Seul ou en famille, à pied ou à vélo, à moto, en voiture ou encore à taxi-moto, dès l’aurore, c’est par bandes entières que les pèlerins ont commencé à affluer au sanctuaire marial de Yagma pour le pèlerinage national catholique. Ils sont venus s’ajouter à la grande foule qui a passé toute la nuit dans la prière au sanctuaire. Et comme à chaque édition, il est difficile de dénombrer les fidèles prenant part à ce pèlerinage.
Situation sécuritaire du pays oblige, les forces de l’ordre ont été déployées en nombre pour assurer la sécurité afin que, dans la quiétude, les pèlerins puissent prier et exprimer leur foi.
La coloration particulière de ce pèlerinage, comme l’a souligné Mgr Léopold Ouédraogo, évêque de Ouagadougou, réside dans le fait qu’il se tienne «dans le prolongement de l’année de la Miséricorde et qu’il marque l’ouverture au plan national du jubilé des 75 ans du sacerdoce au Burkina Faso et du 50eanniversaire de la découverte du site de Yagma».
La récitation du chapelet, la célébration eucharistique et l’adoration du Saint-Sacrement ont été les grands axes de ce pèlerinage présidé par le nonce apostolique, Mgr Piergiorgio Bertoldi, le représentant du pape François au Burkina Faso. Expression de foi, c’est dans une grande ferveur que ce pèlerinage s’est déroulé ponctué de chants et de danses. L’assemblée a prié pour 1 300 intentions particulières demandées par des fidèles.
Dans son homélie, Mgr Paul Ouédraogo, archevêque de Bobo-Dioulasso et président de la conférence épiscopale Burkina / Niger, a rappelé que le pèlerinage était toujours une démarche de foi et une action de grâce. Dans le cas présent, «on rend grâce à Dieu pour le don du sacerdoce». Pour l’archevêque métropolitain de Bobo-Dioulasso, la parole de Dieu nous rappelle «notre devoir en tant que chrétiens dans la vie des hommes : vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde».
Mgr Paul a déclaré que si chacun est tenu d’être sel et lumière, «les prêtres y sont tenus d’une manière particulière. Ils ont la lourde charge d’affermir la foi des chrétiens et d’être la lumière qui indique le chemin. On ne peut pas devenir prêtre sans incarner la lumière qui conduit vers Jésus. Depuis 1942, notre pays bénéficie de prêtres. Ils étaient trois, qu’ils reposent en paix». Poursuivant son sermon, il a invité chacun à ouvrir son cœur pour accueillir Dieu qui se donne à qui veut le recevoir. L’archevêque a exhorté les fidèles à prier pour les prêtres par l’intercession de la Vierge Marie, mère de la miséricorde et du sacerdoce, afin qu’elle donne «à nous prêtres, d’être chaque jour un peu plus ce que nous devons être».
Après la célébration eucharistique, place à la séance d’adoration communautaire du Très Saint-Sacrement. «Nous voici devant toi, désireux de goûter à la saveur du mystère de ton amour. Nous sommes là pour t’adorer, pour t’offrir notre amour reconnaissant, pour t’apporter un peu de consolation dans l’indifférence où te laisse parfois le monde, et puiser de ton cœur tes innombrables trésors de grâces. Que ton Esprit inspire notre prière, qu’il habite nos silences et nous donne de savoir t’adorer en esprit et en vérité». Voilà la monition introductive à l’adoration du Très Saint-Sacrement.
A la fin, Mgr Gabriel Sayaogo, évêque de Manga, à bord d’un véhicule, est passé dans les différentes allées bénir les fidèles avec le Très Saint-Sacrement disposé dans l’ostensoir. Un moment de grande ferveur avec des chants et danses.
San Evariste Barro
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Encadré 1
75 ans du sacerdoce burkinabè
Le 02 mai 1942, Mgr Joanny Thévenoud, alors vicaire apostolique de Ouagadougou, ordonnait la première cuvée de prêtres burkinabè dans l’histoire de l’Eglise catholique. Ce jour-là, trois jeunes ont reçu le sacrement de l’Ordre : il s’agit de Joseph Ouédraogo, de Zacharie Nikiéma et de Paul Zoungrana. Ce dernier sera nommé évêque puis cardinal. Après cette première portée, le sacerdoce sera fécond au Burkina Faso les années qui suivront avec des dizaines d’ordinations presbytérales chaque année.
