Aid El Kébir 2015 : Tabaski sous couvre-feu … dans la galère à Ouagadougou

| 25.09.2015
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Aid El Kébir 2015 : Tabaski sous couvre-feu … dans la galère à Ouagadougou
© DR / Autre Presse
Aid El Kébir 2015 : Tabaski sous couvre-feu … dans la galère à Ouagadougou
Après une semaine de troubles occasionnés par le putsch manqué de l’ex-Régiment de la sécuritéprésidentielle, les fidèles musulmans ont commémorél’Aid El Kébir (Tabaski) dans le recueillement. A Ouagadougou, la grande prière a été délocalisée au stade municipal où le grand imam de Ouagadougou,El Hadj Aboubacar Sana,a salué les efforts de tous les protagonistes qui ont contribué à l’accalmie.


Après une semaine de troubles occasionnés par le putsch manqué de l’ex-Régiment de la sécuritéprésidentielle, les fidèles musulmans ont commémorél’Aid El Kébir (Tabaski) dans le recueillement. A Ouagadougou, la grande prière a été délocalisée au stade municipal où le grand imam de Ouagadougou,El Hadj Aboubacar Sana,a salué les efforts de tous les protagonistes qui ont contribué à l’accalmie.

Mercredi 24 septembre 2015. Il est 9h. C’est l’heure de la traditionnelle grande prière de l’Aid El Kébir. Depuis des décennies, la communauté musulmane se retrouve à la place de la Révolution où les officiels, les autres communautés religieuses et le roi des Mossé, le Mooro Naaba,viennentcommunier avec leurs frères musulmans, au cours de la prière. Cette année, c’est au stade municipal de Ouagadougou que la prière a eu lieu, à quelques encablures de la Place de la révolution oùles chars et les barrières de l’armée régulièrecontinuent de veiller au grain, après la reddition des putschistes. La mobilisation était relativement moindre que l’habitude, car ils ne sont pas nombreux à se risquer dans les rues du centre ville de la capitale. Le grand imam, El Hadj Aboubacar Sana est à l’heure comme d’habitudepour diriger la prière qui, évènements obligent, connaît une couverture médiatique exceptionnelle des confrères des agences de presse étrangères. Dans son sermon, l’imam a rappelé aux fidèles que la Tabaski a lieu au lendemain de la station de Arafat, le plus grand pilier de l’islam et la plus grande journée où le croyant fait tout pour se rapprocher de Dieu, l’implorer, lui demander pardon, miséricorde et protection.L’imam a aussi indiqué que la fêtecommémore le sacrifice du prophèteAbraham qui, en signe de suprême soumission, a voulu immoler son fils unique,obéissantà son Dieu. C’est à l’étape ultime de cette mise à l’épreuvequ’Allah a envoyé un mouton blanc que son serviteur a égorgé à la place de son fils. A tous ceux qui se soumettentà cette sunna, l’imam a indiqué qu’il convient d’immoler un mouton de 6 mois au moins, unechèvre d’un an, un bœuf de deux ans ou un chameau de 5 ans, en fonction de ses possibilités.«Il faut tuer l’animal et répartir la viande en trois parties : une partie est réservée à la famille, les deux parts sont à partager aux pauvres et aux parents et amis».Cependant, insistera l’homme de Dieu, «le fait d’immoler un mouton ne suffit pas, car le sang ou sa chair de l’animalne peuvent permettre aufidèle demériterles faveurs du Seigneur, sans la crainte de Dieu».Abordant la situation nationale, l’imam a souligné que la paix, qui est au-dessus de toute autre considération,règne dans le pays. Raison pour laquelle, il a fait une mention spéciale au Mooro Naba, chef suprême des Mossé du Centre qui a joué un rôledéterminant pour le retour au calme. Il a aussi reconnu les efforts des premières autorités du pays, du cardinal Philippe Ouédraogo et de la communauté internationale et tous ceux qui ont contribuéà apaiser la situation nationale. Parmi les officiels venus souhaiter une bonne fêteà la communauté musulmane du Burkina, on notait en effet, la présence de l’évêqueauxiliaire du diocèse de Ouagadougou, les représentants de la communauté chrétienne et des membres du gouvernement de la transition, conduits par le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, Youssouf Ouattara, en charge, par ailleurs, du culte. Le ministre Ouattara a souhaité que le Tout-Puissant donne aux Burkinabè la force, les moyenset la sagesse de pouvoir relever les défis qui sont les nôtres, en tant que pays en développement dans la paix, lacohésion et l’harmonie, au profit de tous. Il a aussi eu une pensée àl’endroit des 950 candidats au hadj qui n’ont pas pu effectuer le pèlerinage à La Mecque,à cause de la tentative de coup d’Etat. «Nous avons accompagné les premiers pèlerins et nous avons prié ensemble, pour un bon pèlerinage. Nous étions dans cette lancéed’undéroulement harmonieux du hadj, quand les évènements sont survenus. Cela est regrettable. Que ceux qui sontpartis prientpour le Burkina. Nous mettrons tout en œuvre pour que ceux qui ne sont pas partis puissent le faire dans les meilleures conditions, l’année suivante», a rassuré le ministre du culte. Dans la même veine, le candidat à l’électionprésidentielle, Ablassé Ouedraogo, a déclaré que «Dieu aime le Burkina, car hier, personne ne savait que la prière aurait lieu». Pour lui, c’est le dialogue qui a permis d’aboutir au calme et Ablassé de souhaiter que Dieu éloigne du Burkina de ceux qui ne croient pas que le dialogue peut résoudre les problèmes. Pour lui, l‘orage est passé, mais le sol est encore humide.

La communauté s’est donnérendez-vous dimanche prochain, pour aller prier pour le Mooro Naaba et solliciter en retour, ses bénédictions.

Karim TAGNAN

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