Centre des jeunes de la Patte-d’oie, ce mardi 19 janvier 2016. Nous rencontrons François Sawadogo, Psychologue, et Oumar Ouédraogo, Psychiatre, qui nous entretiennent sur les consultations qui y sont menées. Selon les deux spécialistes, ils ont en charge d’apaiser et accompagner les blessés et rescapés, ainsi que les parents des victimes de l’attaque terroriste du 15 janvier dernier, afin d’atténuer les chocs qui sont d’ordre psychologique surtout. Les victimes se situent à deux niveaux, que sont ceux qui ont été beaucoup marqués, par rapport à d’autres. Les degrés de chocs sont divers, et cela dépend des personnalités reçues. Outre cela, les familles reçues sont également sous un état de choc suite à l’angoisse vécue pour leur proche, ou à leur perte. La cellule essaie donc de leur remonter le moral, afin qu’elles puissent se retenir et ne pas sombrer dans une sorte de léthargie.
François Sawadogo et Oumar Ouédraogo expliquent que nul n’est exempt de suivi médico-psychologique, car il y a des personnes qui peuvent être en état de choc plusieurs jours plus tard, voire des mois, pour ce qu’elles auront vécu.
Tout le monde est concerné !
Au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO), où est située la coordination de tâches de la Cellule de suivi médico-psychologique, le Pr. Jean Gabriel Ouango nous explique que la Cellule a pour mission de recevoir toutes les personnes qui sont susceptibles d’être des victimes de l’attaque terroriste. Il peut y avoir non seulement les parents des victimes, les rescapés, mais en plus, les témoins oculaires qui peuvent en être affectés. Il s’agit notamment des forces de l’ordre, des journalistes, entre autres. La cellule se charge donc de les écouter, de ressentir leur vécu et les accompagner afin qu’ils ne développent pas de traumatisme plus tard.
Au CHU Yalgado Ouédraogo, les corps des victimes sont encore sous-scellés. Ce qui fait que beaucoup de familles viennent au sein de la cellule de suivi pour se faire conseiller pour des comportements à adopter, déjà que celles-ci ne peuvent pas avoir accès ni emporter les corps de leurs proches. Par ailleurs, d’autres familles viennent aussi pour s’assurer que c’est effectivement à la morgue de l’hôpital Yalgado que se trouve leur mort, et sont orientés vers la cellule de suivi médico-psychologique qui leur donne les conseils et comportements adéquats à adopter.
Affronter les problèmes et surmonter les scènes horribles vécues...
Selon le Pr Jean Gabriel Ouango, l’écoute permet aux patients d’évacuer ce qui les a marqués, et, se sentir soulagés ne serait-ce que de peu. Le patient vient, raconte d’abord ce qu’il a vécu, et cela permet aux psychologues et psychiatres de leur donner des conseils qui peuvent leur permettre d’affronter les problèmes et surmonter les scènes horribles vécues. Des structures de soins privés interviennent également pour aider les autorités à gérer les cas, tel le Centre médical international, une Organisation non-gouvernementale française.
Le Pr Jean Gabriel Ouango informe également que la prise en charge est assurée par la direction générale, et celle-ci est en train de vouloir mettre les médicaments spécifiques à la disposition de la cellule pour accompagner les patients.
L’équipe de la Cellule de suivi médico-psychologique est composée de 6psychiatres, 10 psychologues, une assistante sociale, 3 infirmiers spécialisés et 3 autres personnes d’appui venant de structures extérieures. Pour le moment, selon le Pr Jean Gabriel Ouango, les services ne sont pas débordés, et tout se passe pour le mieux.
Selon Macaire Koutaba, du Centre des jeunes de la Patte-d’oie, par ailleurs enseignant en sciences de la santé, il ne faut pas confondre la fonction de psychologue et celle de psychiatre. Car le Psychologue se charge spécifiquement de l’écoute et de l’orientation du patient, pendant que le psychiatre s’occupe souvent des maladies mentales et peut faire des prescriptions médicales en ce sens...
Claire Lebœuf