Le ver de Guinée ou dracunculose est totalement éradiqué au « Pays des Hommes intègres ». La certification de cette éradication a été ratifiée depuis le 1er décembre 2011, à Genève en Suisse, au cours de la huitième rencontre de la commission internationale pour la certification de la dracunculose. Il a fallu trois ans pour mener des activités de post-certification avant d'officialiser l'information. Au cours d'une rencontre avec la presse, le ministre de la Santé, Dr Amédée Prosper Djiguimdé, entouré des différents acteurs qui ont activement pris part à lutte contre le ver de Guinée, s'est réjoui de cette certification d'autant plus qu'elle est d'une importance capitale en matière de santé publique.
Le premier cas de ver de Guinée a été notifié pour la première fois en 1963 dans un centre de santé à Ouagadougou. De l'avis du ministre de la Santé, une enquête a été diligentée sur la maladie quatre années plus tard dans les villes de Banfora et de Niangoloko. « A partir de 1982, le Pr Robert Guiguemdé et ses collaborateurs du centre Muraz ont mené plusieurs études, recherches et enquêtes afin de mieux connaître la maladie. Ces travaux ont abouti à une description épidémiologique précise et détaillée de la maladie», a t-il indiqué. Des travaux qui vont permettre, selon lui, de mettre en place un projet de lutte contre le ver de Guinée basé sur l'éducation sanitaire et l'utilisation de tamis-filtres pour l'eau de boisson. D'autres enquêtes sur l'endémicité de la maladie ont permis d'élaborer un programme national d'éradication du ver de Guinée. « Depuis la mise en œuvre du programme, des progrès notables ont été enregistrés au Burkina Faso en matière de réduction de cas de ver de Guinée. L'on est passé de 11 784 cas de ver de Guinée en 1992 à zéro cas depuis 2006. C'est dans cette dynamique qu'un comité technique national de pré-certification de 10 membres a été créé en 2007», a déclaré Dr Djiguimdé. Il a remercié les partenaires techniques et financiers qui ont mis les moyens nécessaires à la disposition du pays pour éradiquer cette maladie.
La surveillance doit être renforcée
Le ministre de la Santé a saisi l'occasion pour rendre hommage aux coordonnateurs du programme de lutte contre le ver de Guinée au Burkina Faso et aux membres du comité technique national de pré-certification de l'éradication de la maladie. « Je salue le sens de sacrifice de ces acteurs qui se sont investis pour l'éradication de la dracunculose hors de nos frontières. Je voudrais témoigner ma gratitude au Pr Robert T. Guiguemdé dont la connaissance sur la maladie a permis de mieux l'éradiquer», a-t-il souligné.
Le représentant par intérim de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Dr Jean Bosco Mdihokubwayo, a félicité le ministère de la Santé pour avoir consenti tous les efforts pour lutter contre la maladie. Il a ajouté que l'OMS a investi depuis les années 2000 plus de 500 000 dollars au «pays des Hommes intègres » en faveur de l'éradication de la dracunculose.
Il reste de nos jours quatre pays à savoir le Mali, le Sud-Soudan, le Tchad et l'Ethiopie dans lesquels le ver de Guinée sévit toujours. Le responsable du comité technique national de pré-certification de l'éradication de la maladie, Pr Robert Guiguemdé, a souhaité que la surveillance soit renforcée dans les districts sanitaires frontaliers.
Karim BADOLO