Putsch avorté: appel à témoignages de la Commission d’enquête

| 16.10.2015
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Putsch avorté: appel à témoignages de la Commission d’enquête
© AFP
Putsch avorté: appel à témoignages de la Commission d’enquête
Afin de situer les responsabilités dans la tentative du coup d’Etat du 17 septembre dernier, le gouvernement a créé une Commission d’enquête. Celle-ci a été installée le 12 octobre 2015 par le Premier ministre. Dès le lendemain, elles s’est mise au boulot.


Dans le chronogramme de son enquête administrative, elle a rencontré la presse le 13 octobre dernier, dans les locaux du Conseil supérieur de la communication. Il s’est agi, dans le cadre des enquêtes de routine, de demander aux victimes du putsch manqué, dont les journalistes, leurs témoignages (sonores, visuels, etc.) pouvant concourir à l’identification et à l’interpellation de certains auteurs ou complices qui ne le sont pas encore.
La Commission d’enquête, qui était conduite par son vice-président, Bachirou Farta, représentant le président, Simplice Poda, a demandé également aux journalistes d’être des relais afin d’inviter toute personne qui peut apporter un témoignage (à visage découvert, sous le sceau de l’anonymat ou pour simple information), à le faire.

L’enquête est purement administrative et doit situer les responsabilités en ce qui concerne les auteurs, les complices nationaux et internationaux et éventuellement les connivences. La période circonscrite coure à partir du 16 septembre, pas avant. Les résultats seront adressés au Premier ministre qui en fera l’usage qu’il veut.

La commission a seulement un mois pour livrer son rapport, c’est pourquoi elle demande aux potentiels ‘’informateurs’’ à se hâter le pas pour lui rendre visite dans les locaux du Conseil économique et social à Ouagadougou.
L’ONG Amnesty International a également organisé un point de presse le 14 octobre pour refuser toute amnistie dont pourraient bénéficier les auteurs du coup de force. Elle a mené ses enquêtes et a pu recueillir des témoignages sur les homicides commis par des éléments de l’ex-RSP. Exemples de ces témoignages qui pourraient également intéresser la commission.

Témoin du décès de Salfo Yelnongo, 35 ans, mécanicien

«J’étais sorti pour voir les manifestations dans les rues. Les gens dont les jeunes avaient érigé des barricades un peu partout. Des éléments du RSP, parfois cagoulés, à bord de véhicules et de motos patrouillaient dans les quartiers et entraient parfois dans les ruelles pour poursuivre les gens. Ils étaient tantôt à bord de véhicules, certains étaient à deux sur les motos, ils se donnaient le dos, pendant que la moto se frayait un passage, son compagnon tirait à la fois en l’air et sur les gens pour les disperser. Les RSP poursuivaient également ceux tentés de rester dans la rue.
A un moment, une moto à bord duquel se trouvait un civil s’est arrêtée au niveau d’un barrage. Tout à coup, j’ai vu des RSP en cagoule, un d’entre eux a utilisé son arme, j’ai entendu une balle sifflée, elle a atteint le motard qui essayait malgré tout de faire démarrer sa moto, il essayait d’accélérer, sans succès, il est tombé. Celui qui avait tiré marchait vers nous, il avait un fusil dans une main et un pistolet automatique dans l’autre. J’ai couru immédiatement. Quand je suis revenu, le jeune essayait de se relever à trois reprises. J’ai appelé les sapeurs-pompiers en vain. Il est mort sur place.»

Journaliste témoin de la mort d’un jeune non identifié par les services hospitaliers

«Cela s’est passé sous mes yeux à l’Ecole nationale de régies financières (ENAREF). Un homme portant un t-shirt noir, probablement pris pour un membre du Balai Citoyen a été abattu. Le vendredi 18 septembre, je me trouvais à l’ENAREF, non loin de la gare de l’Est quand un homme portant un T-shirt noir a été abattu par des éléments du RSP. La personne abattue était légèrement courbée et ramassait quelque chose, des éléments du RSP se trouvaient à 20 mètres de lui quand l’un d’entre eux l’a visé, puis l’a tiré, il l’a abattu de sang-froid, il l’a tiré pour tuer. C’était comme une véritable guerre, par contre une autre armée mais contre la population.»

Témoin de la mort d’Angèle Kaboré, 25 ans, mère d’un enfant de dix mois tuée par balle

«Des véhicules du RSP se trouvaient à Tampouy sur le goudron dès le matin. Dès le matin du vendredi 18 septembre, il y eu des tirs provenant du «goudron» à Tampouy. Des gens opposés au coup d’Etat avaient érigé des barrages. Angèle se trouvait devant le portail de la maison située dans les «six mètres» (ruelles) quand une balle l’a touchée à la poitrine. Elle a été emmenée immédiatement à Yalgado dès 12 heures et ce n’est que vers 19 heures qu’elle a eu les premiers soins. Touchée à la poitrine, on nous a dit que la balle est descendue au niveau de son ventre. On ne peut pas tuer des gens comme ça, il faut que justice soit faite.»

Hidogo et Madina Belemviré

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