Encadré 2
La Vierge est-elle apparue à Yagma ? Pourquoi se rend-on à Yagma ?
Yagma n’est pas venu après une apparition de la Vierge Marie. Yagma est la réponse des fidèles du Christ laïcs de Ouagadougou qui cherchaient un lieu de prière pour aller se recueillir et rencontrer la Mère de Dieu. Comme les apôtres après l’Ascension de notre Seigneur Jésus-Christ. On s’entendra toujours pour dire que Yagma est d’abord une œuvre de la foi en la puissance de la prière de la Vierge Marie qui comme à Cana parle de nous à son divin Fils. Le chemin de la Grotte de Yagma et de son Calvaire est d’abord éclairé par la foi des pèlerins, chercheurs infatigables de Dieu.
Encadré 3
Prière pour le Burkina Faso
« Dieu, notre Père, ce qu’il y a de meilleur dans ta création, c’est l’homme. Tu l’as créé à ton image, afin qu’après le temps de sa vie terrestre, il jouisse d’un bonheur éternel auprès de toi.
Pour que notre pays soit le milieu de vie où nous obtenons cet unique nécessaire qu’est la vie éternelle, nous t’adressons cette prière : Accorde à notre pays, le Burkina Faso, les institutions qui garantissent le bien-être, la liberté et la paix : accorde-lui avant tout des autorités religieuses et civiles qui se laissent guider par l’Esprit saint, afin qu’elles exercent leurs charges selon la justice et dans le seul souci du bien de tous.
Nous te le demandons par ton Fils, Jésus le Christ Notre Seigneur.
Encadré 4
Evolution historique du sanctuaire marial
- 10 mars 1966 : le défi : "Allez chercher vous-mêmes des lieux qui vous plaisent. Aménagez-les et nous y viendrons". Paroles du Cardinal Paul Zoungrana, alors Archevêque de Ouagadougou.
- 02 avril 1967 : "EUREKA". Découverte des trois collines de Yagma par Monsieur Laurent Ghilat Paré et son fils Louis.
- 04 novembre 1967 : « Silence ! ici on travaille ». Premier coup de pioche ; les travaux d’aménagement du site ont commencé.
- 10 novembre 1967 : "Merci, chef ! nous sommes devenus voisins". Acquisition coutumière du terrain auprès des responsables du village.
- 31 mars 1968 : Mariam Sôngo kililili ye Mariam Sôngo... Yagma accueille joyeusement ses premiers pèlerins. Plantation de la Croix Victorieuse sur la colline du Calvaire.
- 22 avril 1969 : Fin des travaux de construction de la Grotte de Yagma.
- 06 mai 1969 : Yagma accueille son 2e pèlerinage. Entrée triomphale de la statue de la Vierge à Yagma.
- 05 février 1971 : Yagma est déclaré pèlerinage diocésain par le Cardinal Paul Zoungrana.
- 05 février 1978 : Une pierre angulaire. Bénédiction de la première pierre de la future Eglise Notre-Dame de Yagma.
- Mars 1989 : Une peine. Un inconnu (connu par Dieu et vu par Lui) brise la statue de la Vierge en petits morceaux. Travaux de reconstruction d’une nouvelle Grotte plus grande.
- 29 janvier 1990 : Jour historique. A l’occasion de son deuxième pèlerinage national, Yagma accueille le pape Jean-Paul II, qui venait pour la deuxième fois au Burkina. Plus de 600 000 pèlerins participent à la célébration eucharistique. Le Pape bénit la statue de la Vierge de Lourdes qu’il offre à Yagma et encourage la construction d’un sanctuaire digne de la Vierge Marie à Yagma.
- 12 décembre 1992 : Pour de bon. Bénédiction et pose d’une nouvelle première pierre de l’Eglise. Cette fois-ci, on a trouvé la vraie première.
- 05 août 2002 : Une statue à la dimension de Yagma. Bénédiction et installation entre l’église et la grotte d’une grande statue (3,6 m de hauteur) de la Vierge Marie.
- 09 février 2013 : dédicace de l’église Notre-Dame de Yagma par le Nonce apostolique, Mgr Vito Rallo.
Source : www.sanctuairenotredamedeyagma.org