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Nous sommes tous des héros : vrai

| 01.06.2015
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Nous sommes tous des héros : vrai
© © Photo : DR / Autre Presse
Nous sommes tous des héros : vrai
Ce sont eux les héros. Ces gens qui ont bravé le régime de Blaise Compaoré, affronté les forces de défense et de sécurité et exposé leurs poitrines aux balles jusqu'au sacrifice suprême. Ils sont au nombre de 28 car parmi tous ceux qui sont morts les 30 et 31 octobre, jours de l'insurrection populaire, certains sont des « vandales ». Les vrais ont donc été célébrés ce samedi à Ouagadougou en face du monument aux « héros ». C'est grâce à eux que les pages d'un « Burkina nouveau » s'ouvrent. C'est grâce à eux que « l'ère d'une démocratie nouvelle s'ouvre » car la « révolution » qu'ils ont voulue « est en marche ». Plus rien ne sera comme avant.


Après 1983, le Burkina Faso expérimente ainsi sa deuxième révolution. Si l'on en croit les discours qui ont été prononcés ce samedi. Une révolution qui, contrairement à ce qui est connu, n'est pas dirigée contre des forces extérieures. Mais contre des Burkinabè sur leur territoire national. Si c'est un devoir de reconnaître le mérite des héros, de les célébrer, il n'est certainement pas intéressant de continuer à braquer une partie des Burkinabè contre une autre. Au motif que certains sont des héros, et les autres moins. Surtout pas au moment où on veut travailler à apaiser les cœurs et à réconcilier. L'attaque par des gens sans doute « intolérants » du SG de l'Union pour un Burkina nouveau (UBN) au cimetière de Gounghin à la cérémonie de pose de gerbes de fleurs est tout un symbole.

Il y eut un certain 30 mars, Journée nationale de pardon. Qui n'est pas longtemps restée dans les mémoires. Sans doute parce qu'une partie des Burkinabè ne s'étaient pas sentie concernée. Même s'ils l'étaient, ils ont accepté le pardon seulement du bout des lèvres sans que le cœur n'y soit. Autrement, ces gens, en fait, n'ont jamais pardonné. Ce sont donc ces rancœurs accumulées depuis ces années de révolution jusqu'au 31 octobre en passant par les morts de Norbert Zongo, de Salif Nébié, de l'élève Flavien, etc, qui nous ont conduit là où nous en sommes aujourd'hui. On ne réécrit pas l'histoire d'un peuple. Elle s'écrit tout simplement. Car elle est têtue, et si têtue que lorsqu'on veut la réécrire, surtout lorsqu'on veut la tronquer, elle se répète.

Depuis l'indépendance en 1960, ce sont des Voltaïques puis après des Burkinabè qui ont construit leur pays. Et ils continuent de le faire, sans relâche. Au prix de mille sacrifices. Chacun en fonction de ses moyens et de ses capacités. Mais, c'est tout cela confondu qui fait avancer le Burkina Faso. Y a-t-il un seul Burkinabè qui ne voudrait pas voir son pays se développer ? Nous sommes donc tous des héros. A des niveaux différents. Le monument autour duquel la cérémonie d'hommage a eu lieu a été construit par des Burkinabè. Au nom de héros nationaux. Même si ces héros n'y sont jamais entrés. N'est-ce pas parce que les Burkinabè n'étaient pas suffisamment réconciliés sur ces questions ?

La réconciliation est un processus assez long et délicat. Elle ne se force pas tant que le moment n'est pas arrivé. C'est pourquoi, nous devrions prendre le temps d'attendre. Et surtout éviter la répétition des erreurs assez récente d'un passé tout aussi récent. Les héros de la deuxième révolution, eux reposent désormais en paix. Nous ne les oublierons jamais. Ils ont fait leur devoir. Le plus dure reste pour nous autres qui sommes là et devrions travailler à éviter une troisième révolution. N'est-ce pas tout un programme de vie ?

Dabaoué Audrianne KANI

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