera amélioré. Elle a expliqué que «il y avait des gens qui voulaient bien amener leurs enfants en consultation mais qui ne le faisaient pas faute de moyens. Maintenant, ils pourront venir».

Ruth Tiendrébéogo a suggéré qu’on aide les agents de santé par une large diffusion d’informations afin d’éviter les malentendus entre eux et les populations. «Il ne faudrait pas qu’une patiente vienne avec son enfant de moins de cinq ans qui est blessé par les rayons de vélo et veuille qu’on le prenne en charge », a-t-elle dit.

Elle reste optimiste que cette décision sera une réussite et va permettre de réduire considérablement le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans. Elle souhaite que l’application de la gratuité des soins de santé soit étendue à toutes les formations sanitaires du Burkina Faso, comme cela a été promis par les autorités.

Lydie Poda

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